Côte d’Ivoire-Budget-programmes dès 2020 : «C’est en quelque sorte politiser la gestion technique du budget de l’Etat» (Le Nouveau Réveil)
Dans le cadre du séminaire gouvernemental du 13 Mai 2019, le Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé du Budget et du Portefeuille de l’Etat, Moussa Sanogo a expliqué l’adoption par la Côte d’Ivoire du principe de budget-programmes dès 2020 et donné les caractéristiques de ce type de budget.
A en croire Moussa Sanogo, pour l’exécution d’un tel budget, les autres ministres techniques deviennent des ordonnateurs autant que le ministre en charge du Budget qui, jusqu’alors, était l’ordonnateur principal du budget de l’Etat. Toujours selon le Secrétaire d’Etat, la réforme qui s’inscrit dans le droit fil des Directives de l’UEMOA, apporte plus de célérité et d’efficacité dans l’exécution budgétaire, en vue de la réalisation des objectifs assignés.
Or, la réforme de 1996, en faisant des Daf (Directeurs des affaires financières) des différents ministères, des ordonnateurs délégués parce que spécialistes des Finances publiques, avait déjà permis la célérité dans l’exécution des dépenses publiques, et même l’efficacité. Faire donc des ministres techniques (non forcement spécialistes des Finances publiques) des ordonnateurs en lieu et place des Daf (grands techniciens soumis à la déontologie et à l’éthique en matière de gestion des deniers publics), c’est en quelque sorte politiser la gestion technique du budget de l’Etat, avec tout ce que cela comporte comme inconvénient.
En ce qui concerne la réalisation des objectifs assignés au budget-programmes, il faut signaliser que ce type de budget se fonde sur la méthode de la Rationalisation des choix budgétaires ( Rcb) expérimentée dans les années 1970 et abandonnée en milieu des années 80, par la France qui, elle, s’était inspirée de la méthode américaine de la Planning programming and budgeting (Ppb) inventée dans les années 1960 , par l’Administration Kennedy (armée américaine), sous la houlette du Secrétaire à la Défense, MC Namara qui , devenu président de la Banque mondiale, va en faire la promotion. Mais, l’Administration américaine va, elle aussi, progressivement abandonner la Ppb parce qu’elle a rencontré des difficultés, entre autres, telles que la contradiction avec le principe d’annualité du budget de l’Etat (exécutable pour un an), les difficultés à évaluer la réalisation des objectifs assignés, parce que difficilement quantifiables.
Il semble par conséquent difficile, selon les spécialistes, de faire des prévisions budgétaires avec exactitude sur une période de trois ans comme l’a annoncé le gouvernement ivoirien. Qui gagnerait à donner des assurances au regard de ces inquiétudes légitimes partagées par des populations.
F.B, Le Nouveau Réveil