Côte d’Ivoire: ‘’Alassane Ouattara fixe des « zones politiques interdites » aux hommes et aux mouvements politiques’’, dénonce un mouvement politique
Affaire « Bédié, un libéral, crée une plateforme avec des partis de gauche »-Sylvain Takoué, Président du Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.), catégorique : « Bédié n’a jamais dit qu’il créait une plateforme libérale, mais non-idéologique… »
Nous avons écouté, lundi dernier, le chef de l’Etat ivoirien s’offusquer, sur Radio France Internationale (Rfi), du fait que le Président Henri Konan Bédié soit un libéral qui crée une plateforme avec des partis de gauche. Il a dit ne pas comprendre cela, et a même clairement révéler avoir dit qu’il n’était pas dans l’intérêt de Guillaume Soro, l’un de ses « fils », aujourd’hui démissionnaire, de s’allier à cette plateforme. On se demande bien, en écoutant ces sorties du chef de l’Etat, s’il est en train d’enseigner, lui le docteur, détenteur d’un Phd en économie, que la démocratie, dont il se réclame aussi, fixe des « zones politiques interdites » aux hommes et aux mouvements politiques que ceux-ci animent. C’est la première interrogation qu’il y a à faire.
Deuxième chose à dire, le président Bédié, bien qu’il soit un homme politique de la droite libérale, n’a jamais dit qu’il créait une plateforme qui serait strictement de cette obédience, mais qu’il appelait, bel et bien dans cette plateforme non-idéologique, (il dit bien, ouvrez les oreilles, NON-IDEOLOGIQUE) toutes les forces politiques et vives de la nation, en vue de mettre en commun les intelligences, les idées et les stratégies de lutte nationale pour faire triompher la démocratie, les libertés humaines, la justice sociale, la sécurité, la réconciliation nationale et l’alternance politique, et tout cela, dans la paix, somme toutes, des valeurs sociales qui manquent le plus aujourd’hui, en Côte d’Ivoire.
Troisième chose à dire, c’est qu’en démocratie, on parle librement, et à tout moment, de la vie du pays, en débattant contradictoirement, en critiquant et en proposant, et qu’on n’a donc pas besoin de demander expressément ou tacitement la permission à qui que ce soit, sauf à agir dans le respect de la loi constitutionnelle, pour s’exprimer ou appartenir à un parti, mouvement ou groupement politique de son choix. Somme toutes, des libertés humaines primaires et élémentaires qui semblent vraiment échapper, aujourd’hui, au commun des citoyens du pays.
Mais, répétons-le, pour la pédagogie politique qui s’impose à nos frères libéraux actuellement au pouvoir : la plateforme initiée légitimement par le président Bédié, est l’utile et réalisable rencontre laïque de tous les courants politiques de droite, de gauche, du centre, de tous les Ivoiriens du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest, du Centre, de toutes les cultures sociales issues des quatre points cardinaux du pays, de toutes les sensibilités philosophiques capables de vrai rassemblement national pour démontrer que nous pouvons, ensemble, et d’une seule et puissante voix sociale et économique, revendiquer et obtenir démocratiquement la conquête du pouvoir d’Etat, pour la reconstruction de la confiance nationale et du mieux-être existentiel dans un Etat de droit. C’est de cela qu’il s’agit, pour remettre le droit à l’endroit, et non de faire régner en rouleau compresseur la personnalisation du pouvoir politique.
Mais, alors ! Si tant est qu’une telle plateforme multipartite et arc-en-ciel, riche de la diversité et de la variété de courants d’idées, initiée par un libéral, choquerait, aujourd’hui, notre ultralibéral chef d’Etat, pourquoi avait-il formé, en 1995, lui le libéral à la tête du RDR, une alliance politique avec le FPI de Laurent Gbagbo, un parti connu pour sa véritable obédience de gauche socialiste ? Autre question essentielle : si son idéologie libérale était si puriste, pourquoi admet-il dans son gouvernement et au RHDP unifié des ministres et anciens ministres (nous pensons, par exemple aux transfuges du FPI et du PIT) qui se disent des pontes de gauche ? Non, il n’y a pas d’alliance contre-nature en politique et la politique ne s’interdit pas d’alliances plurielles.
Sylvain Takoué,
Président du Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.)