En ce début de matinée du 31 octobre, le ministre des Affaires étrangères du Burkina, Djibril Bassolé, adresse ce message à Blaise Compaoré. Fidèle parmi les fidèles, ce général de gendarmerie a occupé tous les ministères régaliens du Burkina, de la Sécurité aux Affaires étrangères. Fin médiateur, il a été envoyé par son patron gérer un grand nombre de crises régionales (Côte d’Ivoire, Togo, Niger, Mali…). Depuis le début de la crise, il a revêtu son uniforme de gendarme et participe à toutes les réunions de l’armée alors que le pays est en passe de basculer dans la violence. Il est proche de Paris où il jouit de nombreux relais au sein de la classe politique, des militaires et des diplomates. Comme d’autres officiers, il souhaite éviter un bain de sang à Ouagadougou alors que les manifestants ont déjà investi la rue.
Le président Compaoré sait dorénavant que la partie est perdue. L’armée, malgré les instructions, n’a pas l’intention d’arrêter la foule. Deux jours plus tôt, les trois ambassadeurs ayant un peu de poids à Ouagadougou (Etats-Unis, France, Union européenne), sont allés à sa rencontre – ils ont été reçus par son chef de cabinet – au Palais présidentiel de Kosyam pour lui demander de démissionner.
Sur le coup des 10 heures, le chef de l’Etat demande au ministre de l’Administration territoriale, Jérôme Bougouma, de mettre en œuvre l’article 43 constatant la vacance du pouvoir. Deux heures plus tard, le Président et sa famille quittent le palais, escortés par les hommes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP, la garde prétorienne du Président). Compaoré est accompagné de sa femme, de son frère, de ses aides de camp… Son exfiltration a été organisée par Gilbert Diendéré, un des derniers compagnons de Compaoré ,survivant du coup d’Etat de 1987
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