Les changements opérés au sein du gouvernent de Côte d’Ivoire, ce mercredi 13 mai 2020, marquent l’éviction de Mabri Toikeusse Albert, président de l’Union pour la Démocratie et la paix (UDPCI). Le désormais ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique paie pour son entêtement à ne pas laisser mourir l’UDPCI au profit du parti unifié RHDP voulu par le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara.
Mabri Toikeusse est exclu de l’équipe gouvernementale pour s’être, aussi et surtout, opposé au choix du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du RHDP pour l’élection présidentielle d’octobre 2020.
« Je suis un homme de conviction et je préfère dire ce que je pense. Monsieur le Président(Ndlr Alassane Ouattara), vous êtes le fils du Président Félix Houphouët-Boigny, qui nous a enseigné le dialogue. Nous nous appuierons sur le dialogue pour régler nos divergences. Ne prenons pas des engagements d’une heure dans une salle, qui par la suite ne reflèteront pas la réalité sur le terrain. Faites donc comme Félix Houphouët-Boigny. Travaillez à nous mettre en équipe», avait lâché Mabri, jeudi 12 mars 2020, pour s’opposer au choix d’Amadou Gon, rendu public, lors d’un conseil politique extraordinaire organisé à cet effet.
Le président de l’UDPCI, soupçonné de vouloir se présenter à l’élection présidentielle prochaine sous la bannière de l’UDPCI- parti considéré comme étant fondu dans le RHDP- va marquer son terrain politique en excluant officiellement du parti, le 10 avril 2020, Albert Flindé, deuxième vice-président, mais surtout connu pour être un pro-Amadadou Gon.
Flindé avait, en effet, pris publiquement fait et cause pour le candidat du RHDP à l’élection présidentielle à venir et avait demandé à plusieurs cadres de l’UDPCI dont Laurent Tchagba, Famoussa Coulibaly et autres, de clarifier leurs positions.
Mais voilà que des semaines plus tard, contre toute attente, celui qui était encore ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique va revoir sa position au cours d’une réunion de son parti le 4 mai 2020. Le communiqué final de cette rencontre indiquait que la direction « réaffirme l’appartenance de l’UDPCI au RHDP » et « prend acte des résolutions du conseil politique du RHDP du 12 mars 2020 désignant Monsieur Amadou Gon Coulibaly comme candidat du RHDP à l’élection présidentielle d’octobre 2020″.
Une position de Mabri Toikeusse contre laquelle la direction exécutive du RHDP avait vigoureusement réagi. Le parti d’Alassane Ouattara s’est étonné de ‘’la tenue de la réunion de l’UDPCI, car ce parti « a pris part au congrès constitutif du RHDP du 25 et 26 janvier 2019 et à ce titre ne devrait pas tenir d’activités en propre ».
Ces échanges houleux, par communiqués interposés, entre le ministre Mabri Toikeusse et le RHDP ont davantage pourri l’atmosphère entre les deux parties. Conséquence immédiate de ce ‘’dialogue de sourds’’, le président de l’UDPCI est exclu du gouvernement, mais pas forcément son parti politique.
De fait, selon de bonnes sources, le parti fondé par le défunt général Robert Guéi pourrait connaître une dissidence conduite, justement, par celui-là même qui y a été exclu par Mabri Toikeusse, il y a quelques semaines : Dr Albert Flindé. Cet économiste et homme politique averti, baron de l’UDPCI, est soutenu pour porter la voix officielle de ce parti au sein du parti unifié RHDP.
Vice-Président de l’UDPCI il y a peu, Flindé est un fils de Man, bastion du parti. « Nous sommes nombreux qui croyons en lui. Flindé doit prendre la tête de l’UDPCI et le parti s’en porterait mieux », confiait, à vigileinfo.net, hier mercredi après-midi, un cadre du parti qui a requis l’anonymat. « Mabri ne pense qu’à lui au sein de l’UDPCI. C’est sa promotion qui le préoccupe. Je crois qu’il est temps qu’une autre personnalité dirige le parti. Nous allons travailler à cela et vous verrez dans les mois à venir », ajoute notre interlocuteur. Wait and see.
Par Flaure ABOLE