Affaire ‘’anacarde’’: Un spécialiste dit ses vérités et dévoile les ignorances du ‘’ministre’’ Kobenan Kouassi Adjoumani

Affaire ‘’anacarde’’: Un spécialiste dit ses vérités et dévoile les ignorances du ‘’ministre’’ Kobenan Kouassi Adjoumani

MÉVENTE DE L’ANACARDE : ALPHONSE SORO REPOND A ADJOUMANI
Le Ministre Kobenan KOUASSI Adjoumani, un des nombreux Ouattaristes de la 25eme heure, réputé francs-tireur, aurait pu au moins consulter l’histoire et les techniciens du Gouvernement avant de faire une sortie aussi inappropriée sur la mévente de l’anacarde.
La problématique de la rémunération des producteurs constitue en effet une question hautement importante qui doit régulièrement appeler de la part du Gouvernement une attention toute particulière.
En laissant le soin d’une telle communication à un porte-parole politique, fut-il du RHDP, le Gouvernement a hélas choisi de renoncer à son obligation régalienne de donner une explication rigoureuse aux souffrances de nos braves producteurs et a ainsi choisi de politiser inutilement cette autre affaire.
Le Gouvernement est-il vraiment informé que le prix pratiqué bord champ oscille entre 25 Frs CFA et 100 frs CFA et que les producteurs sont contraints, de guerre lasse, de vendre à crédit ou encore que les producteurs se promènent vainement à la recherche d’acheteurs, tous portés disparus ?
Au demeurant est-il disposé réellement à expliquer aux paysans déboussolés et désemparés les raisons de cette chute brutale avec des faits inédits de camions chargés de produits quittant le port d’Abidjan pour retourner au nord ?
La situation est plus que catastrophique devant des gens arc-boutés sur leurs convictions, qui raffolent des médias, plutôt que d’aller s’imprégner des réalités sur le terrain, à l’instar de Guillaume SORO qui va au contact de cette Côte d’Ivoire d’en bas.
Guillaume SORO est, en effet, coutumier du fait puisque, Secrétaire Général des ex-Forces Nouvelles, il était toujours proches des producteurs, de leurs préoccupations et savait à juste titre initier les mesures appropriées pour soulager les paysans.
Pour éclairer la lanterne éteinte de Monsieur Adjoumani et consorts, il convient de rappeler que les Forces Nouvelles qu’ils pourfendent aujourd’hui, bien que ce ne fut pas leurs objet, ont sauvé les filières coton et anacarde et même les structures sociales des zones qu’elles ont contrôlées. Les hôpitaux et les écoles ont ainsi fonctionné normalement malgré les obstructions volontaires du pouvoir d’alors ou émargeaient, du reste, les mêmes cadres du pouvoir actuel.
En ce qui concerne cette activité économique, l’objectif initial était de permettre à tous les acteurs de la chaîne, de vaquer librement à leurs activités, sans entrave ni ingérence. Il en fut ainsi jusqu’en 2005, lorsque les producteurs de coton ont lancé un appel aux Forces Nouvelles. En effet, les impayés dus par les sociétés cotonnières aux producteurs qui ont fait leurs apparitions dans la filière dès 2001, s’accumulaient sans cesse, jusqu’à atteindre le chiffre faramineux de 15 milliards FCFA, contraignant les paysans à vendre leurs productions dans les pays limitrophes ou tout simplement à abandonner la culture de la principale activité agricole de la zone nord.
C’est ainsi que Guillaume SORO a initié des journées cotonnières en février 2005 en présence du Ministère de l’Agriculture invité aux assises.
S’en est suivie la mise en place d’un organe paritaire de suivi des résolutions appelé Comité de Suivi des résolutions sur le coton qui deviendra plus tard le Comité de Suivi Coton Anacarde (CSCA).
En l’absence de l’autorité gouvernementale ARECA sur le terrain, c’est donc le CSCA des Forces Nouvelles qui a assuré la régulation des filières coton et anacarde.
Les excellents résultats obtenus dans la filière cotonnière ont été notamment le paiement total des arriérés dus aux producteurs, le remplacement de l’ex-LCCI réputée mauvais payeur par un nouvel opérateur qui a pris la relève, le suivi informatisé de l’encadrement agricole, le paiement régulier des décades au profit des paysans, l’interdiction de la sortie du produit hors du territoire et une meilleure organisation du dispositif de commercialisation.
C’est ainsi que les acteurs de la filière cajou ont à leur tour sollicité l’intervention du Comité de Suivi pour sortir leur activité de la léthargie, voire d’un risque d’abandon de la filière cajou.
A l’initiative du Comité de Suivi, des journées cotonnières annuelles présidées par Guillaume SORO en personne étaient organisées. De même des journées du cajou ont été également initiées à l’entame de chaque campagne. Au cours de ces journées, l’ensemble des acteurs (décideurs, producteurs, acheteurs, exportateurs et industriels) s’accordaient sur le prix bord champs non sans analyse préalable de la matrice de fixation des prix, l’identification des obstacles au respect du prix bord champs etc.
Le Comité de Suivi avait pour rôle ensuite la surveillance du respect du prix bord champ à travers des brigades mobiles civiles déployées sur l’ensemble de la zone de production, la supervision des opérations d’achat, l’interdiction de la sortie du cajou hors du territoire ivoirien etc. C’est encore le CSCA qui a initié le système de ventes groupées, sensibilisé à la création des coopératives dans le secteur et à la mise en place d’une interprofession. Un dispositif décentralisé avait été également mis en place afin de rapprocher l’autorité de régulation des acteurs de la filière. Enfin, un comité de veille des prix se réunissait tous les mois afin d’examiner les fluctuations du prix à l’international, les blocages au respect du prix et faire les adaptations nécessaires.
Il convient de rappeler que le Gouvernement ivoirien, à travers le ministère de l’agriculture, assistait régulièrement à nos assises des journées cotonnières et des journées du cajou ; le souci était garantir le plus large consensus mais aussi de faire preuve de transparence.
Les résultats ? C’est une production nationale qui est passé de 80.000 tonnes en 2002 à près de 400.000 tonnes en 2009-2010 avec des prix bord champ de 200 frs à 300 frs payés aux producteurs loin des 25 FCFA et 100 FCFA pratiqués avant l’intervention des Forces Nouvelles. De plus, le taux de transformation est passé de 1% à 5%.
Nous nous étions donc pris à rêver qu’en temps de paix, les producteurs pouvaient raisonnablement espérer voir ces résultats améliorés avec des prix plus rémunérateurs à 500 f voire plus.
Pouvons-nous objectivement affirmer que les producteurs ont tort de se plaindre de la mévente actuelle, eux qui rêvaient à mieux avec l’avènement de ce pouvoir ?
Au contraire à quoi assistons nous ? Le prix d’achat bord champ du cajou est revenu aux années d’avant l’intervention des Forces Nouvelles et la transformation du cajou est encore au stade des promesses.
Attaquer maladroitement et sans fondement le passé ne vous dédouanera absolument pas de votre responsabilité face aux réalités que vivent actuellement les producteurs de cajou.

Alphonse SORO
Président de l’APC
Ancien Président du CSCA (Comité de Suivi Coton Anacarde).
Ancien Secrétaire Technique du Comité Interministériel Coton Anacarde et Karité au Cabinet du Premier Ministre.

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