Côte d’Ivoire: Le procureur Adou Richard se rend complice d’appels aux meurtres des opposants au Rhdp… est-il vraiment le procureur de la République?
Les propos d’un activiste RHDP, le samedi 14 septembre 2019, quelques heures après le meeting conjoint organisé par l’opposition PDCI/FPI, ont suscité l’indignation de nombreux internautes. Et depuis lors, la polémique n’a cessé d’enfler sur la toile.
En effet, Ben Soualioh Touré, c’est de lui qu’il s’agit, s’est attiré les foudres d’une partie de l’opinion en appelant au meurtre des militants de l’opposition qui s’aventureraient à des manifestations de rue d’ici à 2020, quoi que celles-ci sont un droit constitutionnel. « C’était le rassemblement des drogués et bande de fainéants. D’ailleurs, il y avait des cars de ramassage partout. Donc le FPI a menti. L’essentiel est que ni Bédié le xénophobe ni Gbagbo l’assassin des 3 000 morts innocents ne sera admis à se présenter en 2020. Ils n’auront que leurs yeux pour pleurer. Ce que le FPI oublie, c’est que les forces qui ont chassé Gbagbo sont les mêmes qui sont à la police, à la gendarmerie et dans l’armée. Donc en 2020, le premier idiot qui va prendre la rue sera mitraillé sans ménagement », s’était-il emporté dans un commentaire sur une page Facebook.
Des propos « haineux et irresponsables » que beaucoup n’ont pas manqué de fustiger sur les réseaux sociaux, exhortant le procureur à se saisir de ce cas et à interpeller l’individu. « Il y a quelque jour, la jeune Diana Blé avait été interpellée pour une simple publication sur Facebook, si le procureur est correct et indépendant, il doit lancer un avis de recherche contre ce Ben Soualiho Touré qui menace de mitrailler les militants de l’opposition. Même s’il est djoula et RDR, il n’est pas au-dessus de la loi. M. le procureur, toute la Côte d’Ivoire te regarde », a répondu un internaute portant le pseudonyme Pythagore Panel.
« Un commentaire qui appelle à l’assassinat des militants des partis de l’opposition sans ménagement, devrait interpeller Monsieur Adou Richard, procureur de la République. Heureusement pour l’auteur du post, il est du côté des vainqueurs. Donc rien ne pourra, peut-être l’inquiéter. Mais j’ai confiance en notre procureur Adou Richard. Il va agir ! », a enfoncé un autre. Officiellement, la loi ivoirienne interdit l’appel au meurtre, la xénophobie et la haine sous toutes ses formes, via les réseaux sociaux ou par le biais d’un système d’information. Et nul n’est censé l’ignorer, même pas le procureur de la République, dont le principal rôle est de veiller à l’application des lois.
En effet, l’un des articles de la nouvelle loi controversée sur la presse, votée fin 2017 stipule que : « Est puni d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 300 000 à 3 000 000 de F CFA, quiconque par voie de presse ou par tout autre moyen de publication : incite au vol et au pillage, au meurtre, à l’incendie et à la destruction (…), à toutes formes de violences exercées à l’encontre de personnes physiques et morales (…) ; incite à la xénophobie, à la haine tribale, à la haine religieuse, à la haine raciale et à la haine sous toutes ses formes ».
D’ailleurs, c’est sur cette loi que s’est appuyé Adou Richard pour interpeller un jeune opposant, Philippe Kouadio Yao, qui avait appelé au meurtre des enfants de gendarmes en 2018. Ce dernier a ensuite été condamné le lundi 19 mars de la même année, à 12 mois de prison ferme et à une amende de 5 millions de F CFA, pour des propos tenus sur les réseaux sociaux. Le prévenu a été reconnu coupable « d’incitation à la violence ». Il lui a été reproché d’avoir appelé au meurtre et à la violence contre les familles de gendarmes sur le réseau social Facebook, alors que de violentes émeutes avaient cours dans la ville de M’bahiakro (Centre) suite à l’assassinat d’une adolescente de 13 ans.
« Il faut commencer à égorger les enfants des gendarmes et nous sommes en train de nous organiser ici à M’Bahiakro. Restez à l’écoute », avait-il écrit sur Facebook. Alors, si le procureur de République est ‘‘conséquent avec lui-même’’, et s’il est vrai qu’il défend l’intérêt de la société, il ne doit pas manquer de ‘‘sanctionner cette énième dérive de trop’’ des partisans du RHDP, qui s’apparente à une ‘‘défiance vis-à-vis des lois’’, a estimé un responsable d’une organisation de droits de l’homme.
Moïse Yao K. (Via afriksoir.net)