Un test sur 24 patients mené à Marseille par l’équipe du professeur Didier Raoult donne des résultats prometteurs, annonce le gouvernement, qui déclare étendre les essais cliniques sur un plus grand nombre de personnes contaminées par le Covid-19.
Les essais cliniques de chloroquine, un médicament antipaludique, menés à Marseille pour soigner les malades atteints du Covid-19 sont « prometteurs » et « seront étendus », a affirmé mardi 17 mars la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye. « Il y a des essais cliniques sur 24 patients, qui sont prometteurs. Le ministère a souhaité étendre ces essais cliniques, qui seront dupliqués sur un plus grand nombre de patients », a-t-elle précisé à l’issue d’un Conseil des ministres.
La chloroquine est un antipaludique utilisé depuis plusieurs décennies et commercialisé notamment sous le nom de Nivaquine. Ce traitement est souvent recommandé lorsqu’on prévoit de se rendre en zone infestée par le parasite du paludisme, transmis par les moustiques.
Le professeur Didier Raoult, qui teste la chloroquine à l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille, a affirmé lundi que son effet contre le coronavirus était spectaculaire avec la disparition du virus en six jours auprès des trois quarts des patients.
Dans une vidéo, le directeur de l’IHU de Marseille explique que 24 patients atteints par le coronavirus, ont pris du Plaquenil, l’un des noms commerciaux de la chloroquine, et que six jours plus tard, seulement 25 % étaient encore porteurs du virus alors que 90 % de ceux qui n’avaient pas reçu ce traitement étaient toujours positifs.
Premiers tests positifs en Chine
Ces nouveaux essais cliniques « seront réalisés avec une équipe indépendante du professeur (Didier) Raoult », qui en a réclamé l’extension, a précisé Sibeth Ndiaye en soulignant avec prudence qu’à ce stade « nous n’avons pas de preuve scientifique » que ce traitement fonctionne.
La chloroquine est un médicament antipaludéen connu depuis longtemps et peu onéreux. Didier Raoult estime qu’il a apporté des « améliorations spectaculaires » chez les patients infectés. Avant de mener des tests, l’infectiologue s’est basé sur une lettre parue dans la revue BioScience Trends, laquelle reprend une communication du gouvernement chinois du 17 février. Il y était indiqué que la chloroquine était inscrite dans la réponse thérapeutique à l’épidémie et avait été testée sur une centaine de patients dans dix hôpitaux.
Effets secondaires lourds
Mais plusieurs experts appellent à la prudence en l’absence d’études plus poussées et en raison de ses effets indésirables qui peuvent être graves, notamment en cas de surdosage. Ce traitement du paludisme est habituellement déconseillé au plus de 65 ans, précisément la tranche d’âge chez qui ce coronavirus est le plus létal.
Selon Europe 1, de nombreux patients se ruent déjà dans les pharmacies pour acheter de la chloroquine. Ce que Gilbert Deray, néphrologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière contacté par Europe 1, juge « inutile et dangereux ». « Il faut y faire très attention parce qu’il donne beaucoup d’effets secondaires, et en particulier il donne des atteintes de la rétine avec des pertes de la vision qui peuvent être irréversibles », prévient-il. Ajoutant que la chloroquine donne également « des troubles du rythme qui peuvent conduire à l’arrêt cardiaque ».
Avec AFP