Pour justifier son retrait de la course à l’élection présidentielle prévue fin octobre 2020 en Côte d’Ivoire, le Chef de l’Etat sortant, Alassane Ouattara, avait indiqué que cette décision était une question d’honneur.
« Tout au long de ma carrière, j’ai toujours accordé une importance particulière au respect de mes engagements. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat en 2020 », avait déclaré Alassane Ouattara, jeudi 05 mars 2020, lors d’un discours sur l’Etat de la nation devant les 352 parlementaires réunis en Congrès dans l’amphithéâtre de la Fondation Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro.
Joignant l’acte à la parole, le Président ivoirien a porté son choix sur son Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, pour défendre les couleurs de son parti, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), au scrutin présidentiel d’octobre prochain.
«J’ai pris deux années pour mûrir ma décision. J’ai décidé de ne plus briguer un 3e mandat, parce que mon souci était de préserver la paix et je souhaite transmettre le pouvoir à un autre président démocratiquement élu», avait indiqué Alassane Ouattara, au cours d’un conseil politique tenu jeudi 12 mars 2020 au Sofitel Hôtel ivoire d’Abidjan, rencontre qui entérinait le choix d’Amadou Gon Coulibaly.
Tout en motivant sa décision de ne pas briguer un troisième mandat ‘’ même si la loi ivoirienne le lui permet ’’ selon ses partisans, Alassane Ouattara avait aussi et surtout conditionné sa volonté de transmettre le pouvoir à la nouvelle génération. « Mais (…), je ne le ferai que si tous ceux de ma génération comprennent que notre temps est passé », avait-il précisé, dans un meeting à l’intérieur du pays.
« Si eux (ceux de sa génération), ils décident d’être candidats, alors je serai candidat », avait fait savoir le président sortant de Côte d’Ivoire, dans une allusion claire à ses rivaux historiques, les ex-présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié.
Fallait-il voir, dans la mise en garde du Chef de l’Etat, une simple volonté de dissuader ses prédécesseurs de se représenter à la future présidentielle ou au contraire, Alassane Ouattara entendait-il vraiment revenir sur sa décision de ne pas briguer un troisième mandat si Gbagbo et Bédié se portaient candidats en octobre prochain ?
En tout cas, le dernier cité, le président du PDCI RDA, est en passe d’être désigné par son parti pour être candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain.
Sollicité par les siens, Henri Konan Bédié a donné son accord pour un dernier combat présidentiel en 2020. « Je reçois cette demande de candidature comme une mission de salut public découlant d’une attente forte de la base (…) Je compte sur vous, également, pour transmettre à l’ensemble de nos militantes et militants ma détermination et ma constante disponibilité à servir, sans relâche le parti, pour notre victoire à l’élection présidentielle prochaine », a lâché Bédié.
Au RHDP, on n’exclut pas désormais un revirement d’Alassane Ouattara face à ce qui est perçu par ses partisans comme »une ‘provocation’’ de Bédié qui, malgré la mise au point du président sortant, veut se porter candidat à l’élection présidentielle prochaine.
En tout état de cause, à 78 ans, M. Ouattara apparaît, pour nombre de dirigeants et militants RHDP sondés, comme le ‘’ probable candidat’’ du parti pour la présidentielle à venir, surtout s’il est avéré que le Premier ministre Amadou Gon, en convalescence à Paris, était dans l’incapacité de défendre les couleurs du parti présidentiel.
Par ANDRE SELFOUR