Côte d’Ivoire: Alassane Ouattara a décidé de ne plus se présenter en 2020, comment il prépare l’après-présidence… sa nouvelle vie
Disposé à renoncer à un troisième mandat, le chef de l’Etat pourrait rebondir dans le business. Voici où, et comment.
Après avoir mûri sa décision, Alassane Ouattara entend pousser son poulain, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly, à la présidentielle de 2020, au détriment de sa propre candidature ( LC n°799).
Le chef du gouvernement bénéficie déjà de la mobilisation de l’appareil politique que représente le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Comme révélé par La Lettre du Continent, une dream team s’organise actuellement pour gérer l’ensemble de la communication du futur représentant du parti majoritaire.
Intérêts qataris. Ce retrait au profit de son bras droit historique permet d’ores et déjà au président ivoirien de préparer son avenir et sa reconversion, tandis qu’ont lieu des travaux d’extension de sa villa de Mougins, dans le sud de la France. L’ancien directeur Afrique du Fonds monétaire international (FMI), 78 ans l’année prochaine, n’entend pas réactiver sa fondation l’Institut pour l’Afrique (IA), basée à Libreville et longtemps pilotée par Amadou Gon Coulibaly et le Français Philippe Serey-Eiffel.
Selon nos sources, il s’intéresse plutôt au fonds stratégique d’investissement dédié à l’Afrique que le Qatar entend créer, et dont il souhaiterait prendre la gestion. Bras armé de l’émirat sur le continent, ce fonds doté de 2 milliards € a vocation à multiplier les acquisitions et les investissements dans les secteurs stratégiques (infrastructures, santé…) au sud du Sahara.
Initialement, le Qatar envisageait d’attribuer la présidence de ce fonds à Karim Wade. En exil à Doha depuis 2015, le fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade y possède de solides connexions.
Amitiés. Toutefois, Alassane Ouattara entend mettre à profit son amitié avec Nicolas Sarkozy pour emporter l’adhésion du royaume. Depuis plusieurs mois, l’ancien chef de l’Etat français appuie Doha dans sa politique d’expansion en Afrique ( LC n°780, LC n°794), en particulier via Accor, dont il est administrateur – l’émirat est aujourd’hui le premier actionnaire du groupe hôtelier à travers le fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA). Le siège du nouveau fonds qatari pourrait d’ailleurs être localisé dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan.
Parallèlement, Alassane Ouattara envisage de se lancer dans la rédaction de ses mémoires.
LA LETTRE DU CONTINENT N°801 DU MERCREDI 29 MAI 2019