Alassane Ouattara, déclaré vainqueur de la présidentielle du 31 octobre en Côte d’Ivoire, n’entend pas laisser planer le doute sur la légitimité de son élection à un 3e mandat, bien que contesté par l’opposition qui a annoncé, lundi 2 novembre 2020, la mise en place d’un organe de transition dénommé Conseil national de transition (CNT).
En effet, mardi 3 novembre 2020, par le truchement de son garde des sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme, il a haussé le ton à l’encontre de ses opposants et déroulé le rouleau compresseur de ce qui s’apparente à un musellement de l’opposition ivoirien. Dans sa déclaration en contre-attaque à la mise en place du CNT, le ministre Sansan Kambilé a qualifié l’annonce de l’opposition « d’attentat et de complot contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national », avant de mettre en branle l’appareil judiciaire. « Condamnant avec la plus grande fermeté cet acte de sédition, le gouvernement a saisi le procureur de la République près le Tribunal de Première Instance d’Abidjan, afin que soit traduit devant les tribunaux les auteurs et les complices de ces infractions ».
Dans la foulée, plusieurs forces de sécurité et de défense sont signalées aux alentours des résidences des principaux leaders de l’opposition dont celle d’Henri Konan Bédié, président du Conseil National de Transition. Et même si les officiers présents chez le Sphinx de Daoukro n’ont pu franchir le Rubicon, nos sources indiquent qu’ils avaient l’ordre clair d’arrêter le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). D’ailleurs, plusieurs de ses proches ont été interpellés dans cette opération policière qui est perçue par plusieurs observateurs comme le début du processus de mise sous l’éteignoir de l’opposition.
Le décor est planté et avant que Henri Konan Bédié, Affi N’Guessan et leurs camarades ne trouvent la stratégie pour se sortir de l’étau dans lequel entend les confiner Alassane Ouattara, l’opposition ivoirienne semble réduite au silence actuellement. En effet, elle n’a pu dévoiler son gouvernement de transition comme cela était pressenti dans la déclaration avortée du mardi dernier et, plus handicapant, la quasi-totalité de ses leaders seraient aujourd’hui assignés à résidence.
Une stratégie qui permettrait au Président Alassane Ouattara de garder ses opposants sous contrôle, du moins jusqu’à la confirmation de son élection par le Conseil Constitutionnel.
Serge YAVO