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Côte d’Ivoire (vœux 2019)-Un politicien à Ouattara: «Y a-t-il de la fierté à exhiber une plaie aussi pourrie, putréfiée, purulente et non soignée?»

Côte d’Ivoire (vœux 2019)-Un politicien à Ouattara: «Y a-t-il de la fierté à exhiber une plaie aussi pourrie, putréfiée, purulente et non soignée?»

«Si cette CEI est une fierté pour Ouattara, elle est une plaie pour le pays… ». Nous l’avons tous entendu au palais présidentiel, ce lundi 7 janvier : le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, en recevant les vœux du nouvel an, a dit que la CEI, « fruit d’un large consensus de tous les acteurs politiques de premier plan » du pays, a brillamment organisé, depuis 2010, sept (07) élections en Côte d’Ivoire, y compris le référendum constitutionnel de décembre 2016, et que le président de cette CEI, Youssouf Bakayoko, est « une fierté » pour lui. C’est pourquoi, « Le consensus qui a été obtenu (pour cette CEI) ne saurait être remise en cause », a-t-il fait savoir.
Le chef de l’Etat ne pouvait dire les choses autrement, puisque toutes ces élections, qu’il évoque avec tant de satisfaction, lui ont été favorables. On verra comment il pourrait se déchaîner et se braquer contre le changement, quand la girouette politique tournera en faveur de la démocratie. Donc, quand il se réjouit de cette façon triomphaliste, on voit bien qu’il a, aujourd’hui, le beau rôle, en ne tarissant absolument pas d’éloges à l’endroit de cette institution électorale qui a, pourtant, perdu de sa superbe, quant à la crédibilité et à la légitimité qu’elle n’a plus, au regard de la vie politique intérieure actuelle de notre pays.
Au regard, justement, de la situation politique intérieure actuelle de la Côte d’Ivoire, nous disons que nous ne pouvons, malheureusement, être aussi enthousiastes que notre chef d’Etat. Si la CEI actuelle, dont il s’auréole, est une fierté pour lui, elle est une grosse plaie, une gangrène cancérigène pour le pays.
Ce qu’il ne faut surtout pas perdre de vue, et nous voulons ici le rappeler au chef de l’Etat, c’est que le sentiment populaire que donne, aujourd’hui, cette institution électorale, est qu’elle a perdu la confiance du peuple, à cause, justement, de la compromission politique de cette CEI avec l’Exécutif, alors même qu’on la supposait indépendante.
Le chef de l’Etat a aussi dit avoir entendu beaucoup de choses dites contre cette CEI. Oui, nous les disons, tous les jours, ces choses critiques contre la CEI, notamment les récriminations sur cette sorte de « loyauté » filiale dont elle se fait le devoir à l’égard de l’obédience politique incarnée par l’Exécutif ivoirien, affinité qu’on s’explique mal, surtout avec les propensions de brigandage électoral développées à l’occasion des dernières élections locales (municipales et régionales) du 13 octobre 2018.
Mais quand, nous opposition, parlons de réforme en profondeur de cette CEI, et que le chef de l’Etat ne parle, lui, que de la seule et simple recomposition de cette CEI, on se demande bien s’il veut que les récriminations formulées changent. On se demande bien s’il veut accepter de faire changer quoique ce soit concernant cette CEI qu’il adule.
Or donc, c’est parce que la mouture actuelle de cette CEI, qui a organisé 7 élections en sa faveur, lui plaît au point de faire sa fierté, à lui seul, fierté d’homme au pouvoir, qu’il ne parle pas, du tout, le même langage de la réforme telle que voulue par l’opposition du pays.
Ce serait aussi parce qu’il est assuré de procéder à une simple recomposition de la CEI, qu’on verra liguée encore à son seul et unique profit, qu’il a également dit, au palais présidentiel, ce même lundi : « Il n’y aura rien en 2020 (…) 2020 se passera bien, et même très bien ! (…) J’entends beaucoup d’inquiétudes au sujet des élections de 2020 (…) Pour ma part, je suis confiant et je veux vous dire que les élections de 2020 se passeront très bien. Je fais confiance aux Ivoiriens et à nos Institutions. Les élections de 2020 se passeront très bien (…) Arrêtons de nous faire peur et de dire qu’il y aura des problèmes en 2020 (…) Je tiens à la stabilité et à la paix dans notre pays. Vous pouvez me faire confiance (…) Nul ne sera en mesure de troubler cette paix tant que je serai à la tête de la Côte d’Ivoire », a longuement martelé le chef de l’Etat. Soit.
Les Ivoiriens voudraient, les yeux ronds, prendre le Chef de l’Etat aux mots, pour que 2020 se passe effectivement très bien, mais en leur faveur, en faveur de la démocratie et de l’alternance politique. On verra s’il va continuer à être si enthousiaste, quand l’alternance politique sera le résultat implacable de la présidentielle de 2020.
Mais comme il dit que « nul ne sera en mesure de troubler » sa quiétude « tant qu’il est à la tête de la Côte d’Ivoire », ce qui signifie qu’il prépare sa longévité au pouvoir, va-t-il imposer manu militari, aux Ivoiriens, « sa » recomposition de cette CEI dépassée, avariée et indigeste, pour que « 2020 se passe bien, et même très bien », comme il le rêve ? Y a-t-il de la fierté à exhiber, à tous, une plaie aussi pourrie, putréfiée, purulente et non soignée, telle que l’est « sa » CEI actuelle ?
Sylvain Takoué,
Président du
Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.)

2 comments

Disté pabelo says:

Certains ont mis des années de sacrifices durant leur carrière politique pour poser les jalons des rudiments de la démocratie. Ce fut une demarche politique prometteuse pour un pays comme la Côte d’ivoire qui en avait le plus besoin. De son statut d’homme politisé, ouattara a toujours combattu la démocratie, ses organes ses institutions et même ses promoteurs. En 1992, en pleine gloire du multipartisme, au moment où les ivoiriens y compris les militants du PDCI inauguraient ce changement dans notre pays, ouattara a trouvé l’occasion de Jeter Laurent Gbagbo, sa famille et ses amis en prison…ce sont les initiateurs du multipartisme en Côte d’ivoire.
Aujourdhui, ouattara au pouvoir détruit le pluralisme démocratique, ses organes et ses institutions. Il a taillé la constitution à sa mésure. Tous les partis politiques sont desormais nourris à la sève du parti unique en les vidant de ses substances. Le FPI de Affi, le PDCI de Adjoumani, le MFA, UDPCI….nous sommes en plein essor de la pensée unique pour la domination du despote ouattara.
La CEI n’est que cet outil de cette domination tyrannique. La tyrannie des armes par ses pratiques cruelles actuelles et honteuses mourra un jour. Les ivoiriens ont besoin de leur pays pour revenir à un Etat de droit, plus que jamais necessaire pour la construction d’une nation. C’est en cela qu’un jour triomphera notre patrie.

africanewsquick says:

Merci pour cette analyse pointue.

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