Affaire CEI: Des organisations des Droits de l’Homme demandent la démission de Moussa Faki Mahamat (Commission de l’UA) ou des excuses publiques aux Ivoiriens
3 organisations la FIDHOP, le RPCI-AC et le NPR demandent la démission du Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine (UA) . Les président de ces organisations ont saisi le président en exercice de l’organisation, le Président égyptien Al Sissi.
A l’ouverture du 32ème Sommet de l’Union Africaine qui s’est tenue à Addis-Abeba le 10 février 2019, vous avez été désigné par vos pairs, président de l’Union Africaine. Cette responsabilité fait de vous le garant de cette haute institution panafricaine, notre Union Africaine. Par la présente, nous vous adressons nos félicitations pour votre désignation à la tête de l’UA.
Mais surtout nous voudrions porter à votre connaissance une situation émanant du Président de la Commission de l’Union Africaine, M. Moussa Faki Mahamat, qui a tenu des propos que nous qualifions de fort maladroits et graves, parce qu’ils sont susceptibles d’engendrer des conséquences néfastes sur l’avenir sociopolitique de la Côte d’Ivoire, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2020.
Nous vous donnerons donc les raisons pour lesquelles nous condamnons les propos tenus par M. Mahamat et qui justifient que nous sollicitions de votre part et de celle de vos homologues Chefs des États membres de l’Union, sa démission ; sinon, à tout le moins, des excuses publiques auprès du Peuple de Côte d’Ivoire et de l’Afrique.
La Communauté mondiale en général et les populations africaines en particulier sont bien conscientes que la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens continuent jusqu’à ce jour de faire le deuil d’une crise postélectorale de 2010-2011, l’une des plus meurtrières sur notre continent, ayant occasionné plusieurs milliers de morts, des centaines de blessés ou de stigmatisés à vie, du fait des bombardements de la population par l’armée française ; avec des centaines de milliers d’exilés ; ainsi que la déportation devant le tribunal de la Cour pénale internationale de deux dignes fils d’Afrique, le Président Laurent Gbagbo et le Ministre Charles Blé Goudé.
Les dirigeants du monde, les diplomates accrédités en Côte d’Ivoire ou les représentants des institutions internationales intervenants dans le pays savent tous qu’au-delà de la relative croissance économique ou de l’embellie extérieure, la Côte d’Ivoire va très mal en profondeur. Simplement parce que la Réconciliation nationale n’a jamais été effective ; hélas ! Et donc, à tout moment, ce pays peut encore basculer dans des violences beaucoup plus graves que la tragédie de 2010-2011.
Le pire étant que la période actuelle précédant la présidentielle prévue pour se tenir en octobre 2020 en Côte d’Ivoire, ressemble étrangement à celle d’avant l’élection de 2010. Il y a donc lieu de s’inquiéter sur ce qui pourrait advenir de nouveau dans ce beau pays. C’est donc dans le but de conjurer le mauvais sort que des Ivoiriens et des Africains épris de Paix font mains et pieds pour soutenir la Côte d’Ivoire, en raisonnant la classe politique ivoirienne et en veillant surtout à ce que l’élection de 2020 soit l’une des plus équitables et des plus transparentes possibles, afin d’éviter toutes contestations violentes.
Ainsi, s’appuyant sur les défaillances criantes de la Commission électorale indépendante (CEI) dans la grave crise de 2010, l’organisation non gouvernementale ivoirienne dite APDH (Actions pour la Protection des Droits de l’Homme) a saisi la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, à l’effet d’obtenir une réforme et une recomposition de la (CEI). Cette requête a abouti à l’arrêt de novembre 2016 enjoignant l’Etat de Côte d’Ivoire de reformer la CEI en profondeur, à l’issue de discussions inclusives des acteurs politiques et de la société civile.
Très malheureusement, le Chef de l’État Alassane Ouattara et son Gouvernement ne sont pas parvenus à discuter avec les principaux partis de l’opposition et les principales ONG de la société civile ivoirienne autour d’une table et, de façon unilatérale, ils ont fait adopter, au Parlement puis au Sénat – qui leur sont totalement acquis – un texte de loi : « Loi N°2019-708 du 05 août 2019 portant recomposition de la commission électorale».
Ainsi qu’elle est bien libellée, cette loi n’a traité que la recomposition – et encore si cette recomposition était satisfaisante – ; en ignorant l’essentiel des préoccupations des Ivoiriens et que l’arrêt de la Cour africaine a exigé, à savoir la question de l’indépendance de la CEI par rapport à l’Exécutif et au parti au pouvoir. C’est dans un tel contexte que le Président de la Commission de l’UA, M. Moussa Faki Mahamat a écrit ces mots sur le site de l’Union Africaine :
« Le président de la Commission de l’Union africaine se félicite de ce que l’arrêt rendu par la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ait été pris en compte tel qu’en atteste le préambule des motifs du projet de loi introduit au Parlement ». Considérant que la mission essentielle de l’Union Africaine, qu’elle a héritée de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) le 9 juillet 2002 à Durban, en Afrique du Sud, est de renforcer l’unité et la solidarité entre les États africains ;
Considérant que la mission principale de la Commission de l’Union Africaine est d’être un moteur de l’intégration africaine, sous l’égide de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernements ;
Considérant que le Président de la Commission de l’Union Africaine, en tant que responsable d’un des principaux organes de l’Union, doit être habité par la sagesse et s’imposer l’obligation de réserve sur des sujets brulants concernant les États membres ;
Vu qu’élu à la tête de la Commission de l’Union Africaine le 30 janvier 2017 pour quatre ans, (sans doute avec le soutien de la Côte d’Ivoire de M. Alassane Ouattara), l’ex-Premier Ministre tchadien (2003-2005), puis Ministre des Affaires étrangères (2008-2017), M. Moussa Faki Mahamat a commis par cette sortie hasardeuse un grave impair diplomatique qui pourrait avoir de sérieuses conséquences dans la suite de la situation sociopolitique ivoirienne ;
Puisque par cette prise de position hâtive et surtout partisane – certainement personnelle aussi, mais engageant l’UA M. Mahamat vient de choquer et de narguer une large partie des populations ivoiriennes et africaines, qui ne pourraient plus accorder leur confiance à l’Union Africaine, dans l’hypothèse où cette institution devrait faire face à la dégénération du conflit préélectoral en cours en Côte d’Ivoire.
C’est pourquoi ; dans le but d’exprimer l’indignation des Peuples ivoirien et africain ; et surtout pour redonner à l’Union Africaine, notre Union à tous, son rôle de Médiatrice impartiale dans les crises internes aux États membres de l’Union, nous, leaders Africains et Ivoiriens de la Diaspora, agissant au nom de nos structures respectives :la FIDHOP (la Fondation Ivoirienne pour les Droits de l’Homme et la vie politique) ; le RPCI-AC (le Rassemblement du Peuple de Côte d’Ivoire – Alternative Crédible) ; le NPR (le Nouveau Parti pour le Rassemblement) ;
Demandons la démission de M. Moussa Faki Mahamat de la présidence de l’Union africaine, à défaut de présenter des excuses publiques aux ivoiriens et aux africains. Espérant vivement que notre adresse au président de l’Union africaine trouvera une oreille bien attentive auprès de votre Excellence, afin de nous épargner d’autres actions peu recommandables qui discréditeraient notre Union Africaine,
NOUS vous prions de croire, Monsieur le président de l’UA, à l’expression de notre haute considération ; et de bien vouloir accepter que nous puissions prendre tous les Peuples d’Afrique à témoin, en rendant publique cette adresse.
Paris, France, le jeudi 22 Août 2019
Ont signé :
Dr Boga Sako Gervais, Président de la FIDHOP
M. Vabé CHRISTIAN, Président du RPCI-AC
M. Logbo Pascal, Président du NPR