Sélectionneur de la Côte d’Ivoire lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2023, Jean-Louis Gasset est mort vendredi à 72 ans. Son passage mouvementé à la tête des Éléphants, conclu par un sacre historique sans lui, reste l’un des épisodes marquants de sa carrière.
Jean-Louis Gasset est mort vendredi 26 décembre à l’âge de 72 ans, a annoncé le Montpellier HSC. Natif de la ville, l’ancien milieu de terrain a marqué le football français par sa longévité et ses succès comme adjoint, mais aussi par son passage mouvementé à la tête de la sélection ivoirienne, dont le souvenir reste important alors que la Côte d’Ivoire défend actuellement son titre à la CAN 2025 au Maroc.
En mai 2022, Jean-Louis Gasset signait le premier contrat de sélectionneur de sa longue carrière en prenant les rênes des Éléphants de Côte d’Ivoire, choisi par Idriss Diallo, alors nouveau président de la Fédération ivoirienne de football (FIF). Sa mission: mener le pays hôte au moins jusqu’aux demi-finales de la CAN 2023.
Le sacre de la CAN 2023 sans lui
Son mandat est plutôt convaincant, jusqu’au point de bascule, le 22 janvier 2024. Ce soir-là, au stade Alassane Ouattara d’Abidjan, la Côte d’Ivoire s’effondre face à la Guinée équatoriale (0-4). C’est la plus lourde défaite à domicile de l’histoire des Éléphants, « l’une des plus grandes surprises de l’histoire de la CAN« , rapporte la BBC. Les joueurs quittent le terrain en larmes sous les huées du public.
Deux jours plus tard, le 24 janvier, la Fédération ivoirienne de football (FIF) annonce avoir « démis de ses fonctions » Jean-Louis Gasset et son adjoint Ghislain Printant « en raison de résultats insuffisants ».
Mais dans une interview accordée à L’Équipe début février 2024, Gasset évoque lui-même une « démission » dans un contexte compliqué: « On était dans un vestiaire dévasté avec des affrontements à l’extérieur. Je voyais les petits sur leurs portables pour prendre des nouvelles de leur famille. Ils avaient peur« , raconte-t-il. « On était au bord d’une catastrophe, franchement. »
Le technicien français décrit des scènes chaotiques : pneus sur la route, policiers déployés en nombre, manifestants devant l’hôtel et le siège de la Fédération. « J’entraîne depuis trente-cinq ans et c’est la première démission, mais vu ce qu’il se passait… Qu’on me dise, tu es nul, tu es vieux, tu n’as jamais entraîné en Afrique, d’accord, mais là, ça prenait une tournure dramatique« , confie-t-il à L’Équipe. Il évoque aussi une succession d' »ondes négatives »: le décès du secrétaire général de la FIF, le cancer de l’avant-centre ivoirien Sébastien Haller, ses blessures à répétition.
« Il fait partie de l’aventure du titre à 100 % »
L’histoire prend ensuite une tournure inattendue. Qualifiée in extremis comme meilleure troisième, la Côte d’Ivoire – désormais dirigée par Emerse Faé, l’adjoint de Gasset – réalise une épopée et remporte la compétition le 11 février 2024 face au Nigeria (2-1). Un sacre dont Gasset ne pourra se prévaloir: la CAF considère que son départ ne lui permet pas d’ajouter ce titre à son palmarès.
Mais le Français suit l’aventure depuis son canapé avec émotion. « Je ne rate pas une miette ! Et dès que l’arbitre siffle la fin, le président a un texto », confie-t-il à L’Équipe. « Je suis fier des Éléphants, heureux. Mon départ a ramené de l’apaisement. On se dit, c’était lui le coupable et ça protège les autres. Il fallait voir la mort de près peut-être pour rebondir. »
Les joueurs lui rendent hommage. Emerse Faé ira plus loin, toujours dans l’Equipe : « Il fait partie de l’aventure du titre à 100 %, il a raté seulement deux semaines depuis juin 2022. »
Vendredi 26 décembre 2025, la FIF a salué la mémoire de « l’homme à la casquette » qui « restera une des figures marquantes de la victoire de la CAN 2023 ». « C’était un être humain formidable, un grand humaniste, d’une grande morale professionnelle avec un très grand cœur« , a réagi Idriss Diallo.
Source : AFP
