Côte d’Ivoire : BÉDIÉ, SORO, GBAGBO… au cœur des pourparlers en vue des élections de 2020, comment Ouattara les torpille
Henri Konan Bédié s’active pour former un front commun avec Laurent Gbagbo et Guillaume Soro pour la présidentielle d’octobre 2020. Une initiative que la présidence ivoirienne s’efforce de torpiller.
Arrivé le 2 juillet à Paris, l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié sera avant la fin de la semaine à Bruxelles pour de longs pourparlers avec Laurent Gbagbo, assigné à résidence dans cette ville en attendant l’appel de la Cour pénale internationale (CPI). Bédié veut non seulement finaliser l’alliance entre son Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, mais il souhaite également que l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro se joigne à cette coalition pour le second tour de l’élection présidentielle d’octobre 2020 ( LC n°803). Aucune stratégie définitive n’a encore été arrêtée, mais Bédié penche pour un front uni de l’opposition.
Problème : Gbagbo n’a plus adressé la parole à Soro, qui fut son filleul politique, depuis huit ans… A l’issue de l’élection présidentielle de 2010, Soro, alors premier ministre de Laurent Gbagbo, avait en effet reconnu la victoire d’Alassane Ouattara, qui l’avait en retour confirmé dans ses fonctions à la primature. Une trahison que n’a toujours pas digérée Laurent Gbagbo, qu’Henri Konan Bédié espère amener à changer d’avis pour faire barrage au candidat de Ouattara en 2020.
Car l’actuel président ivoirien, qui prévoit de se retirer de la politique et se positionne pour diriger le futur fonds d’investissement qatari en Afrique ( LC n°801), pousse son premier ministre Amadou Gon Coulibaly pour 2020 ( LC n°799). Actuellement à Paris lui aussi, le président ivoirien a même déjà présenté son successeur désigné au président français Emmanuel Macron, et ce dès décembre 2017 ( LC n°766).
Mais Amadou Gon Coulibaly souffre d’un déficit de popularité très net, déficit confirmé par de récents sondages discrètement commandés à divers instituts par la présidence ivoirienne. Sa candidature en octobre 2020 aurait ainsi à souffrir d’un front commun Bédié-Soro-Gbagbo.
La présidence ivoirienne manœuvre donc tous azimuts pour parasiter l’union de l’opposition. Coïncidence ? Une Association des victimes de Guillaume Soro a été créée courant mai en France et a annoncé son intention de porter plainte en France contre l’ex-chef du mouvement des Forces nouvelles. De leur côté, les services de renseignements ivoiriens ont été mandatés pour surveiller l’agenda de l’ancien président de l’Assemblée nationale et faire remonter toute information susceptible d’une exploitation politique.
LA LETTRE DU CO TINENT N°804 DU 10 JUILLET 2019