Ils n’ont pu aller en rangs serrés dans de nombreuses circonscriptions électorales et devront en assumer les conséquences au lendemain du 6 mars prochain, date fixée pour les législatives en Côte d’Ivoire. Bien qu’ayant décidé de coaliser leurs forces pour remporter le maximum des 255 sièges en jeu dans 205 localités pour la prochaine législature, les partis de l’opposition ont choisi de s’affronter dans des circonscriptions électorales tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays.
C’est bien la configuration que présentent les deux têtes fortes de l’opposition ivoirienne que sont le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié et ses alliés de la plateforme pro-Gbagbo d’EDS. Dans plus de 10 localités, ces partis iront solliciter les voix des électeurs en comptant chacun sur ses propres moyens.
Dans la capitale économique, ce sont les communes de Marcory et de Port-Bouët qui enregistreront les affrontements entre le PDCI et EDS. En effet, des cadres du Front populaire ivoirien (FPI) croiseront le fer, en plus des autres candidats, avec ceux du vieux parti, leur allié. Damana Adia Pickass et Justin Koné Katina, toujours exilés au Ghana, seront aux prises, respectivement à Marcory, avec le maire Aby Raoul, et à Port-Bouët, avec le premier magistrat de la commune en la personne de Sylvestre Emmou.
Dans la circonscription Gagnoa sous-préfecture, Odette Lorougnon, baronne du FPI, se mesurera à Maurice Kacou Guikahuié, N°2 du PDCI. Dans la région du Cavally, dans la circonscription de Guiglo commune, PDCI et FPI seront aux prises à travers leurs candidats que sont l’ancien ministre de l’intérieur de Laurent Gbagbo, Emile Guirieoulou et Lessiehi Mathias, porte-étendard du PDCI.
Gros risques
Pour ces législatives au cours desquelles le parti de Bédié présente 140 candidats, quand EDS aligne une centaine, la confrontation entre ces deux forces politiques, bien qu’elle ne se fera que dans une dizaine de localités, pourra leur être préjudiciable.
Il ne faut pas se voiler la face : le fait que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire et Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) s’affrontent dans plusieurs localités ne fera pas l’affaire de l’opposition qui n’a finalement pas réussi à faire bloc face au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
En fait, les intérêts particuliers, contrairement à ce que tentent de faire croire les opposants à Alassane Ouattara, sont encore vivaces dans les plateformes de l’opposition. En témoignent les candidatures multiples d’opposants enregistrées au titre des prochaines législatives et pourront être sources de déconvenue pour tous ceux qui rêvent de s’installer au Parlement et avoir droit de cité dans la gestion des affaires publiques.
Déjà que la partie n’est pas gagnée dans les circonscriptions où l’opposition présente un candidat face à celui du pouvoir, disperser leurs forces, comme c’est le cas avec ces candidatures multiples, est source de gros risques pour les opposants. Dans cette élection qui s’annonce serrée et où chaque voix vaudra son pesant d’or, les formations politiques de l’opposition ne font rien d’autre que préparer leur défaite en faisant de l’allié un adversaire. Une situation profitable au régime RHDP qui pourra ainsi trouver le moyen de fortifier son pouvoir et diriger, pour les cinq prochaines années, la Côte d’Ivoire comme au temps du parti unique.
Serge YAVO