La « relation spéciale » entre le Royaume-Uni et les États-Unis émerge tardivement dans l’histoire des deux États. C’est en effet au cours de la Seconde Guerre mondiale, véritable matrice pour l’évolution future du rapport anglo-américain, que s’établissent une coopération militaire multidimensionnelle, une alliance nucléaire unique au monde et un partenariat diplomatique qui influence en profondeur les contours de l’ordre mondial d’après-guerre, ainsi que l’architecture de sécurité euro-atlantique. Pourtant, la puissance du discours churchillien qui a propagé le mythe d’une entente anglo-américaine idyllique, ne saurait cacher les divergences d’intérêts et la subsistance d’une logique de rivalité au cœur de la relation entre les deux puissances. Il faut donc aussi interpréter la « relation spéciale » comme un stratagème diplomatique, dont les Britanniques usent délibérément pour maximiser leur influence auprès de Washington et compenser leur déclin relatif.
Le président Roosevelt se montre d’abord plus réservé, contraint par le profond neutralisme de l’opinion publique américaine, tout du moins jusqu’à ce que l’attaque surprise de la base de Pearl Harbor par le Japon en décembre 1941 ne vienne changer la donne. C’est dans le combat mené en commun contre les forces de l’Axe, qu’émergent donc à la fois la réalité et le mythe de la « relation spéciale » anglo-américaine.
