Côte d’Ivoire-Orpaillage clandestin: Voici le calvaire désastreux que vivent les parents de Koné Bruno et Koné Mariatou dans la région de la Bagoué, sont-ils au courant?

Côte d’Ivoire-Orpaillage clandestin: Voici le calvaire désastreux que vivent les parents de Koné Bruno et Koné Mariatou dans la région de la Bagoué, sont-ils au courant?

Afriksoir.net a reçu un mémorandum sur l’extraction anarchique de l’or dans la région de la Bagoué diligenté par le conseil régional de la Bagoué dirigé par Siama Bamba. La région de la Bagoué est la circonscription natale des ministres Bruno Koné et Mariatou Koné, qui y sont des élus. Ci-dessous, de larges extraits de ce mémorandum qui décrit la situation désastreuse de cette activité dans la région.
Située à l’extrême nord de la Côte d’Ivoire, la Région de la Bagoué comprend les Départements de Boundiali, de Kouto et de Tengrela. Le Chef lieu de région est Boundiali. La population de la Région, estimée à plus de 300.000 habitants, vit essentiellement de l’agriculture même si l’on assiste progressivement à l’association agriculture – élevage.
Cependant, le déficit pluviométrique, lié au changement climatique, la poussée démographique, le développement des cultures de l’anacarde, de la mangue, du coton et des céréales ont entrainé la raréfaction des terres cultivables. Sans conteste, ce phénomène ira en s’aggravant de façon exponentielle avec l’avènement de l’exploration et de l’exploitation minières en général et particulièrement, celles de l’or dans la Région de la Bagoué avec des impacts négatifs sur l’environnement et sur la vie socio-économique.
Au niveau environnemental
-impact sur le sol,
-impact sur la flore et la faune,
-impact sur la forêt résiduelle et la biodiversité,
-impact sur l’eau et l’air.
Au niveau socio-économique
-Augmentation démographique avec ses conséquences sur l’éducation, la santé, l’hygiène et la sécurité,
-Problèmes de terres cultivables et perturbations des activités économiques,
-Dégradation des terres cultivables et limitation de la circulation du bétail,
-Dislocation de la cellule familiale,
-Problèmes de maladies, VIH SIDA, tuberculose, paludisme, etc.,
-Abandon de l’école,
-Abandon des travaux champêtres,
-Paupérisation des populations locales,
-Etc.
II/ ETAT DES LIEUX
A/ Etat des lieux avant la découverte de l’or
La Région de la Bagoué est une région propice à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche.
1- L’Agriculture
On y pratiquait jadis que les cultures vivrières et le coton. Mais l’avènement des cultures pérennes telles que l’anacarde et la mangue a influencé l’occupation des sols avec pour conséquence la raréfaction des terres cultivables.
2- L’élevage
La dure sécheresse des années 1975 dans le sahel, a occasionné une transhumance importante du bétail vers la Côte d’Ivoire à la recherche de pâturage. L’arrivée massive de ces éleveurs a suscité un intérêt au sein des populations locales pour l’élevage. Aujourd’hui, on dénombre plusieurs parcs à bétail appartenant aux autochtones le long des fleuves et des cours d’eau où la végétation est abondante et répond aux besoins de l’élevage.
3- La pêche artisanale
Elle est pratiquée sur les étangs, les cours d’eau et surtout le fleuve Bagoué.
B/ Etat des lieux après la découverte de l’Or
Le phénomène de l’exploitation illicite de l’or concerne toute la région de la Bagoué.
-Au niveau du Département de Tengrela, plusieurs villages sont concernés : Papara, Sissengué, Zanika, Kanakono.
Il faut noter que la société Occidental Gold, détenteur d’un permis, est en train d’installer une usine d’exploitation de l’or à Sissengué.
-Concernant le Département de Kouto, Tiana et Kakologo sont les deux villages touchés avec des velléités d’installation à Dembasso.
-S’agissant du Département de Boundiali, nous pouvons citer, Tiasso, Landiougou, Baya, Kantéligué, Katiéré, Ponondougou, Siempurgo, Ganaoni, Sissédougou, Djigbé, Gbolondo.
Le sombre tableau que présente la région avec l’avènement de ce fléau est le suivant :
-Les champs et les plantations sont transformés par les orpailleurs en campements.
-Les terres sont perforées de puits allant parfois jusqu’à 10 mètres de profondeur et 5 mètres de rayons et souvent reliés entre eux formant par des galeries, d’où de fréquents éboulements de terrain.
-La végétation n’existe plus du fait de la coupe abusive de bois.
-Toutes les ressources en faune et en flore sont en voie de disparition.
-On enregistre 3 à 5 morts par jour sans compter les décès des suites des effondrements des galeries.
-Les infirmeries des villages environnants sont débordées face à cette affluence incontrôlée de populations.
-Les lieux sacrés sont profanés.
-La pollution des cours d’eau et de la nappe phréatique par les produits chimiques utilisés (mercure, manganèse, plomb, etc.).
-Les récoltes sont abandonnées dans les champs, faute de main d’œuvre. En plus de cela, aucune terre n’est préparée pour la saison agricole suivante. Pire, les villages, les écoles, les collèges se vident au profit des sites d’orpaillage.
III/ PROBLEMATIQUE
Les problèmes posés par l’exploitation de l’or et autre minerai dans la région de la Bagoué, portent sur la végétation, les sols, la faune et la flore, la population, l’éducation, la santé, le niveau de vie et la sécurité.
Végétation
Les forêts, galeries résiduelles sont fortement entamées par les clandestins et autres chercheurs d’or. Ce qui a un impact négatif sur la forêt et les écosystèmes naturels dans cette zone à écologie très fragile proches des zones sahéliennes (40 à 45% des bois coupés, réchauffement de la planète par émission des gaz à effets de serre).
Sols
Des milliers de mètres cubes (m3) de terre sont creusés et emportés laissant des trous béants, des tranchées et des terres inaptes à l’agriculture pour les populations riveraines. La productivité agricole s’en trouve amoindrie, ce qui causera à court, moyen et long termes la faim, voire la famine et la mort. La dégradation des sols induit la disparition de la biodiversité et de la pharmacopée africaine.
Faune et flore
Les terres creusées et emportées sont lavées et tamisées dans les marigots de la Région. Le mercure utilisé pour capter l’or est très toxique pour les poissons et les animaux qui vont boire dans les cours d’eau provoquant progressivement la destruction de la faune et de la flore.
Population
-Des centaines de camions remorques convoient au quotidien des milliers de clandestins sur les sites. Conséquence, de nombreux campements surpeuplés de plusieurs milliers d’âmes sont créés spontanément.
-La promiscuité de ces campements de fortune surpeuplés dans des conditions d’hygiène déplorable est un terreau pour la dépravation des mœurs (alcool, drogue, prostitution).
Education
-La baisse du taux de scolarisation du fait du refus des élèves de poursuivre leurs études parce qu’attirés par l’appât du gain facile.
-Les enfants sont utilisés sur les sites pour laver la terre supposée contenir les pépites d’or.
-Les filles et garçons, quel que soit, l’âge préfèrent, avec la bénédiction des parents, aller passer la journée à la recherche de l’or que d’aller à l’école.

Santé
– la propagation du VIH-SIDA et autres maladies sexuellement transmissibles.
– Contraction des maladies respiratoires (toux, pneumonie, angine, tuberculose, …) du fait de l’inhalation de la poussière.
– Selon certains spécialistes, le mercure et les autres produits chimiques utilisés par ces exploitants, font courir de nombreux risques de santé aux Hommes et aux animaux.
Niveau de vie des populations
-Le niveau de vie des populations qui était déjà très faible (revenu per capita inférieur à 35 000 FCFA contre 110 000 FCFA préconisé par la Banque Mondiale) comme étant le seuil de l’extrême pauvreté s’est considérablement détérioré avec ce désastre écologique que subit la région de la Bagoué depuis près d’une décennie. En effet, 60 à 70% des populations sont touchées par la pauvreté contre 49% au plan national en 2009 (Source Document de Stratégie et de Réduction de la Pauvreté).
– Renchérissement du coût de la vie ; exemple : le kilo de viande est vendu à 2000fcfa contre 700fcfa par le passé et le kilo de riz à 1000fcfa contre 300fcfa.

Sécurité
-Des hommes en armes interdisent l’accès des sites à toute personne étrangère à leur activité,
-Des centaines voire des milliers d’armes de tout calibre circulent dans toute la région du fait de ces clandestins,
Cette situation traumatise davantage les populations déjà très vulnérables et apeurées depuis le déclenchement de la crise qu’a connue le pays.
-Trafic et consommation de drogues.
-Consommation abusive de l’alcool entrainant souvent des bagarres sur les sites.
Devant cette situation très alarmante que nous n’avons pu décrire que de façon succincte, il nous est apparu nécessaire d’ébaucher quelques solutions afin de permettre à l’autorité de prendre les décisions idoines.
IV- PROPOSITIONDE SOLUTIONS
Il s’agit entre autres :
• De la tenue de points-presse voire de conférences de presse qui sont des voies de communication que la commission chargée de cette sensibilisation pourra utiliser pour faire entendre le cri du cœur des enfants de la région de la Bagoué.
• D’un reportage de la télévision nationale sur les sites pour mieux attirer l’attention de l’opinion nationale et des Autorités sur le drame vécu par les populations des zones sinistrées.
• D’une visite des lieux par les Ministres concernés pour apprécier l’ampleur des dégâts et prendre les décisions qui s’imposent.
• L’arrêt immédiat de l’exploitation clandestine et anarchique des sous-sols de la région, jusqu’à nouvel ordre.
• Des travaux de rebouchage des trous, des galeries et tranchées laissés par les clandestins constituant de véritables pièges pour les hommes et les animaux.
• Prévoir dans les actions futures, la réhabilitation des terres pour les rendre aptes à l’agriculture, à la pêche, à l’élevage, en bref, de leur restituer leurs capacités antérieures.
•Du rôle des élus et des cadres qui devrait consister à poursuivre les actions de sensibilisation des populations en parcourant tous les hameaux et villages de la région, notamment les chefs coutumiers et les chefs de terre.
•L’attribution éventuelle des parcelles à des entreprises viables et expérimentées pour l’exploitation des ressources minières ; cela pourrait constituer un facteur de développement à condition que des mesures d’accompagnement, dans l’intérêt des populations, soient clairement assignées dans les cahiers de charges des détenteurs des droits d’exploitation.
• De l’information et de la sensibilisation préalables des populations à l’avenir par l’Etat ou ses représentants, chaque fois que des actions d’une telle envergure sont à conduire dans la région, avant leur mise en œuvre effective.
•Du devoir de l’État d’exercer un contrôle continu par le biais des structures techniques des ministères concernés d’abord pour le respect des types de permis ( permis de recherche, permis d’exploitation), ensuite sur le respect des normes environnementales et enfin sur l’application des mesures d’accompagnement en faveur des populations.
CONCLUSION
L’exploitation artisanale et anarchique des ressources minières des sous-sols a des incidences négatives sur la région de la Bagoué. Elle profite aux seuls exploitants qui, pour la plupart, ne sont pas originaires de la région Ainsi, les ressources générées ne profitent pas aux populations locales. Les méfaits sont innombrables avec des effets pouvant se prolonger sur de longues périodes à cause notamment de l’utilisation des produits chimiques tels que le mercure.
Cette forme d’exploitation ne présentant que des inconvénients, doit immédiatement être arrêtée.
Les élus, les cadres et les populations doivent faire preuve de vigilance pour que la situation ne perdure pas.
La cessation de cette destruction sera un grand soulagement pour notre région.
Source : Mémorandum sur l’exploitation anarchique de l’or dans la Région de la Bagoué
Avec Afriksoir.net

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