En Gambie, Adama Barrow déclaré vainqueur de l’élection présidentielle. D’après les chiffres de la commission électorale, le président sortant l’a emporté avec plus de 53% des voix. C’est une large victoire pour celui qui était arrivé au pouvoir à la surprise générale il y a cinq ans, après 22 ans de pouvoir autoritaire de Yahia Jammeh.
En boubou blanc, du haut d’une tribune, devant ses partisans dimanche soir, Adama Barrow a le sourire et le poing levé en signe de victoire. Le président est confiant. Lors de son élection en 2016, il était pourtant « timide, humble, très modeste » se souvient Abdoulaye Saine, professeur en sciences politiques.
À l’époque, Ouseinou Darboe, opposant historique au régime de Yayha Jammeh, est en prison et ne peut pas se présenter, rappelle notre envoyée spéciale à Banjul, Charlotte Idrac. Adama Barrow est donc un candidat « de compromis » pour la large coalition qui le porte au pouvoir. Mais depuis, il a pris son indépendance. Il est notamment revenu sur sa promesse initiale de ne rester que trois ans à la tête du pays, et en créant son propre parti, le NPP.
« Il a été sous-estimé » analyse le professeur Saine, et il a su convaincre. Soutenu par la communauté internationale, proche du président sénégalais Macky Sall, Adama Barrow a permis à la Gambie de s’ouvrir.
Parmi les défis qui l’attendent pour ce second mandat : le développement, le projet de nouvelle constitution qui n’a pas abouti ou encore la mise en œuvre des recommandations de la commission vérité réconciliation et réparations pour les victimes de l’ancien régime. Adama Barrow devra enfin « travailler à l’unité » poursuit le chercheur, « dans un pays qui a été profondément divisé ».
En effet, le pays reste fracturé alors que l’opposition, et notamment Ousainou Darboe arrivé deuxième, rejetait dès dimanche soir les résultats annoncés par la commission électorale. Tout en appelant les Gambiens au calme et à rester pacifiques, Ousainou Darboe a affirmé que « tous les moyens d’action sont sur la table ».
La Cédéao, qui a joué un rôle dans la crise post-électorale de 2015 et le départ de l’ancien président Yaya Jammeh, avait appelé tous les candidats à accepter de bonne foi l’issue de cette élection. Plusieurs missions d’observation, dont celles de la Cédéao et de l’Union européenne, présentent leurs conclusions ce lundi 6 décembre à Banjul.
Source: Autre presse