Face à la recrudescence des accidents de la circulation en Côte d’Ivoire, la sécurité routière a été érigée en priorité par le gouvernement ivoirien afin d’impliquer toute la population dans la riposte contre le fléau et les résultats sont encourageants.
Le samedi 08 juin 2024, un véhicule de type particulier a fait une sortie de route causant une collision avec un camion remorque sur l’autoroute du Nord, dans le sens Abidjan-Yamoussoukro. Le bilan révèle 5 décès et un blessé. « Les accidents, parfois meurtriers, so nt récurrents sur nos routes. Surtout en saison de pluies, en raison de l’incivisme des conducteurs », déplore Ange Stéphanie Yao. Cette institutrice retraitée qui emprunte régulièrement l’autoroute du Nord, condamne les dérapages et les dépassements dangereux sur celle-ci.
𝐋’𝐀𝐂𝐂𝐈𝐃𝐄𝐍𝐓, 𝐔𝐍 𝐃𝐑𝐀𝐌𝐄 𝐒𝐎𝐂𝐈𝐀𝐋 𝐄𝐓 𝐔𝐍 𝐅𝐀𝐑𝐃𝐄𝐀𝐔 𝐄́𝐂𝐎𝐍𝐎𝐌𝐈𝐐𝐔𝐄
L’accident est un drame social qui fauche de nombreuses vies humaines, décime parfois des familles et cause des dommages physiques et psychologiques aux victimes. « Je me rendais à Adzopé pour acheter des produits vivriers. Un accident survenu sur la route Abidjan-Adzopé me contraint aujourd’hui à marcher à l’aide de béquilles. Je ne peux plus mener mes activités et j’ai tout perdu », confie, les larmes aux yeux, Nadine Zorro Lou, commerçante.
En 2022, les accidents de la circulation sont estimés à 16 790. De manière générale, on observe une augmentation des accidents de la route entre 2000 et 2020, avec un pic de 14 084 accidents, dont 1614 tués et 21 201 blessés en 2021, contre 12 874 en 2020. Il y a eu 12 553 accidents en 2018 et 10 718 en 2016. En 2023, on a dénombré 37 accidents par jour.
Selon le ministre des Transports, Amadou Koné, les accidents de la route causent des pertes de plus de 300 milliards de FCFA à l’économie nationale. Sur la période 2011-2021, près de 200 milliards CFA ont été consacrés à la prise en charge médicale des blessés.
À en croire les experts, la Côte d’Ivoire perd 7% de son Produit intérieur brut (PIB) chaque année, du fait des accidents de la circulation.
𝐃𝐄𝐒 𝐑𝐄́𝐅𝐎𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐄𝐓 𝐀𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍𝐒 𝐌𝐀𝐉𝐄𝐔𝐑𝐄𝐒 𝐏𝐎𝐔𝐑 𝐈𝐍𝐕𝐄𝐑𝐒𝐄𝐑 𝐋𝐀 𝐓𝐄𝐍𝐃𝐀𝐍𝐂𝐄
Afin de diminuer les accidents sur les routes ivoiriennes, l’on peut noter la mise en place d’un Fonds de développement du Transport routier (FDTR) pour conduire la politique de renouvellement du parc automobile des transporteurs. A mars 2023, ce sont plus de 2 000 taxis et véhicules neufs qui ont été mis à la disposition des transporteurs.
En application de la Stratégie nationale de sécurité routière 2021-2025, qui inclut le retrait de permis aux conducteurs, 2 079 permis de conduire ont été retirés ou suspendus par la Commission spéciale et technique de suspension et de retrait de permis de conduire sur la période 2018-2023.
Pour aller plus loin, le gouvernement a identifié des axes accidentogènes. Il s’agit des axes Abidjan-Ouangolodougou, Abidjan-Abengourou, Abidjan-Bonoua-Noé, Daloa-Bouaflé-Yamoussoukro afin de sensibiliser les usagers de ces tronçons aux dispositifs de sécurité routière, notamment, le port de la ceinture de sécurité, le respect des feux tricolores, le port du casque pour les conducteurs de 2 roues, etc.
La Police spéciale de la sécurité routière (PSSR) du ministère des Transports a été aussi créée pour freiner les tendances haussières des accidents sur les routes.
𝐑𝐄́𝐃𝐔𝐈𝐑𝐄 𝐃𝐄 𝟓𝟎% 𝐋𝐄 𝐍𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐃𝐄 𝐕𝐈𝐂𝐓𝐈𝐌𝐄𝐒 𝐃’𝐀𝐂𝐂𝐈𝐃𝐄𝐍𝐓𝐒 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐑𝐎𝐔𝐓𝐄 𝐃’𝐈𝐂𝐈 𝐀̀ 𝟐𝟎𝟑𝟎
L’objectif du gouvernement en matière de sécurité routière est de diminuer de 50% le nombre de victimes d’accidents de la route d’ici à 2030.
Selon les estimations du Conseil national de sécurité, réuni le jeudi 17 octobre 2024, le pays enregistre une baisse d’environ 31% du nombre d’accidents de la circulation, qui est passé de 1 833, en juin 2024, à 1 403, en septembre 2024.
Le déploiement de la vidéo-verbalisation a contribué à enregistrer une baisse de l’ordre de 24% du nombre d’accidents et de 60% de tués sur les routes à Abidjan à la fin du premier trimestre 2023.
« La réforme du permis de conduire, l’introduction de l’alcootest, la vidéo-verbalisation et le système de permis à points ont, de nos jours, amélioré les indicateurs d’accidentalité », se réjouit Ben Alassane Diabaté, conducteur de camion.
Les pouvoirs publics entendent renforcer l’opération de sensibilisation aux bonnes pratiques en matière de sécurité routière. Et l’institution de la semaine de la sécurité routière, adoptée par le gouvernement en 2021, en est une preuve éloquente.