Afrique: Dans le secret des jets présidentiels…
Pour se rendre à Riyad, Sylvia Bongo a emprunté le Boeing 737 dans lequel elle a ses habitudes.
Décryptage.
Le ballet aérien est bien rodé. A chaque fois que Sylvia Bongo a besoin de se déplacer, elle emprunte un Boeing 737 immatriculé PA-BBJ. C’est cet appareil qui l’a amenée, le 28 octobre, de Londres jusqu’à Riyad, en Arabie saoudite, au chevet d’Ali Bongo hospitalisé, avec une escale à Paris pour embarquer son fils Noureddin Bongo. Cet avion, qui a appartenu à l’homme d’affaires français Vincent Miclet, longtemps actif au Gabon ( AEI n°826), est immatriculé à Aruba. Il a un temps été opéré par la société maltaise Carre Aviation. Lorsqu’il en était le propriétaire, Vincent Miclet a souvent mis l’appareil à disposition de l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Maixent Accrombessi, dont il était très proche.
Ailleurs, d’autres opérateurs se sont positionnés sur la niche très étroite des VIP africains. Outre le français Regourd Aviation, c’est le cas de la compagnie maltaise JetMagic, qui a remis aux normes le Boeing de la présidence malienne ( LC n°683), également immatriculé à Aruba, avant de passer la main au Groupement aérien présidentiel du colonel Youssouf Diarra. JetMagic a été créée par le Français Antoine Hayem, ancien actionnaire minoritaire de la compagnie maltaise Privajet, détenue en majorité par le vice-ministre russe des finances au début des années 90, Andrei Vavilov. Aujourd’hui reconverti dans les affaires, Vavilov avait, lorsqu’il était en poste dans l’administration Eltsine, négocié avec Pierre Falcone et Arcady Gaydamak le rachat de la dette russe détenue par l’Angola ( LC n°401).
A Luanda, BestFly, de l’ex-pilote de chasse angolais Nuno Pereira, exerce depuis 2012 un quasi-monopole sur l’aviation d’affaires et le transport dans l’industrie pétrolière. La compagnie, la seule à desservir l’aéroport de Cabinda, profite des difficultés financières de la Sonair, filiale de la société publique Sonangol, qui a cessé de desservir Houston depuis cette année ( AEI n°824). Profitant de la position unique de l’Angola dans l’hémisphère austral, BestFly opère également, pour le compte de l’agence de tourisme de luxe britannique White Desert, des vols vers… l’Antarctique ! Elle doit en revanche composer avec la montée en puissance de SJL Aeronautica, dont le propriétaire n’est autre que le général Sequeira Joãn Lourenço, le frère du nouveau président angolais ( LC n°759).
La Lettre du Continent n°788