Contextualisation
Il s’agit d’une photographie montrant de Gaulle après la célébration du Te Deum, sortant avec le père dominicain Raymond-Léopold Bruckberger de Notre Dame pour rejoindre sa voiture décapotable, prise le 26 août 1944 sur le parvis de la cathédrale. La scène se déroule un jour après l’entrée des troupes du général Leclerc et la signature de l’acte de reddition de Paris par le général Von Choltitz.
Dans l’après-midi, de Gaulle ranime la flamme du soldat inconnu sous l’arc de triomphe puis descend à pied les Champs-Élysées jusqu’à la place de la Concorde, avant de rejoindre en voiture l’hôtel de ville puis Notre Dame. Il tient à clore ce moment triomphal par un Te deum chanté dans la cathédrale. Cet hymne religieux est associé à la victoire patriotique. Il avait été aussi exécuté en novembre 1918, même si Clemenceau et Poincaré avaient refusé de s’y associer, invoquant la séparation de l’Église et de l’État.
Analyse
La cérémonie est perturbée par des rafales de coups de feu et doit s’interrompre au bout d’un quart d’heure. De Gaulle rejoint alors sa voiture, accompagné du père Bruckberger en habit blanc. Le frère dominicain a été nommé aumônier général des Forces françaises de l’Intérieur. Cette célébration rapide qui clôt un parcours triomphal républicain rompt avec le cérémoniel compassé mis en œuvre par le cardinal-archevêque de Paris, Mgr Suhard, quatre mois plus tôt, en avril 1944, pour accueillir Pétain.
Justement, l’archevêque est écarté de la cérémonie et de la cathédrale. De Gaulle et les chefs de la résistance lui reprochent de s’être lourdement compromis dans la collaboration. La hiérarchie catholique est donc sanctionnée symboliquement pour avoir excessivement soutenu le régime de Vichy. La rupture n’est cependant pas définitive puisque, soucieux de ne pas couper les liens entre la France et l’Église, de Gaulle assiste à un nouveau Te deum de victoire à Notre Dame le 9 mai 1945, cette fois ci présidée par le cardinal Emmanuel Suhard.