Fermeture des frontières, suspension des transactions commerciales, gel des avoirs à la banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest, intervention militaire ou pas, le Niger subit déjà les sanctions économiques de la CEDEAO.
Cela fait neuf jours que le Niger subit les sanctions imposées par la CEDEAO.
Plusieurs camions de vivres quittant ou allant au Nigeria ont été bloqués du côté de Jibia, à la frontière avec le pays d’Afrique de l’Ouest.
Adnan Rabiu, chauffeur de camion et originaire de Jibia témoigne d’une situation déplorable.
« …. Je ne suis pas un contrebandier. Je transporte du maïs et des haricots. Maintenant, avec tout cela, nous ne savons pas où mettre ces articles, parce que nous sommes désorientés. Ce n’est pas juste pour nous parce qu’il n’y a même pas de vendeur de nourriture ici. Il faut prendre un vélo avant de pouvoir manger. Nous ne sommes pas des Nigériens, et je vais à Jibia, Jibia n’est pas le Niger. »
Les relations entre le Niger et la CEDEAO se détériorent de jour en jour, alors que la date limite pour une action militaire contre la junte à l’origine du coup d’Etat a expiré il y a quelques jours.
Un autre chauffeur de camion, Usman Kaura également bloqué à la frontière, déplore les effets des sanctions sur son commerce.
« La perte sera énorme, car le Garri seul est estimé à 15 000 000 N, sans compter le transport, et nous sommes bloqués ici depuis cinq jours. Je m’arrête à Jibia, mais plusieurs de ces véhicules vont en République du Niger et même au-delà. Ce n’est pas la frontière principale, nous sommes toujours à l’intérieur du Nigeria, mais nous sommes arrêtés. Ils devraient nous permettre d’aller à la frontière principale et de voir ce qui s’y passe ».
Au-delà du blocus économique imposé par la CEDEAO, plusieurs pays et organisations internationales ont remis en question leur aide financière.
La France, suivie par l’Allemagne, compte parmi les premiers États à avoir annoncé la suspension de son aide publique au développement (120 millions d’euros l’an dernier). La Banque mondiale, dont l’aide s’élevait à 1,5 milliard de dollars en 2022, a également décrété la suspension des versements « pour toutes ses opérations, et ce, jusqu’à nouvel ordre ».
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le montant total des aides bilatérales accordées au Niger en 2021, s’élevait à 1,8 milliard de dollars, soit l’un des plus gros montant alloué à un pays d’Afrique de l’Ouest.
Le Niger, où la moitié des habitants vit avec 2,15 dollars par jour, affiche l’un des pires indices de développement humain au monde et souvent confronté à des crises alimentaires récurrentes.
Entre sanctions économiques et financières et menaces d’une intervention militaire, l’avenir de ce pays d’Afrique de l’Ouest semble incertain.
Source : Autre presse