Côte d’Ivoire-grève des agents de santé: Le gouvernement menace… la Coordisanté durcit le ton (du berger à la bergère)
Le lundi 05 novembre 2018, des syndicats de personnel de la Santé, réunis au sein d’une coordination dénommée « COORDISANTE », ont entamé un mouvement de grève sur la base de vingt-neuf (29) points de revendications regroupés en cinq (5) axes, à caractère financier, administratif, académique, professionnel et technique.
Informé du mot d’ordre de cette grève, le Gouvernement a intensifié des rencontres d’échanges avec lesdits syndicats, étant entendu que le dialogue n’a jamais été rompu avec ceux-ci.
En effet, plusieurs rencontres dont un atelier se sont tenus sous l’égide du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique. Deux (2) autres réunions ont également eu lieu les dimanche 4 et lundi 5 novembre 2018 avec ces syndicats de la Santé, le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, sous la présidence du Ministre de la Fonction Publique.
Il est à noter qu’à l’issue de ces différentes rencontres, plusieurs points de ces revendications ont été déjà satisfaits. Aussi les Autorités Gouvernementales ont appelé les syndicalistes à faire preuve de responsabilité et à lever le mot d’ordre de grève. Malgré cette volonté manifeste du Gouvernement à privilégier la voie du dialogue appropriée à l’examen des autres points de revendications, ils n’ont pu entendre raison.
Au surplus, le Gouvernement s’étonne que les membres de la « COORDISANTE », bien qu’ayant bénéficié des acquis du protocole d’accord portant trêve sociale, notamment, le paiement du stock des arriérés, la bonification indiciaire, veuillent remettre en cause les clauses de ladite trêve sociale.
Et pourtant, conformément aux dispositions de la loi n° 92-571 du 11 septembre 1992 fixant les modalités de la grève dans les services publics et des articles 3 et 5 du Protocole d’accord portant trêve sociale signé le 17 août 2017, cette grève est totalement illégale.
C’est pourquoi :
1°) le Gouvernement invite COORDISANTE à mettre fin, sans délai, à la grève et à revenir à la table des négociations, conformément au Protocole d’accord portant trêve sociale ;
2°) le Gouvernement lance un appel à l’endroit des centrales syndicales et des faîtières de syndicats, afin de jouer pleinement leur partition pour le respect de leurs engagements pris dans le cadre du Protocole d’accord portant trêve sociale ;
3°) le Gouvernement entend immédiatement prendre, à cet effet, des mesures prévues par les dispositions légales et réglementaires, à savoir :
- De la réduction proportionnelle, à la suspension intégrale de la solde des grévistes;
- La réquisition du personnel de santé pour assurer le fonctionnement régulier des services publics de santé au profit des populations ;
- La révocation des grévistes récalcitrants ;
- Des poursuites pénales à l’encontre des grévistes auteurs de violences et de voies de faits.
Fait à Abidjan, le 07 Novembre 2018.
La Coordisanté rejette en AG l’appel du gouvernement à suspendre sa grève
La Coordination des centrales syndicales du secteur de la santé (Coordisante) a rejeté mercredi l’appel du gouvernement à suspendre sa grève, décidant de continuer le mouvement entamé depuis lundi, lors d’une Assemblée générale au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Yopougon, dans l’Ouest d’Abidjan.
Les agents de santé venus de divers horizons du pays ont dit « non » à la requête du gouvernement formulée par le ministre de la Fonction publique qui a invité au cours d’une réunion « les syndicats à faire preuve de responsabilité en levant le mot d’ordre de grève » fixé du 5 au 9 novembre 2018.
Les syndicats ont décidé de « continuer la grève » après un compte-rendu livré par la Coordisanté. Et ce, en vue de la prise en compte de leurs revendications, à savoir la prime d’incitation au secteur santé, des indemnités de logement, la revalorisation indiciaire et l’indemnité de responsabilité.
« Nous notons que l’Assemblée générale a pris comme conduite à tenir de continuer la grève » vis-à-vis de la requête du gouvernement telle qu’exprimée par le ministre de la Fonction publique, a déclaré Boko Koua, porte-parole de la Coordisanté, sous des salves d’applaudissements.
Le ministère de la Santé et de l’hygiène publique qui estime avoir apporté « satisfaction à certains points de revendications », a appelé la faîtière et les syndicats associés « à demeurer dans la négociation » en vue de favoriser le « dialogue ».
Quant au ministre de la Fonction publique, il a relevé lors de la réunion avec les syndicats, «le caractère illégal de cette grève qui manifestement s’inscrit en opposition à la réglementation relative à la grève et aux dispositions du protocole d’accord portant trêve sociale en ses articles 3 et 5».
Les syndicats s’étaient engagés après la rencontre avec les autorités de tutelle de convoquer une Assemblée générale à l’effet d’examiner la levée du mot d’ordre tel que demandé par le ministre de la Fonction publique. Ils annoncent par ailleurs une Assemblée générale à la fin du temps réglementaire du mouvement, samedi.
Des rencontres entre le Premier ministre ivoirien et des responsables syndicaux sont annoncées. Et ce, après le retour du chef du gouvernement d’Oslo, en Norvège, où il a pris part à la Conférence mondiale sur le financement du secteur de la santé.
AP/ls