Présumé riz avarié au Port d’Abidjan, entre L’éléphant déchainé et le ministère du Commerce qui dit vrai ? Toute la vérité !!!- Les rapports de la Guinée et du Togo, selon E.D.
Depuis quelques jours, la presse nationale alerte sur le déchargement d’une cargaison de riz au port autonome d’Abidjan qui serait sinon avarié du moins impropre à la consommation. « L’Eléphant » dont ce n’est pas forcément le régime alimentaire a néanmoins mené l’enquête pour savoir ce qu’il en est.
Les faits d’abord. 18 000 tonnes de riz Birman ont été débarquées au port d’Abidjan le lundi 11 mars à partir de 7 h 30 au quai 16. La cargaison était transportée par le navire M/V Ocean Princess dont le chargement avait été préalablement refusé au Togo. Le riz a pour destination finale la société OLAM au Burkina Faso.
Un passage par la Guinée et le Togo
Mais avant d’arriver en Côte d’Ivoire, le navire a connu deux étapes sur sa route.
En Guinée d’abord, à Conakry, où le cargo a mouillé le 18 novembre 2018. Ce qui se serait passé là-bas ne correspond pas à la version que l’opinion a pu entendre par voie de presse. Le ministre du commerce guinéen, Boubacar Barry, a bien ordonné, dans une lettre adressée au directeur général d’ « Huilerie de Guinée » de la société Olam, « le renvoi de 22 000 tonnes de riz Birman à son fournisseur ». Une décision justifiée par une analyse de ses services qui « ont décelé des anomalies liées au poids et à la qualité du riz birman ».
En revanche, contrairement à ce qui a été dit, 3 895 tonnes de ce même riz ont bien été débarquées en Guinée. Étonnant, alors que le ministre du commerce avait interdit le débarquement de la cargaison. Rami Khater, directeur général d’Alimentation Toumodi, réceptionnaire du riz à Abidjan, a une explication.
« Le client qui devait récupérer le riz en Guinée a fait défaut de paiement, alors il fallait bien trouver quelque chose pour refuser la marchandise. Il a donc décidé de dire qu’il était impropre à la consommation. Je crois que la société Olam envisage de porter plainte ».
La polémique se déplace alors au Togo où l’affaire s’emballe sous l’impulsion de la Ligue des consommateurs togolais (LCT). Le vendredi 28 décembre 2018, avant même que le cargo ne débarque à Lomé, son président alerte la presse togolaise et demande aux autorités de ne pas laisser le navire accoster pour débarquer le riz. Une alerte qui s’appuie sur de simples rumeurs et aucune analyse effective du riz.
Néanmoins la pression médiatique aidant, cela aboutit à une décision du colonel Ouro-Koura Agadazi, ministre en charge de l’Elevage et de la Pêche, qui signifie l’interdiction de débarquement de la cargaison du navire, arrivée le 6 janvier 2019, au directeur général du port. Un choix qu’il justifie ainsi dans son courrier : « La documentation fournie par le navire n’étant pas conforme, nos services techniques ne peuvent procéder à l’inspection phytosanitaire de la cargaison en application de la réglementation phytosanitaire en vigueur au Togo ». Résultat : le riz ne sera pas débarqué à Lomé.
Des analyses de qualité « satisfaisante »
Si les autorités togolaises ont refusé de faire analyser le riz par leurs services phytosanitaires ainsi que l’a justifié le colonel, des analyses ont bien été faites en Guinée.
Et il semble qu’en dépit des rumeurs, le riz soit bel et bien propre à la consommation. L’Office national de contrôle de qualité guinéen dépendant du ministère du commerce a rendu le certificat d’analyse n°1251/2018/ONCQ en date du 19/11/2018. Verdict : « L’échantillon analysé est du Riz Blanc Birman brisures qualité Superior « CIAO », de qualité satisfaisante, propre à la consommation humaine».
Une analyse confirmée au Togo par l’Institut national d’hygiène, le 30 janvier 2019. Le constat est de nouveau sans appel : « Les échantillons analysés sont de qualité d’hygiène et de sécurité alimentaire « SATISFAISANTE ». Le chef du laboratoire Badziklou Kossi dissipe tout doute : « Les produits analysés sont propres pour la consommation humaine et pour l’alimentation animale ».
Une source au sein des services de contrôle du port autonome d’Abidjan abonde dans le sens des précédentes analyses : « Pour le moment, il y a des dommages oui, mais on a déjà vu pire… Et ces dommages semblent relativement « normaux » vu le temps passé par le navire sur rade ».
Pourtant, à Abidjan aussi la rumeur a couru, visiblement toujours alimentée par la Ligue des consommateurs togolais qui a passé le mot, à sa sœur ivoirienne, la Fédération nationale des associations de consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Faca-Ci). Cette dernière s’est exprimée sur le sujet la semaine dernière et a contacté de nombreuses rédactions.
Une pression médiatique qui a obligé le ministère en charge du commerce, à s’exprimer sur le sujet. Il a annoncé que des analyses supplémentaires en plus de celles déjà effectuées par les services phytosanitaires du ministère de l’agriculture vont être faites et qu’en cas de résultats négatifs, le riz serait détruit.
Une éventualité qui a peu de chances de se produire.
En attendant, les 18 mille tonnes de riz roupillent au port d’Abidjan.
DORIAN CABROL, in L’Eléphant déchainé numéro 635 du mardi 26 mars 2019
Pourtant le ministère du commerce a produit un communiqué traité par Apa
« Les résultats des analyses des échantillons de ce riz effectuées par un laboratoire accrédité et agréé dans le cadre du programme de Vérification de conformité des marchandises à destination de la Côte d’Ivoire (VOC), sont non-conformes à la norme ivoirienne », écrit le ministre dans un communiqué dont APA a obtenu copie samedi.
En conséquence et conformément aux dispositions de l’article 17 de la loi du 15 juin 2016 relative à la répression des fraudes et des falsifications en matière de vente des biens ou services, « il est procédé à la saisie réelle et la mise sous scellés de ces 18 000 tonnes de riz birman et au déclenchement de la procédure de destruction » , ajoute M. Diarrassouba.
Cette importante quantité de riz appartiendrait à un opérateur économique guinéen, selon plusieurs sources proches du dossier.
L’Etat ivoirien a mis en place depuis le 15 février 2019, un dispositif de contrôle de conformité pour la protection des consommateurs, rappelle-t-on.
LS/APA