Côte d’Ivoire: « Les partis politiques n’ont pas servi le Gboklè » (sénateur Pany Jean-Baptiste)
Candidat indépendant aux régionales dans la région du Gboklè (Sassandra, 270 kilomètres d’Abidjan) le sénateur Pany Jean-Baptiste explique ses ambitions.
Nous apprenons qu’un membre de votre liste serait en train de démissionner. Qu’en est-il exactement ?
Non, ce n’est pas juste. Les gens peuvent dire ce qu’ils pensent mais, ce n’est pas juste. La personne dont vous parlez a plutôt envie de venir sur le terrain. Et pour le moment, nous lui demandons de gérer les préoccupations que nous rencontrons au niveau d’Abidjan. Cette personne est d’ailleurs notre représentant à la CEI (Commission électorale indépendante, ndlr). Je pense que c’est juste une incompréhension.
Le gouvernement a fixé la période des campagnes du 28 septembre au 11 octobre. En attendant, quelle est la situation sur le terrain?
Effectivement, nous sommes dans la période qu’on appelle la précampagne. Cela sert à préparer les esprits à la campagne. Sur le terrain, il y a deux situations que je peux relever. D’abord, tous les candidats, hormis un seul que je préfère ne pas citer, entretiennent une sorte de psychose. Sur le terrain, on assiste à une mobilisation de personnes violentes et cela est inquiétant. Moi-même j’ai été empêché d’aller, dans le cadre de mes activités sénatoriales, dans un village du département de Fresco. Le deuxième constat est du coté de la population qui trouve opportune cette période électorale pour réclamer aux candidats les investissements qui malheureusement n’ont pas été faits par l’équipe sortante. Alors les populations exigent avant de suivre que certains travaux soient faits.
Peut-on dire que vous payez tous l’inaction ou l’inefficacité de l’équipe sortante?
Oui, nous payons tous leurs inactions. Et je pense qu’il faut éduquer nos parents, et leur dire que ce ne sont pas les candidats qui peuvent financer cela, et que nous souhaitons qu’ils nous jugent pour ce que nous pouvons leur apporter. J’ai fait un simple calcul de ce qu’on nous demande sur le terrain et cela équivaut à environ un milliard. Or, je ne sais pas quel candidat pourra avoir ce un milliard.
Vous êtes militant du RDR. Vous vous êtes présenté en indépendant au sénatorial et encore pour les élections régionale, vous partez en indépendant. Doit-on dire que vous êtes un éternel rebelle ?
Je n’aime pas trop le terme rebelle. Moi j’essaie de dissocier les choses. Il y a le politique et le développement. Moi, le constat que j’ai fait est que les partis politiques n’ont pas vraiment servi notre région depuis le PDCI, le FPI et le RDR. Alors, je conclus que le problème n’est pas d’appartenir à un parti, mais plutôt de vouloir le développement. Nous avons mis parmi nos priorités, la réconciliation. Chez nous, les partis politiques ne réconcilient pas à telle enseigne que lorsque vous êtes un élu RDR, le FPI se méfie de vous et vis-versa.
La plupart des indépendants aux élections, après leur victoire , retournent à leur parti. En sera-t-il de de même pour vous?
Je ne le dirai pas ainsi. C’est vrai que j’appartiens à un parti politique duquel je n’ai pas démissionné. Mais, nous sommes actuellement en lice et su notre liste figurent des personnalités de divers partis. Par conséquent ce n’est pas moi qui gagne, mais plutôt la liste. Donc, il appartient à la liste de décider.
Quel est votre message principal de campagne? À quel problème crucial comptez-vous répondre ?
Madame la sénatrice et moi avons défini une vision qui s’articule autour de 16 chapitres. Nous avons en premier la réconciliation. Les quinze autres points peuvent être résumés en quatre. Premièrement il faut donner à notre région une identité culturelle. Ensuite il y a l’environnement. Notre région est adossée à l’océan atlantique, et est menacée par l’érosion. Nous allons nous pencher sur nos forets classés et même le cas de l’orpaillage clandestin.
Pensez-vous que les populations sont réceptives à ce message?
En effet, les populations comprennent. Il faut avoir les mots pour le dire et c’est tout. Les deux autres points sur lesquels nous avons réfléchis, ce sont les infrastructures.
Selon les statistiques de l’Ins (Institut narional de la statistique, ndlr) nous sommes les derniers du pays en matières de routes, d’adduction en eau potable et l’électrification. Sur les cinq dernières années, le conseil a bénéficié de plus de dix milliards et nous ne voyons pas à quoi cela a servi
Pourtant le conseil sortant dit avoir fait plusieurs réalisations ?
Ah bon? Donc nous attendons de voir les routes, les écoles et les emplois créés par le conseil. Voyez-vous, nous avons 150.000 enfants qui doivent aller au collège. L’Etat a investi chez nous, il y a 35 ans, pour construire 3 collèges. Jusqu’aujourd’hui nous avons toujours ces mêmes collèges. Nous n’avons pas de centres de formation, pas de lycées professionnels, ni de villages d’artisans. Alors je veux bien comprendre ce que le conseil sortant a bien fait durant ces cinq dernières années.
Au cas où vous n’êtes pas élu, allez-vous mettre votre expérience au profit du conseil ?
Oui, parce qu’en tant que sénateur, c’est notre rôle d’accompagner les collectivités territoriale et pour ce faire, nous avons rédigé un document de 900 pages sur le développement de notre région.
Interview réalisée par Chris Monsékéla, afrikipresse.fr