Côte d’Ivoire-Les vérités crues des chefs Ayaou à Amédé Kouakou (Rhdp): « Ne regardez pas l’argent, même si Ouattara vous a nommé, dites-lui la vérité »
Le ministre Amédé Kouakou était le samedi 16 mars dans la région de la Marahoué, à Bouaflé, où il a rencontré les chefs Baoulé Ayaou et Yowlè. Comme à Yamoussoukro et à Sakassou, il a entendu des vérités crues.
La rencontre a eu lieu à la salle de mariage Béatrice Diby de Bouaflé. Après avoir exposé l’objet de son arrivée à Bouaflé, à savoir l’adhésion des chefs baoulé au RHDP, Amédé Kouakou qui s’est présenté comme l’émissaire du Président Alassane Ouattara, a laissé la parole aux chefs. Ceux-ci ont désigné Nanan Yao Koffi dit Adé, chef de N’Dènoukro, président des chefs Ayaou, comme leur porte-parole.
« Je vous dis « Yako » à tous car notre Côte d’Ivoire que le Président Houphouët a bâtie pour nous souffre. Elle souffre parce que la plupart d’entre nous ont peur de dire la vérité. Lorsque quelqu’un fait quelque chose qui n’est pas bon, on ne peut pas lui dire la vérité. Et pourtant si nous disons la vérité, la paix reviendra dans ce pays. Lorsque Houphouët-Boigny a créé ce pays, c’est avec le PDCI qu’il l’a fait. Le PDCI était le seul parti en Côte d’Ivoire. On ne connaissait pas autre chose jusqu’à ce que vienne le FPI », a déclaré Nanan Yao Koffi.
« Tous ont comploté pour enlever le PDCI du pouvoir avec le coup d’Etat de 99. Bédié est parti en France. De retour, il était question de réconcilier les acteurs politiques. Camille Alliali a appelé Bédié pour lui dire, c’est à toi que le président Houphouët a confié ce pays, alors ne laisse pas ce pays se défigurer, se gâter », a rappelé le chef.
Poursuivant : « En 2010, il y a eu l’élection présidentielle où le RDR, le PDCI et le FPI étaient tous en course. Au moment des résultats, nous avions appris que le PDCI était en tête mais aux dernières heures, le PDCI a été éliminé. Gbagbo et Alassane étant au deuxième tour, le Président Bédié a demandé à ce qu’on vote pour Alassane. Après son premier mandat de 5 ans, le président Bédié nous a convoqués à Yamoussoukro où il nous a informés qu’il laissait la place à Alassane pour 5 ans encore et qu’il fallait qu’on le suive dans sa démarche. Ce qui a été fait. Aujourd’hui, Alassane est en train de terminer son second mandat.
Pour le porte-parole des chefs, qui a été très applaudi, « Vous tous, vous êtes nos enfants. Vous êtes nos cadres, mais ne regardez pas l’argent, ne regardez pas les douceurs, le pouvoir. Sinon, demain nous nous mordrons le doigt. Ayez le courage de dire la vérité à vos mandants. Quand ils ont tort, dites-leur qu’ils ont tort et qu’ils changent leur façon de faire, sinon vous les quitterez. Même nous les chefs, si nous ne sommes pas dans le droit chemin, nos administrés nous le font savoir et nous changeons pour le bien du village ».
« C’est le PDCI que nous connaissons, c’est Houphouët qui a créé le PDCI, alors pourquoi vouloir donner son nom à un autre parti ? C’est vous qui devez défendre le PDCI si on veut le faire disparaître et non le contraire. Au lieu d’aller créer un autre parti avec le nom d’Houphouët-Boigny, vous aurez pu faire asseoir vos aînés pour qu’ils s’asseyent pour s’entendre pour une paix en Côte d’Ivoire », s’est offusqué le chef.
Précisant qu’il y a « eu la guerre partout en Côte d’Ivoire sauf ici à Bouaflé, pourquoi ? Nous sommes trois grands peuples, Gouro, Ayaou et Yowlè, certes chacun a sa culture mais dans la vérité, nous construisons notre cohésion. S’il y a palabre, c’est de votre faute. Même si le Président Ouattara vous a nommé et qu’en travaillant, vous constatez que sa démarche n’est pas bonne, dites-lui la vérité. Aujourd’hui, vous avez divisé le PDCI, certains sont avec Alassane et d’autres avec Bédié, comment pourriez-vous ramener la paix ? Alors revoyez-vous, soyez solidaires pour que les palabres cessent et que la paix revienne en Côte d’Ivoire.
A sa suite, Nanan Ti Kouakou Koffi Lazare, chef central des Yowlè a insisté : « J’ai 81 ans et j’ai près de 60 petits-enfants. La Côte d’Ivoire regorge plusieurs ethnies avec plusieurs communautés étrangères. Ce que nous souhaitons, c’est la paix. Ici, notre leader, c’est Charles Diby Koffi. Nous allons nous tourner vers lui pour en savoir plus. Aujourd’hui, nous ne saurons vous répondre ».
Elvire Ahonon, ivoiresoir.net