CEI-Le député-avocat Kouassi Kouamé Patrice (KKP) crache ses vérités au régime Ouattara-Rdr-Rhdp: «C’est une injonction qui a été faite au gouvernement de modifier en profondeur la Cei»
Dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, hier et qui suit, le député Kouassi Kouamé Patrice (KKP) donne son avis en sa qualité de professionnel du Droit, sur l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme sur la réforme de la CEI. Par ailleurs, il se prononce sur la marche de son parti, le PDCI-RDA.
Monsieur le député, depuis un certain temps, vous observez un silence. Qu’est ce qui explique ce mutisme ?
Ce n’est pas véritablement un silence. J’estime aujourd’hui qu’il y a de nombreuses voix plus autorisées que moi et plus expérimentées quelquefois qui disent des choses très intéressantes, à la différence du passé. Je n’ai plus autant besoin de parler car il y a beaucoup de gens qui parlent aujourd’hui et qui disent des choses pertinentes. Ce qui fait que j’ai moins de travail aujourd’hui contrairement au passé où il y avait très peu de personnes qui parlaient. Le travail de dénonciation de toutes les dérives est largement partagé donc c’est ce qui explique que j’ai moins besoin aujourd’hui de faire des sorties. Et c’est pourquoi l’on m’entend de moins en moins.
Il y a beaucoup de sujets qui requièrent pourtant votre avis et l’avis de plusieurs personnalités averties ?
Je pense qu’à un moment donné, il faut faire le bilan quand on a eu à dire un certain nombre de choses. Il y a un président américain qui a dit, il ne sert à rien d’objecter des arguments de bonne foi à un adversaire de mauvaise foi. Quand vous avez eu des arguments par rapport à des points de droit, par rapport à des situations, par rapport à des choix polémiques, et que vous constatez que les lignes ne bougent pas, je pense que la meilleure approche, c’est de changer de stratégie. Et désormais, je m’inscris dans l’action parce que j’ai constaté qu’il ne sert à rien d’objecter des arguments de bonne foi à un adversaire de mauvaise foi.
L’on note que la question de la réforme de la Cei telle que recommandée par l’arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’homme et des peuples est diversement interprétée par le gouvernement et l’opposition. En tant qu’homme de droit, quelle lecture faites-vous de cet arrêt de la Cour Africaine ?
Depuis toujours, le gouvernement a une position pour interpréter à minima cet Arrêt. Il suffit tout simplement d’examiner les termes qui sont utilisés dans cet arrêt pour comprendre que ce n’est pas une option qui a été donnée au gouvernement mais plutôt une injonction qui a été faite au gouvernement de modifier en profondeur la Cei. Je dis bien une injonction. Je pèse mes mots, car ce sont les termes qui sont utilisés dans l’Arrêt.
Donc, ce n’est pas le bon vouloir du gouvernement. Bien évidemment parce que cela arrange le gouvernement d’interpréter à minima cet arrêt-là, il dira le contraire. Je vous disais qu’il ne sert à rien d’objecter un argument de bonne foi à un adversaire de mauvaise foi. Quand vous constatez qu’il n’y a plus de discussion possible, je pense qu’il faut changer de stratégie et c’est ce que nous allons faire.
Par rapport à la réforme de la Cei, quelle voie de recours revient à la Cour Africaine des Droits de l’homme et des peuples si le gouvernement ivoirien refuse d’exécuter cet Arrêt ?
Le dispositif de la décision qui a été rendue dit qu’un rapport doit être fait à la Cour Africaine qui va apprécier si les modifications qui ont été faites au niveau de la Cei sont conformes à ses exigences. Donc il y a une étape à venir, nous n’allons pas en rester là. Le rapport va être transmis à la Cour Africaine qui appréciera la conformité de la modification par rapport à ses exigences.
Vous parlez de changer de stratégie, est-ce à dire que vous vous résignez à subir le diktat du Rhdp ?
Si j’en disais plus ce ne serait plus une stratégie. Donc souffrez que je vous n’en dise pas plus parce que ce ne sera plus une stratégie. Mais aujourd’hui, il y a des choses qui nous préoccupent plus car nous n’allons pas nous laisser distraire. Nous nous concentrons plutôt sur 2020, sur la stratégie de la conquête du pouvoir en 2020. Et pour lever un petit coin du voile sur cette stratégie, nous disons qu’aujourd’hui, nous œuvrons à essayer d’arriver à travailler en équipe car nous avons compris qu’au niveau du Pdci-Rda, il n’y a personne qui a la capacité de gagner ces élections toute seule. Il faut donc que nous apprenions à travailler en équipe et c’est ce que nous allons faire. Commencer à travailler en équipe de façon à ce qu’il y ait une convergence de toutes les forces du Pdci-Rda pour que nous puissions gagner les élections 2020.
Que répondriez-vous à toutes ces voix qui se lèvent pour indiquer qu’à quelques mois de cette élection présidentielle de 2020, le candidat du Pdci n’est pas encore désigné ?
Est-ce qu’il y a un timing qui est prédéterminé par rapport à la déclaration des candidatures ? Je ne le crois pas. Nous sommes encore à plus d’une année de 2020. Est-ce qu’il y a un calendrier spécifique pour déclarer sa candidature ? Non. Est-ce qu’il y a un délai de dépôt de candidature ? Non. Aujourd’hui, nous savons une chose, c’est que ce sera un militant actif et la convention va décider par un vote des grands électeurs. Donc, je considère tant que la date de la convention n’est pas arrêtée, pour moi, le go des déclarations des candidatures ne se justifie pas. Je comprends que les gens soient impatients mais d’un point de vue légal, nous avons encore le temps de déclarer les candidatures et d’aller à la convention.
Est-ce qu’aujourd’hui, le Pdci-Rda votre parti a les armes nécessaires pour reconquérir ce pouvoir en 2020 au regard de ce que le Rhdp utilise comme moyens de pression ?
Je l’ai dit toujours et je l’ai répété lors d’un entretien avec le président Bédié, que pour ce qui est du débauchage, lorsqu’une personne s’en va, il y a au moins mille personnes qui remplacent celui qui est parti. Ce n’est pas une inquiétude pour nous car il est clair que si un maire ou un élu va au Rhdp, je peux garantir qu’il ne va pas avec son électorat. Parce que quelquefois, nous avons dans des zones où il y a eu des candidats Pdci et des candidats Rhdp.
Et les populations ont fait le choix de voter le candidat du Pdci. Si cet élu, qui a été élu en tant que Pdci s’en va au Rhdp, il ne part avec son électorat parce que dès le départ l’électorat a fait le choix du Pdci. Le premier argument que le Pdci a, c’est son électorat qui est resté intact.
Quoi qu’on dise ou quoi qu’on en pense, le départ n’entraine pas son électorat. C’est ce qui est plus important. Pour nous, les élus peuvent partir au Rhdp, mais tant que l’électorat reste intact, c’est ce qui est plus important. Je tiens à souligner qu’il y a plusieurs élus qui sont partis en entendant le chant des sirènes, mais je pense qu’ils vont déchanter avant 2020. Je ne suis pas sûr que le Rhdp reste homogène jusqu’à ce que nous arrivions aux élections. Mais l’avenir nous dira ce qu’il en est.
La question de la gratuité de la Carte nationale d’identité fait aujourd’hui débat. Le président de l’Assemblée Nationale, lors d’une sortie, a indiqué que ce sont les députés qui ont voté cette loi pour rendre la Cni payante. Quel commentaire monsieur le député ? LIRE LA SUITE SUR https://www.afriksoir.net/cote-divoire-la-reforme-de-la-cei-etait-une-injonction-pas-une-option/amp/