Côte d’Ivoire: Depuis Daoukro, plus de 50 chefs traditionnels dressent le chapelet des sacrifices du président Bédié (depuis 1999) sans en citer un seul du président Ouattara
Mardi 30 avril 2019. Résidence privée du président Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda à Daoukro. Plus de 50 chefs traditionnels étaient en audience avec le numéro 1 du parti septuagénaire, soutenu par son numéro 2, Pr Maurice Kakou Guikahué, et le porte-parole et directeur de cabinet du président dudit parti, N’dri Pierre-Narcisse, à ses côtés. Conduits par le ministre-Gouverneur du district d’Abidjan, Robert Beugré Mambé, les chefs traditionnels sont venus des régions des lagunes, des grands ponts et du sud-comoé. Après les civilités traditionnels de demande de nouvelles, Faustin Aboudou, chef de Akéikoi et porte-parole de la délégation des chefs coutumiers, a présenté au président Henri Konan Bédié, le document réalisé par leur soin dans le cadre de la réconciliation nationale, et surtout le rapprochement entre les présidents Bédié et Ouattara. Ci-dessous l’intégralité du document concocté par les gardiens des traditions Attchan, Akyé, des grands ponts et du sud-comoé.
Allocution des chefs traditionnels des régions :
des grands ponts, du sud Comoé et des lagunes lu par nana ABOUDOU Faustin , porte-parole
Excellence Monsieur le Président,
Permettez, avant tout propos, que je puisse, au nom de toutes les populations des différentes contrées que nous représentons, vous adresser à vous personnellement, à votre épouse également et aux valeureux militants du parti historique le PDCI RDA dont vous assurez la présidence, toutes nos chaleureuses salutations et vous exprimer par la même occasion toute notre gratitude et nos sincères remerciements pour la promptitude et la spontanéité avec laquelle vous avez accepté de nous accorder cette audience.
L’honneur me revient de prendre la parole au nom de mes pairs, pour vous présenter le message qui a motivé la démarche que nous entreprenons vers vous ce jour ; après avoir rencontré le Président ALASSANE OUATTARA, le mardi dernier 23 Avril dernier, pour lui exposer les préoccupations de nos populations.
Excellence Monsieur le Président,
Notre démarche vers le Président ALASSANE et vers vous est l’aboutissement d’une concertation des chefs traditionnels du Grand Sud de notre pays composé des autorités coutumières en provenance des régions suivantes :
La Région du Sud Comoé, avec les départements d’ABOISSO, d’ADIAKE, de TIAPOUM et de Grand BASSAM.
La Région des grands ponts qui renferme les Départements de DABOU, de JACQUEVILLE et de GRAND LAHOU et enfin.
Et enfin, la Région des Lagunes, avec le département d’Abidjan qui regroupe les 13 communes et les 04 sous-préfectures.
Excellence Monsieur le Président,
Nous avons pris le temps d’observer attentivement l’évolution du climat politique des temps actuels dans notre pays.
Fort du constat qui se dégage, il nous est apparu urgent de vous rencontrer pour partager avec vous les préoccupations et les inquiétudes de nos populations dont nous ne sommes que les porte-voix. Qu’en est-il ?
Excellence Monsieur le Président,
Nous relevons avec tristesse et amertume que l’excellence qui caractérisait vos relations avec le Son Excellence Monsieur le Président ALASSANE OUATTARA a malheureusement pris du plomb dans l’aile de sorte que :
Celui que vous nous avez toujours présenté comme votre Cher cadet, avec qui vous avez sauvé la Côte d’Ivoire du chaos relativement à la crise qui a ébranlé ce pays et dont nous gardons encore le triste et douloureux souvenir ;
Celui avec qui vous avez donné à la Côte d’Ivoire d’amorcer à nouveau la croissance économique à travers la réalisation de projets économiques significatifs pour la repositionner au plan international ;
Celui avec qui vous avez servi la cause de la paix au nom de laquelle d’énormes sacrifices ont été consentis par vous pour consolider les acquis, se retrouve aujourd’hui dans un schéma d’apparente opposition laissant transparaître à nos yeux et aux yeux de tous les ivoiriens, une amorce de divorce au plan politique entre des frères qui ne dit certes pas son nom mais qui est ,pourtant , la réalité de ce qui nous est servi à travers les médias.
Excellence Monsieur le Président,
Cette situation crée, à n’en point douter, une atmosphère de craintes et de peur dans l’esprit de nos compatriotes qui se projettent dans le récent et triste souvenir de notre histoire chargée de souffrances et de douleurs dont les cicatrices et les plaies ont laissé des traumatismes difficiles à éradiquer.
C’est dans ce contexte que nous venons, Monsieur le Président, partager avec vous la crainte et la peur de nos populations qui estiment que si rien n’est fait pour éteindre le feu qui est allumé, il se propagera et finira par décimer et détruire tout ce que vous avez mis du temps à construire par amour pour ce pays.
A ce stade de nos propos, permettez et souffrez avec nous, Monsieur le Président, que nous rappelions pour mémoire les lourds sacrifices que vous avez acceptés de consentir pour la Côte d’Ivoire au nom de la paix et par amour pour vos frères et sœurs ivoiriens.
En 1999, il y a de cela 20 ans, vous avez subi les pires humiliations et les tracasseries qu’on ne saurait souhaiter même en rêve à son pire ennemi et dont nous voulons taire les détails.
Au-delà de l’exil forcé auquel vous contraignait la situation, vous n’avez jamais voulu engager le pays dans une quelconque insurrection, évitant ainsi le bain de sang à votre peuple.
Quelle marque d’amour pour vos compatriotes !!!!!
Vos résidences d’Abidjan et de DAOUKRO, votre village natal, et celle de votre épouse à KOUKOURANDOUMI dans le département d’ABOISSO, ainsi que celle de votre fils à Abidjan, ont été saccagées et pillées.
Oui, Votre âme a pleuré. L’âme de votre épouse a pleuré et saigné et beaucoup d’ivoiriens avec vous.
Aux élections de 2010, malgré la spoliation de vos voix qui vous privait de l’accès au second tour, vous avez, par amour pour votre pays, refusé de boycotter les élections. Mieux, vous avez en ce moment précis, au regard des engagements pris au sein de votre coalition politique, appelé les militants du PDCI RDA à voter au second tour pour votre frère le Président ALASSANE OUATTARA, alors admis au second tour des élections présidentielles. Dans ce cadre, nous avons admiré les engagements forts contractés en honorant la mémoire du Président FELIX HOUPHOUËT BOIGNY.
Bien plus, au plus fort de la crise post-électorale, vous n’avez jamais cessé de soutenir la cause de la démocratie en vous rangeant aux côtés de votre frère cadet, son excellence ALLASSANE OUATTARA pour faire reconnaître sa victoire aux yeux du monde entier.
Quel acte sublime de solidarité.
En lui accordant votre confiance, votre choix du moment a sauvé ce pays du désastre.
Quel amour pour votre nation.
En 2015 et toujours pour consolider la paix et donner un ancrage solide au réveil économique et social du pays, vous avez renouvelé votre soutien au
Président ALLASSANE, votre Cher Cadet à travers l’historique appel de DAOUKRO qui fut la parfaite démonstration et l’illustration de votre engagement à créer et maintenir la paix en réunissant tous les enfants de Feu le Président FELIX HOUPHOUËT BOBIGNY autour d’un idéal ; celui de consolider et de consacrer les valeurs d’unité et d’entente qu’il a toujours prônées.
Cette coalition au sommet a donné naissance au duo gagnant ALLASSANE – BEDIE au travers de qui notre pays est remonté des cendres pour réaliser en 10 ans les performances économiques exceptionnelles qui ont littéralement transformé le visage de ce pays avec à la clé des constructions infrastructurelles ultramodernes dont l’une, le célèbre troisième pont d’Abidjan porte, votre prestigieux nom.
A l’analyse de la vision de l’émergence affichée pour notre pays à l’horizon 2020, nous ne constatons que des similitudes avec le plan stratégique de développement que vous aviez décliné en son temps à travers les DOUZE TRAVAUX DE L’ÉLÉPHANT D’AFRIQUE. Toute chose qui signifie que les performances enregistrées aujourd’hui sous le mandat de votre cadet sont en harmonie avec votre vision prospective exprimée dans le slogan « le progrès pour tous et le bonheur pour chacun ».
Vous êtes donc pour nous, un homme de paix qui, face aux enjeux du futur, sait faire le sacrifice qui sauve.
Excellence Monsieur le Président,
La leçon et la conclusion que nous tirons de tout ce développement et de ce rappel historique tient du fait que pendant 10 ans, l’alliance entre vous et votre cadet a permis de réaliser des performances économiques exceptionnelles et ce dans un climat politique apaisé et sécurisé.
C’est pourquoi, au moment où nous abordons le délicat virage qui doit nous conduire aux élections en 2020, l’amorce d’un divorce politique d’avec votre Frère devient pour nous tous, ivoiriens et ivoiriennes, pour tous ceux qui vivent ici et pour tous vos frères et sœurs, un sujet de crainte et de peur au regard de toutes les interprétations et les imaginations que nul ne peut s’empêcher d’entrevoir. Et qui malheureusement sont légion.
Excellence Monsieur le Président,
Après tant d’efforts et de sacrifices, après tant de résultats, faut-il revenir à la case départ ?
Quand la crise éclate, elle n’épargne personne et ceux qui payent le plus lourd tribut sont les populations innocentes et principalement celles du grand Sud de notre pays car, comme le traduit cet adage et je cite : « lorsque deux éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent ».
Cette tension qui prévaut entre vous et votre cadet semble être malheureusement reprise à tort ou à raison par certaines personnes qui se rangent derrière des positions tranchées et en profitent pour diffuser des propos incendiaires, haineux, emprunts de violences et développent par même occasion des comportements à hauts risques pour la cohésion sociale et la paix si chères à notre pays.
Face à cette situation, nous, Chefs traditionnels du Grand Sud, au nom de nos populations, entamons auprès de vous cette mission de médiation, non pour culpabiliser, encore moins rechercher les causes et les auteurs de cette dissension, mais pour vous prier et vous supplier, Monsieur le Président :
1) Premièrement de nous pardonner tous les torts, toutes les humiliations et toutes les ingratitudes que, par ignorance, consciemment ou inconsciemment, nous vous avons fait subir depuis tant d’années. Votre cœur a pleuré à cause de nos manquements. Votre esprit fut pris d’effroi à certains moments, votre corps a souffert le martyr à cause de nous. En retour, nous vous avons servi l’ingratitude.
Monsieur le Président, pardonnez-nous, pardonnez autant de fois que le Seigneur vous le recommande comme le stipulent les saintes Ecritures tirées de l’Evangile selon saint mattieu 18 : 22 dans lequel il est écrit « qu’une fois, le disciple appelé Pierre s’est approché de Jésus et lui posa la question suivante ; Rabbi (Maître), combien de fois pardonnerai-je à mon Frère lorsqu’il péchera contre moi, jusqu’à 7 fois ?
A Jésus de répondre : je ne te dis pas jusqu’à 7 fois, mais jusqu’à 77 fois 7 fois
2) Deuxièmement, d’envisager la démarche du retour au nécessaire et indispensable dialogue avec le Président ALASSANE OUATTARA, votre frère ; le dialogue, faut-il le rappeler, reste et demeure « l’arme des forts ; » propos de Feu le Président Félix HOUPHOUET BOIGNY qui nous a laissé en héritage ce précieux instrument. De ce dialogue, jailliront à notre humble avis, toutes les solutions et les arrangements politiques qui nous conduiront à la paix. Pour la paix, aucun sacrifice n’est trop grand et vous l’avez déjà fait et maintes fois démontré.
3) Troisièmement, nous voulons vous assurer de notre entière disponibilité à vous accompagner dans cette délicate mission de médiation. Vous êtes un des nôtres en votre qualité de fils de chef et donc chef, dépositaire des us et coutumes.
4) Quatrièmement enfin, nous vous recommandons au Dieu de toute puissance et prions qu’il soit votre inspiration et qu’il vous arme de toute la sagesse divine pour vous permettre d’aborder avec assurance cette Nième situation à laquelle le pays se trouve à nouveau confronté et dont le dénouement appelle de votre part une contribution et une réaction attendues par tout le peuple ivoirien de sorte que toutes les décisions et les orientations soient inspirées par lui-même.
Excellence Monsieur le Président,
Voici, telle que présentée, les préoccupations qui ont motivé notre démarche auprès de vous.
Nous sommes venus en artisans de Paix, pour rechercher avec vous la Paix et sauvegarder la Paix, rien que la Paix.
Tout en vous réitérant encore toute notre gratitude et nos sincères remerciements pour la qualité de l’accueil et pour cette occasion d’échanges, nous prions que le Seigneur Dieu, qui a toujours été votre plus grand REFUGE dans les moments les plus difficiles soit avec vous et vous accorde sa protection et sa Grâce en abondance.
Nous vous remercions …
Retranscrit par Monika Mauricette ONANE