Soro Kanigui (pdt Raci) crache ses vérités à Ouattara, au Rdr-Rhdp et promet: «Nous serons la troisième force politique à l’Assemblée nationale»
Dans la deuxième partie de son interview à Générations Nouvelles, le député Kanigui Soro, président de RACI, revient sur la gouvernance Ouattara.
Au RDR où se trouve certains des partisans de Guillaume Soro, l’on estime que ce serait une erreur pour le président de l’Assemblée nationale de faire alliance avec Bédié qui est selon eux un has been…
Mais ce n’est pas Guillaume Soro qui a baptisé le troisième pont d’Abidjan du nom du Président Henri Konan Bédié. Si le pouvoir détestait tant l’ancien président de la République, pourquoi en est-il arrivé à baptiser ce pont Henri Konan Bédié ? Je pense qu’ils gagneraient à laisser Guillaume Soro faire lui-même ses choix. Il est quand adulte. Et on est à une période où le mariage forcé est proscrit. Une fois adulte, c’est à toi de choisir ton conjoint. Aujourd’hui Guillaume Soro est un adulte, il peut choisir comme collaborateur, comme ami ou comme allié qui il veut. Si certains pensent qu’ils ne peuvent soutenir Guillaume Soro parce qu’il aura fait une alliance avec Henri Konan Bédié, c’est leur droit. Mais le plus important pour nous au stade où nous en sommes, c’est que la Côte d’Ivoire sorte de cette situation dans laquelle elle se trouve. Ils ne peuvent donc pas nous complexer avec de tels arguments. Ça ne nous émeut même pas. Nous, nous allons mettre en place une politique d’ouverture pour tous les Ivoiriens qui veulent travailler à la promotion de la paix, de l’amour, de la fraternité et surtout de la défense de tout ce qui est lié aux intérêts de notre pays.
Le Président Ouattara lors de son discours du 26 janvier a dit que tous ceux qui voudront se présenter en 2020 peuvent se présenter, y compris les absents au congrès du RHDP unifié. N’est-ce pas pour Soro qu’il fait cette ouverture ?
Ce message ne s’adresse qu’aux seuls cadres de son parti dont Guillaume Soro n’est pas membre. Dans quel parti au monde on ouvre des primaires à l’ensemble des citoyens du pays ? C’est vous dire que ça, c’est un ancien débat. Il a créé un nouveau parti dont nous ne sommes pas membres. Il peut organiser des primaires à l’intérieur du RHDP et comme c’est son parti, je n’ai pas de commentaire à faire sur de telles initiatives du moment où nous ne sommes pas membres de son parti. Dans quelques jours moi-même je devins chef d’un parti politique donc je n’ai pas à me mêler d’élections primaires que veut organiser un autre parti politique.
Parlant justement du Raci, est-ce dans la perspective de 2020 que vous décidez de le transformer en un parti politique ?
Oui et non. Oui, parce que nous avons demandé que Guillaume Soro soit candidat. Depuis la création du Raci, notre organisation est restée un mouvement parce qu’on espérait que les tenants du régime en place allaient utiliser l’arme du dialogue pour ramener tout le monde, maintenir tout le monde dans la maison : Henri Konan Bédié, Guillaume Soro… A partir de ce moment, comme en 2015, le Raci allait accompagner le candidat qui allait être choisi au terme d’un grand dialogue et d’un consensus pour briguer la magistrature suprême du pays. Mais quand nous nous sommes rendus compte que l’intolérance a pris le dessus sur le dialogue ; nous nous sommes rendu compte aussi que ceux qui sont au pouvoir sont en train d’user de l’arme de l’ethnicisme et de la tribu pour faire de la politique comme d’autres régimes l’ont fait, à partir de ce moment, nous nous sommes dit qu’il faut offrir au peuple de Côte d’Ivoire un nouveau parti politique qui, lui, n’allait pas travailler dans le cadre de la promotion de l’ethnocentrisme, du tribalisme, de l’exclusion… Le Raci, depuis sa création, a travaillé à s’implanter dans toutes les régions du pays avec l’accord de tous les fils et les filles de la Côte d’Ivoire. Nous avons travaillé à asseoir une force politique dont la configuration ressemble à la configuration socio-ethnique de notre pays. Quand nous nous sommes rendus compte que la plupart des partis classiques, les anciens partis, continuaient de rester dans la promotion de l’ethnie, alors, nous avons estimé qu’il était important que le Raci puisse se constituer en parti politique et proposer un nouvel instrument d’éducation politique au peuple de Côte d’Ivoire. Donc vous conviendrez avec moi que cette vision n’est pas liée aux échéances de 2020 puisqu’au-delà de cette date, le Raci va continuer d’exister.
Vous avez aussi décidé de monter votre propre groupe parlementaire. Avez-vous les hommes pour le faire et mener la bataille qui se profile à l’horizon au Parlement où votre ancien parti garde toujours la majorité ?
Quand on crée un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, ce n’est pas forcément pour viser tout de suite la majorité parlementaire.
Mais êtes-vous en mesure de mener la bataille ?
Oui, bien sûr. Je puis déjà vous assurer que nous serons déjà la troisième force politique à l’Assemblée nationale. C’est donc un grand groupe parlementaire que nous sommes en train de constituer. Ceci dit, aussi petit soit-il, un groupe parlementaire a toujours de l’influence sur le fonctionnement de l’Etat et au niveau de l’Assemblée nationale notamment en participant aux prises de décisions dans le bureau de l’institution. Il peut aussi s’adresser à l’ensemble des députés. Et à ce niveau, je peux vous dire d’ores et déjà que le Raci peut faire évoluer beaucoup de choses, les faire changer au niveau de l’Assemblée nationale.
Combien de députés revendiquez-vous à l’heure où nous parlons ?
Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons travaillé de sorte à avoir un groupe parlementaire assez consistant. Sans tout déballer ici et pour vous donner un chiffre, les députés membres du Raci sont au nombre de 15. Pour constituer un groupe parlementaire, il faut avoir avec soi 8 députés.
Dans la nouvelle configuration qui se dessine à l’Assemblée nationale, est-il possible que vous fassiez front commun avec le groupe parlementaire PDCI par exemple ?
Depuis plusieurs mois déjà nous sommes en contact avec les groupes parlementaires PDCI et Vox Populi. Donc quand la prochaine session va s’ouvrir, nous comptons collaborer avec tous les groupes parlementaires qui seront présents à l’hémicycle, y compris avec le groupe RHDP. Car voyez-vous, nous ne constituons pas notre groupe parlementaire pour nous poser en opposants radicaux au pouvoir. En tant que président du Raci, je peux dire que ce n’est pas notre vision des choses. Etant entendu que nous travaillons pour avoir une Côte d’Ivoire apaisée, nous n’allons pas dans le même temps être une opposition radicale. Parfois les mots peuvent être tranchants, la critique peut-être acerbe mais notre objectif n’est pas de nous constituer en une opposition radicale. Pourquoi ? Parce qu’on veut montrer au chef de l’Etat que quel que soit ce qui va arriver, nous avons contribué à son avènement au pouvoir, nous avons contribué à sa réélection et nous allons travailler à faire en sorte que jusqu’à la fin officielle de son mandat, nous puissions faire en sorte d’être des hommes l’accompagnent dans la mise en oeuvre de sa politique. Puisque logiquement c’est pour cette politique que le peuple de Côte d’Ivoire l’a élu. Donc tant que la mise en œuvre de cette politique sera conforme au programme de gouvernement qui avait été décliné, à l’occasion de la campagne électorale, notre groupe l’accompagnera au Parlement. Cela veut dire que notre groupe ne fera pas d’opposition systématique aux projets de loi que le gouvernement déposera sur la table de l’Assemblée nationale. D’ailleurs, quand il va s’agir de se parler pour qu’un projet de loi qui arrive à l’Assemblée dont la nécessité pour le peuple de Côte d’Ivoire est avéré et qui entre dans la vision du chef de l’Etat telle que déclinée dans sa campagne électorale ; si un tel projet arrive, nous ferons en sorte que le groupe parlementaire Raci aille dans le sens de son adoption. Telle est la vision du président Guillaume Soro.
Peut-on s’attendre que Guillaume Soro rejoigne le groupe parlementaire Raci ?
Oui, c’est presque acté. Les discussions sont sur la bonne voie.
Est-il possible qu’il soit le président du groupe parlementaire Raci ou allez-vous le proposer à la tête d’une commission ?
Je ne pense pas.
Votre collègue Alain Lobognon continue de payer cher un twitte qu’il a fait. Comme d’autres députés qui ont marché le jour de son procès, pensez-vous que c’est son immunité qui devrait prévaloir dans le cadre des poursuites engagées contre lui ?
Absolument. Mais si l’on veut laissons même tomber cette immunité. Je trouve injuste qu’on puisse arrêter quelqu’un pour un tweet qui n’appelle ni à un assassinat, ni à soulèvement mais qui disait simplement qu’on veut arrêter quelqu’un, alors que tous les jours, les gens du régime en place font des annonces… Des gens sont notamment allés jusqu’à annoncer l’assassinat programmé du président de l’Assemblée nationale sans qu’ils n’aient été inquiétés. C’est un deux poids deux mesures trop graves que je n’arrive pas à comprendre. Seule la haine peut motiver un tel acharnement, en dehors de son statut de député qui n’est pas respecté.
Le procureur soutient pourtant que le twitte en question est à la base de manifestation…
Et alors ? Dans quel pays l’on n’est pas autorisé à manifester ? Mais entre nous, les manifestations dont il s’agit ici ont-elles débouchées sur des meurtres ? Personne depuis lors ne m’a présenté quel que dégâts que ce soit à l’issu des manifestations allégués. Bien plus, est-ce que ceux qui sont allés manifester ont dit au procureur que c’est le twitte du député qui les a révoltés ou qui les a clairement invités à aller manifester ? Alain Lobognon était-il aux côtés des manifestants dans les rues ?
N’est-ce pas parce que vous estimez que le député Lobognon a contribué à l’avènement au pouvoir de ce régime que vous pensez qu’il ne devrait pas être arrêté ?
Non, pas du tout ! Alain Lobognon est un citoyen comme tout autre. Il ne saurait être au-dessus de la loi. Je vous dit simplement que son arrestation est absurde. Y a-t-il au moins un seul manifestant qui a expliqué au procureur que le fait qu’il est allé battre le pavé est lié au twitte d’Alain ? Ou bien a-t-on une image sur laquelle on voit Alain aux côtés des manifestants ?
Comment se fait-il qu’il y a un an dans le cas de Yah Touré, l’Assemblée nationale a fait bloc derrière ce député et que là, dans le cas d’Alain Lobognon, le Parlement se déchire jusqu’au point où son ancien parti a non seulement refusé de voter la résolution adoptée mais va jusqu’à la dénoncer ?
C’est ce que j’appelle la haine. Mais la haine contre Guillaume Soro va perdre ce régime. C’est la haine et l’intolérance qui les amènent à commettre d’aussi graves dérapages. Pour s’en convaincre, il n’y qu’à voir le cas Soro Kognon. Pendant qu’on poursuit Alain Lobognon pour un twitte, la mort d’une jeune, poignardé au vu et au su de tout le monde n’a jamais fait l’objet d’une communication officielle du procureur. Mieux, le corps du jeune homme a été arraché à sa famille. Il a fallu attendre 5 mois avant que le corps ne soit restitué et permettre à la famille d’inhumé le pauvre jeune homme. Je peux vous dire que les auditions des suspects ont commencé mais on ne sait pas jusque-là où se trouvent les concernés. Et quand la justice a besoin de les entendre, ce sont leurs familles qui se présentent face aux enquêteurs alors qu’ils sont supposés être aux arrêts. Dans un pays qui se veut un Etat de droit, voyez comment l’on traite des gens qui ont assassiné un jeune étudiant dont le simple tort a été de vouloir prendre part à une réunion du Raci. Les présumés assassins bénéficient d’une sorte d’encadrement, une sorte de protection de l’Etat. Pendant ce temps, on arrête un député pour un twitte.
Ça vous choque ça ?
Je suis vraiment malheureux. Et malgré toutes nos dénonciations, pas un seul jour nous n’avons vu le procureur venir faire le point sur les enquêtes relatives au meurtre de Soro Kognon. Jamais. Mais pour un tweet, il organise une conférence de presse.
Au RDR, certains disent qu’il n’y a jamais eu de procès sur les morts de la rébellion. Ils disent donc ne pas comprendre pourquoi vous réclamez forcément et particulièrement justice pour Soro Kognon…
Quand j’entends ou je lis les gens du RDR sur les réseaux sociaux développer de tels arguments, je me rends compte qu’on a vraiment lutté avec des méchants. Si ce genre de raisonnement venait même des gens du FPI, je comprendrais. Mais venant de gens du RDR, je ne sais même pas s’il faut leur répondre. S’il y a eu des événements malheureux qui ont peut-être conduit à des morts d’hommes et que c’est nous qui devons payer à la place des gens du RDR, on préfère ne rien leur répondre. Dieu jugera chacun.
Selon certaines indiscrétions, l’Exécutif voudrait attendre qu’Alaon Lobognon soit jugé avant que le chef de l’Etat ne lui accorde la grâce. C’est une lueur d’espoir non ?
Ce serait malheureux que les gens veuillent prendre un tel chemin parce que pour moi, Alain n’avait même pas à être jugé pour attendre une grâce du chef de l’Etat. Si on se retrouve dans une telle situation, l’ensemble des Ivoiriens devrait se mettre à l’idée qu’on devrait nécessairement que les choses changent.
Certains au RDR dénoncent le fait que trop souvent vous avez tendance à vous attribuer la paternité de l’accession de M. Ouattara au pouvoir. Est-ce que sur la question, vous n’exagérez pas parfois votre rôle dans l’avènement du RDR au pouvoir en donnant l’impression que c’est le camp Soro qui a installé Ouattara sur le trône ?
Le RDR même sait que c’est nous qui avons mis Ouattara au pouvoir.
N’exagérez pas, ils ont commencé la lutte avant l’étape des ex-Forces nouvelles…
Et ils sont arrivés où avec leur lutte ? Et même quand vous dites qu’ils ont commencé, n’occultez pas le fait que moi-même j’étais là au début de cette lutte. Donc si vous voulez, laissons même la rébellion de côté. Ce que moi j’ai fait au RDR, beaucoup parmi ceux qui se bombent la poitrine parce qu’ils ont tous les avantages de l’Etat n’ont pas fait le quart. Le jour où j’allais au Forum de réconciliation nationale pour prendre la parole, beaucoup parmi ces gens-là étaient cachés sous leur lit. Donc quand ils parlent de la lutte du RDR, qu’ils n’oublient que nous aussi nous l’avons mené. Demandé à ceux parmi eux qui ont encore de la mémoire, sur la Fac (le campus de l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, ndlr) j’étais l’un des rares étudiants qui osaient porter un tee-shirt à l’effigie d’Alassane Ouattara. Je portais des tee-shirts à l’effigie d’Alassane Ouattara pour aller sur le campus où les gens du FPI estimaient que je venais les défier. Combien parmi eux l’ont fait ? Nombreux parmi tous ceux qui piaillent aujourd’hui ne sont en réalité que des gens qui ont rejoint le RDR après 2007, c’est-à-dire après les années de braises où il fallait être brave pour militer au RDR. Ils ne peuvent donc pas nous donner de leçons en la matière. Même les membres de la direction, la plupart d’entre eux n’étaient plus en place. Ils étaient la plupart partis en exil. Aujourd’hui, si la CEI qu’ils instrumentalisent n’avaient pas échappé au contrôle des gens du FPI et de Gbagbo, pensent-ils qu’ils auraient pu accéder au pouvoir, surtout avec les énormités qu’ils racontent ?
Le RDR explique que 2020 est bouclé, géré. Une telle assurance ne ruine-t-elle pas les chances de votre champion ?
S’ils étaient si rassurés, ils n’allaient pas dire quelqu’un que c’est bouclé. On n’a pas besoin de dire à quelqu’un qu’une porte est bouclée. On tentant d’ouvrir, la personne se rendrait compte que la porte est bouclée. En réalité, quand ils disent que c’est bouclé, ils ne le disent pas pour les autres. Ils le disent pour rassurer leurs bases qui ont eu un peu peur à l’annonce de l’acquittement et de la libération de Gbagbo et qu’on a vu des mouvements incroyables. Cette annonce les a tous ébranlés du sommet à la base. Donc ce genre de propos, ils le disent non pas pour les autres mais pour rassurer leurs partisans qui sont déboussolés. En réalité le RDR a eu peur.
Cette libération de Gbagbo ne mélange-t-elle pas vous aussi vos plans ?
Nous n’avons aucun problème avec la libération de Gbagbo. La raison ? Nous sommes battus depuis quelques mois pour demander cette libération. On a été les premiers et les seuls à réclamer la réconciliation nationale. On a été les premiers et les seuls à demander pardon. On ne peut donc pas faire ça et en même temps nourrir un vœu intime visant à maintenir Laurent Gbagbo et ses partisans en prison.
Le RDR estime que vous faisiez de ça un fonds de commerce…
Et comment appelle-t-on ce qu’ils font, eux ? Ce sont eux qui ont des problèmes, pas nous. Souvenez-vous qu’il y a peu, c’est Amadou Soumahoro qui passait son temps à dire que si le RDR perd le pouvoir, ils se retrouveraient tous en exil. Jamais Guillaume Soro n’a parlé d’exil. Et jamais, moi le président du Raci je n’ai parlé d’exil. Si le jeu démocratique se fait et que quelqu’un d’autre vient au pouvoir, moi je continuerai de vivre dans ce pays…
Certains au FPI même estiment que Soro est un peu à la base des malheurs de Gbagbo qu’il aurait trahi et contribué à son transfèrement à la CPI… Dans ces conditions-là, le rapprochement avec le FPI est-il ?
Nous, on n’a pas de problème avec le FPI, tout comme on n’a pas de problème avec le PDCI ou toute autre force politique en Côte d’Ivoire. Ce que nous nous recherchons, c’est la réconciliation nationale, le pardon. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons le courage de dire non à Alassane Ouattara. Et ce que nous faisons, ce n’est pas pour faire plaisir aux gens du FPI ou à ceux du PDCI. Nous le faisons pour la paix. Tout comme hier on a estimé qu’on était en mesure de prendre nos responsabilités pour faire face à l’injustice que subissait Alassane Ouattara et une bonne partie de l’opinion ivoirienne, aujourd’hui encore, nous avons décidé de prendre cette même responsabilité. Chaque fois que nous estimons que les choses ne vont pas dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire, nous prenons nos responsabilités que nous savons très bien assumer. Personnellement, cela ne me plairais pas que Gbagbo soit encore détenu parce qu’une bonne partie de l’opinion réclame sa libération. Il faut donc que cette libération soit effective. Au plan national, Alassane Ouattara a libéré Simone Gbagbo et tous les civils partisans de M. Gbagbo qui étaient détenus ici. Au passage je voudrais lui dire merci pour cela. Ça veut dire que si Gbagbo et Blé Goudé étaient au pays, ils auraient pu bénéficier de la même ordonnance. Où est donc l’hypocrisie dans le fait que nous réclamions la libération de l’ancien président de la République et de tous ses partisans ? Cela veut dire que le Président lui-même est intimement convaincu que c’est un passage obligé pour aller à la réconciliation nationale. Il faut donc y aller sans faire de calculs en mettant des personnalités en prison, tout simplement pour se donner de la contenance politique. Une telle perception des choses ne participe pas à la démocratie dans notre pays.
Réalisée par Marc Dossa (Générations Nouvelles)