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C.I./CRISE POST-ELECTORALE: Traque des opposants, une option risquée pour Ouattara

Jusqu’où ira le bras de fer entre le Chef de l’Etat sortant Alassane Ouattara et ses opposants qui lui contestent son élection controversée pour un 3e mandat à l’issue de la présidentielle du 31 octobre 2020 ? Cette question taraude l’esprit des Ivoiriens mais aussi celle de la communauté internationale dont les institutions s’emploient à concilier les bords à travers un ballet diplomatique entre le président sortant et le Conseil national de transition (CNT) mis en place par Henri Konan Bédié et la quasi-totalité de l’opposition ivoirienne.

Le mercredi 4 novembre dernier, les ambassadeurs des Etats-Unis, de la Grande Bretagne, de la France et de l’Union européenne (UE) se sont succédé à la résidence du président du PDCI, à Abidjan-Cocody « Les Ambassades », pour évoquer la situation postélectorale tendue en Côte d’Ivoire depuis la création du CNT, présidé par Henri Konan Bédié. Les diplomates se seraient déplacés chez l’ancien chef d’Etat pour lui demander de convaincre les opposants à ne pas « insister » sur la voie du gouvernement de transition qu’ils projettent, tandis qu’Alassane Ouattara aurait été invité à mettre un terme à sa politique d’interpellation, l’invitant à privilégier la voie « de l’apaisement plutôt que la répression ».

Hormis la diplomatie occidentale, l’Afrique ne reste pas en marge des missions diplomatiques en vue d’éviter que la Côte d’Ivoire ne sombre dans la guerre civile qui la menace depuis la proclamation de la victoire d’Alassane Ouattara et la mise en place du CNT. A travers l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), l’Afrique se montre solidaire de la Côte d’Ivoire, signalant que la résolution de la crise doit se faire dans le cadre et l’ordre constitutionnel.

A la vérité, toute cette batterie diplomatique ne rassure guère les Ivoiriens dont la majorité est plongée dans la confusion avec d’un côté le CNT dont les dirigeants sont soit muselés soit obligés d’entrer dans la clandestinité, et de l’autre le régime en place qui a vite fait de monter un dossier judiciaire pour réduire au silence cet organe de transition qui, pour lui, participe d’un acte séditieux qui tombe sous le coup de la loi. D’ailleurs, vendredi 6 novembre 2020, Richard Adou, procureur de la République près du Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, a animé une conférence de presse pour indiquer à l’opinion la suite judiciaire à donner à ce qu’on appelle désormais «l’affaire CNT». Au même moment, le secrétaire Exécutif du PDCI, Maurice Kacou Guikahué et plusieurs dirigeants de l’opposition, qui avaient été arrêtés la veille, sont présentés à un juge d’instruction pour être transférés dans des prisons. Dans la nuit de ce même vendredi, le porte-parole du Conseil national de transition et président du FPI, Affi Nguessan, est arrêté par des gendarmes et transféré dans un lieu qui reste encore inconnu.

Du coup, avec l’accélération constatée prise par le volet judiciaire, l’on se demande si Alassane Ouattara ne ferme pas la porte à la diplomatie, en tenant vaille que vaille à traîner Bédié, Affi, Mabri et les autres devant les tribunaux. Une option lourde de conséquences quand on sait que ces leaders politiques comptent encore de nombreux partisans aux yeux desquels Alassane Ouattara reste un « président illégitime, qui a violé la Constitution en briguant un 3e mandat auquel il n’a pas droit ». On peut le dire sans se tromper, la traque des opposants en Côte d’Ivoire apparaît comme une option assez risquée pour M. Ouattara, qui sort « gagnant » d’une présidentielle ivoirienne chaotique aux plans institutionnel et humain.

Par Serges YAVO

 

 

 

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