Côte d’Ivoire: La France au cœur de la guerre entre Bédié et Ouattara ? Elle a choisi son camp
Dans la guerre naissante entre Bédié et Ouattara, la France qui a favorisé l’arrivée du chef de l’État au pouvoir semble avoir fait son choix. Des éléments mis en avant par la presse française ces derniers temps, cette presse habituée à soutenir la ligne indiquée par l’Élysée, montre qu’Alassane Ouattara n’est plus dans les bonnes grâces de Paris… Explication.
La France au cœur de la guerre entre Bédié et Ouattara ?
Tous les ingrédients pour de nouveaux troubles en Côte d’Ivoire se mettent en place. Dans ce puzzle en construction, la France qui n’est jamais loin lorsqu’il est question de ce pays a visiblement déjà choisi son camp. C’est désormais le PDCI qui redevient le chouchou du pays colonisateur. Avant et après l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, la presse française dans son ensemble ne s’était jamais souciée de faire preuve de rigueur dans le traitement de l’information sur ce pays. Un changement s’est opéré depuis la crise de confiance entre le PDCI et son ancien allié.
Plutôt que de mettre en avant le recul démocratique constaté ces 7 dernières années avec l’emprisonnement de personnalités politiques, des détournements de deniers publics ou l’expropriation de populations au détriment d’hommes d’affaires plus riches et proches du pouvoir, cette presse française a en tout temps préféré chanter les louanges de Ouattara et sa croissance à deux chiffres utilisées par les siens pour s’autocélébrer alors même que les conditions de vie des Ivoiriens se dégradent un peu plus chaque jour.
Les cris de douleurs les plus perçants du peuple viennent d’anciens partisans d’Alassane Ouattara et il suffit pour s’en rendre compte de faire un tour sur les réseaux sociaux, seul lieu d’expression du peuple en Côte d’Ivoire. Pourtant, aucune critique sérieuse ne sera émise par ces médias tout puissants sur le continent contre le régime d’Abidjan. Même quand des Ivoiriens dorment dehors du fait de la casse de leurs maisons par les forces de l’ordre ou par les pluies diluviennes, rien dans les médias français ne vient mettre l’accent sur l’incapacité du gouvernement à venir à la rescousse des citoyens.
Guerre entre Bédié et Ouattara, la presse française a son camp
Malgré les dettes contractées à tour de bras par le pouvoir d’Alassane Ouattara, faisant de la Côte d’Ivoire un des pays les plus redevables au monde, la vie des Ivoiriens ne change pas positivement. Mais récemment, la roue a tourné et la décision de ce changement de comportement des médias français puise peut-être ses origines dans un problème qui touche directement la France.
Nous avons publié en juin dernier le propos de M. Didier Leschi, Directeur général de l’Office français de l’immigration française, sur BFM Tv. Cet homme n’était pas du tout tendre avec le pouvoir d’Abidjan. Il a affiché un grand doute sur l’exactitude des chiffres sur la croissance supposée en Côte d’Ivoire. Il s’appuyait sur le fait que des Ivoiriens quittaient massivement leur pays pourtant censé se développer à une vitesse jamais égalée dans la sous-région ouest-africaine. Il avait affirmé que les demandes d’asile d’Ivoiriens en France avaient augmenté de +68% « alors qu’on parle aujourd’hui du décollage économique de la Côte d’Ivoire avec des taux que la France envierait en termes de dynamisme économique.»
La France comprend là qu’elle soutient aveuglément un régime qui ne l’aidera jamais à contenir le flux de migrants en retenant ses populations dans ses frontières. Dès lors, le changement fut radical parce ce type de question est d’une importance capitale dans le pays.
Des petits coups de pression ont été mis sur Abidjan de façon diplomatique dans un premier temps afin que le régime Ouattara procède à une meilleure redistribution des richesses que son clan au pouvoir est seul à capter pour le moment. Rien n’y fait.
Grâce au désaccord entre Bédié et Ouattara, la situation des opposants intéresse la France
Alors que l’opposition ivoirienne, avec à sa tête le FPI, crie depuis des années contre l’emprisonnement injuste de ses membres, Paris jusque-là muet se réveillera comme par enchantement pour demander la liste des personnalités politiques incarcérées à M. Bernard Houdin, conseiller du Président Laurent Gbagbo.
L’idée pour Paris est d’envoyer un message à Ouattara sur la fin de sa toute-puissance en Côte d’Ivoire. Il doit libérer ses « Pit Bulls » d’opposants pour se confronter à un débat démocratique dans ce pays dit démocratique qu’il dirige. Samba David est en tout cas sorti de prison et des manoeuvres son en cours pour Assoa Adou, Lida Kouassi et les dizaines d’autres personnes détenues sans jugement.
Mais comme le FPI dont le leader Laurent Gbagbo est en prison n’a pas d’offre concrète sur la table, c’est le PDCI que pourrait utiliser la France pour se débarrasser d’Alassane Ouattara et le RDR peut-être avant 2020.
Le brusque changement de comportement d’Henri Konan Bédié, le jusque-là très soumis, envers Alassane Ouattara intrigue. L’ancien président ivoirien a-t-il été approché par la France ? Cela ne surprendrait personne puisque le refus sec qu’il a infligé à Ouattara sur l’adhésion du PDCI au RHDP parti unifié pourrait l’expliquer. Et comme avec les politiciens on n’a jamais fini de tout voir, Bédié qui menait la campagne pour extrader Laurent Gbagbo vers la CPI semble renier ses paroles.
Conflit Bédié et Ouattara, Laurent Gbagbo de retour dans le jeu politique
Koffi Kra Serge Pacôme, membre du bureau national de la JPDCI, en compagnie de plusieurs cadres de son parti, dira à la place CPI de Yopougon, dans un meeting d’EDS, proche de Laurent Gbagbo, la volonté de Bédié de se mettre ensemble avec les pros Gbagbo pour rassembler les ivoiriens. Le même Bédié souhaiterait la libération de Gbagbo, la pièce manquante pour réconcilier les Ivoiriens.
Jean-Louis Billon, le cadre le plus présidentiable du PDCI RDA, rencontrera à son tour Laurent Gbagbo à La Haye, toujours dans cette démarche de l’opposition de se mettre ensemble contre Ouattara.
Le relaie du rapport de l’Union européenne par l’AFP, n’est pas aussi anodin qu’on pourrait le croire. À la suite de sa diffusion par l’Agence France Presse, tous les autres médias francophones se sont empressés de mettre en avant les expressions les plus dures utilisées dans ce rapport d’ambassadeurs de l’UE contre le régime d’Abidjan.
Il n’est plus rare de trouver dans les médias français des titres comme « dérive autoritaire » en parlant du pouvoir de Côte d’Ivoire. Les grandes puissances, comme le disait Charles Blé Goudé, « vous lèchent, vous lâchent et vous lynchent ». Pour éviter d’en arriver au dernier point, le Président Ouattara devra oublier l’idée d’un troisième mandat. Il doit retourner sur la table des négociations avec le PDCI pour éviter d’être inquiété en cas d’arrivée au pouvoir de ce parti qui prépare déjà une coalition avec le FPI et les autres mouvements politiques de l’opposition.
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