Réconciliation-Assoua Adou (Fpi), après une séance de travail avec Guikahué (Pdci): «On a l’impression que chacun attend l’autre au tournant…»
L’alliance et la réconciliation entre le Front populaire ivoirien (Fpi) de Laurent Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda) d’Henri Konan Bédié semblent sur la bonne voie. Une forte délégation du parti du président Laurent Gbagbo, conduite par son Secrétaire général, le ministre Assoa Adou, a eu une importante séance de travail avec le Secrétariat exécutif du Pdci-Rda à la Maison du parti doyen à Cocody. A l’issue des échanges, le ministre Assoa Adou s’est confié à la presse présente: « Le Front populaire ivoirien, sur instructions du président Laurent Gbagbo, s’est engagé depuis Janvier dernier dans une campagne pour la réconciliation nationale. Parce que nous considérons que la réconciliation n’a pas été faite. Et les Ivoiriens, on a l’impression que chacun attend l’autre au tournant. Et le président Gbagbo nous a dit de mener cette campagne. Nous avons écrit à toutes les formations politiques et à beaucoup d’associations dans le pays. Et comme le président Bédié avait demandé au chef du Secrétariat exécutif du Pdci, d’aller voir le président Laurent Gbagbo à Bruxelles. A notre retour, il nous a demandé d’aller remercier le président Bédié. Aujourd’hui, nous venons rencontrer officiellement le Pdci-Rda, effectivement, pour montrer que les ivoiriens doivent se réconcilier. C’est une urgence d’ailleurs, cette réconciliation-là. Et le Pdci est le premier parti à accepter notre demande de rencontre. Donc nous sommes venus pour entamer les discussions. Nous allons poursuivre les contacts. Nous souhaitons que toutes les formations politiques de Côte d’Ivoire, toutes les grandes organisations de Côte d’Ivoire acceptent cette demande du Front populaire ivoirien, pour qu’on ait les discussions » a-t-il déclaré. Il s’est également prononcé sur l’arrestation du ministre Bamba Moriféré. « Ce qui est arrivé à Moriféré fait penser à mon cas. Moi j’étais rentré en Novembre 2014, juste pour faire la campagne du président Laurent Gbagbo, concernant le Congrès du Front populaire ivoirien. Un soir, à 20h30, ma maison a été cernée par les hommes armés avec des Kalash, sur les toits, devant les portes. Quand j’ai demandé, vous avez un mandat ? Ils ont dit qu’eux, ils n’ont pas besoin de mandat. J’ai été enlevé et j’ai fait quatre ans de prison dont une bonne partie au camp de Bouaké. Heureusement pour Moriféré, il a échappé. Il est convoqué pour aller encore répondre. Je souhaite qu’il ne soit pas encore arrêté. Parce que comme on le dit dans ce pays, il y a la loi et la décision. C’est-à-dire celui qui décide n’a pas besoin de suivre la loi. Ce qui est déplorable et ce que le Fpi dénonce. C’est-à-dire qu’on s’est battu pour avoir la démocratie, aujourd’hui, la démocratie n’existe plus en Côte d’Ivoire », a rappelé le secrétaire général du Fpi. Pour lui, le pouvoir a lancé une campagne visant à museler l’opposition ivoirienne. « Mais bien entendu, nous espérons que les autorités vont se ressaisir et permettre à l’opposition de s’exprimer. D’ailleurs, c’est dans leur intérêt que l’opposition s’exprime. Ils sauront alors qu’est-ce que veut dire l’opposition. Or, en ce qui nous concerne, nous voulons la paix. Nous ne voulons pas que ce pays soit totalement détruit », craint-il. A propos de l’alliance-réconciliation Fpi-Pdci, le ministre Assoa Adou a dit laisser la latitude aux présidents Bédié et Gbagbo d’en décider. « Mais quand deux grandes personnes doivent se rencontrer, nous autres ce n’est pas de notre rôle d’aller leur poser la question. Nous attendons. Si ça se fait, nous allons applaudir. Donc on est dans l’attente » a-t-il conclu.
Gilles Richard OMAEL
Photos : Victorine SOKO