Le 16 septembre 1914, vers 8h30 du matin, Octavie Delacour, âgée de 56 ans, quitte sa demeure du hameau du Bord du Bois sur la commune de Martagny et s’engage sur le chemin d’exploitation forestier afin de rejoindre Ferrières-en-Bray. Après avoir parcouru environ 1 kilomètre, un soldat vêtu d’un uniforme gris cendré sort brusquement, tenant une baïonnette à la main, et lui fait signe de s’arrêter. Après discussion entre la sentinelle et le capitaine Tilling, ce dernier permet à Octavie de repartir, mais celle-ci a reconnu les casques et la langue. Sortant de la forêt à hauteur de la ferme de la Fieffé, elle aperçoit deux autres sentinelles cachées dans les taillis et se dirige sur Neuf-Marché.
Arrivée à Neuf-Marché, elle avertit le maire que les Prussiens sont dans le bois. Le maire envoie le garde champêtre aux renseignements. Celui-ci revint sans avoir rien vu… il n’avait pas été au bon endroit.
Continuant son chemin, Octavie Delacour s’arrête à la 3e légion de gendarmerie de Gournay-en-Bray, à midi, où elle s’attache à démontrer que c’étaient des Prussiens, et non des Anglais qui étaient dans la forêt et qui faisaient le guet, que c’étaient ces mêmes soldats qui avaient occupé la région durant la guerre de 18708 alors qu’elle avait une douzaine d’années. Elle ne réussit pas à convaincre totalement le commandant de la brigade, le maréchal des logis Jules Crosnier, mais celui-ci, soucieux du devoir, décida d’aller voir sur place en donnant rendez-vous à la brigade de Mainneville, située dans le département de l’Eure, afin de pouvoir cerner le lieu où l’on avait aperçu ces militaires.