Kakou Guikahué répond à Gon Coulibaly et prévient: «Nous avons récusé le Premier ministre qui a jeté l’éponge… très bientôt, vous allez entendre le Pdci»

Kakou Guikahué répond à Gon Coulibaly et prévient: «Nous avons récusé le Premier ministre qui a jeté l’éponge… très bientôt, vous allez entendre le Pdci»

 

Secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda, Maurice Kakou Guikahué, dans cette interview accordée au quotidien Le Nouveau Réveil, fait des précisions en ce qui concerne le dialogue politique sur le code électoral. Il parle aussi de l’actualité au Pdci-Rda.

 

Monsieur le secrétaire exécutif, après votre conférence de presse, en début de semaine, le Premier ministre Amadou Gon, au cours d’une conférence de presse, jeudi dernier, a estimé que l’opposition dramatise, en fait, un peu trop, qu’il n’y a pas eu d’échec du dialogue, qu’il y a eu des accords, concernant le dialogue politique sur le code électoral. Qu’en dites-vous ?

En fait, le dialogue a été ouvert et avant de me prononcer sur ce que le Premier ministre a avancé, il faut que j’explique un peu la méthodologie.

Le Premier ministre nous a convoqués à une réunion, le 9 janvier et il a appelé ça une plénière des chefs des partis politiques. A la suite de cette réunion, il a été décidé de mettre en place des équipes d’experts pour approfondir les discussions. Les experts ont eu trois réunions. Cela veut dire que les chefs des partis politiques n’étaient pas aux réunions des experts. Au Pdci, nous avons donné deux personnes. Mais à chaque réunion, chaque camp avait un compte rendu fait par ses experts. C’est ainsi qu’à la fin des trois réunions, un draft, un projet de rapport a été adressé à toutes les parties prenantes. Il y a eu des réactions. Le projet mentionnait des points d’accords et des recommandations. Quand les chefs des partis de la Cdrp, l’Eds et l’Urd se sont réunis, après compte rendu fait par leurs mandants, ont estimé qu’il ne pouvait pas y avoir de recommandations, parce que pour eux, il ne s’agissait pas d’un séminaire et que pour eux, il y avait points d’accord, points de convergence possible et points de désaccord. Donc, déjà, la structure même du projet a été mise en cause. Et cela a été renvoyé au gouvernement. Quatre jours plus tard, le gouvernement nous a envoyé une correspondance, nous invitant à une plénière de validation et de signature du rapport. Cela veut dire que si on convoque une réunion pour valider, c’est qu’on va aller valider un projet. Donc, peut-être que le Premier ministre est allé un peu vite, mais quand nous sommes arrivés, ce qu’il aurait pu faire, c’était de laisser le ministre de l’Administration du territoire qui est le secrétaire de séance, donner lecture du projet de rapport. Et interroger officiellement les uns et les autres pour savoir quelle est la réaction de chacun. S’il y avait des discussions, on aurait pu dire où sont les points d’accord, les points de convergence et les points de désaccord. Mais en pleine réunion, ça pouvait ne pas aboutir, mais il y aurait eu un document et le Premier ministre pouvait dire qu’il s’en remet au président qui l’a mandaté. Mais rien de tout cela. Quand le Premier ministre est venu, on n’a lu aucun papier. Donc, officiellement, on ne sait même pas s’il y a un projet de rapport, parce que rien n’a été lu. Il a dit : bon, selon les rapports qui sont en ma possession, il y a des accords, des désaccords, des recommandations, donc puisque c’est le président qui m’a mis en mission, je remets le dossier au président. Et il lève la séance. Ça veut dire qu’il n’y a pas eu de validation de rapport. Donc, aucun rapport n’existe. Il y a des comptes rendus parcellaires faits par nos experts. On n’a pas confronté les différents points de vue. Nous, en ce qui nous concerne, aucun rapport n’existe. Parce que l’ordre du jour était clair. On a dit validation, rien n’a été validé. Donc, les discussions sont suspendues. Lui, il a dit qu’il mettait fin à sa participation puisqu’il a dit qu’il clôture, alors, nous, nous avons demandé au président de la République de prendre le relais, parce que celui qu’il nous a envoyé, a dit qu’il ne peut plus continuer. Alors que nous sommes en pleine discussions, on n’a pas conclu. Donc que le président prenne le relais pour discuter avec nous. On ne peut pas prendre ces discussions d’experts pour en faire un document de discussions. Le faire, c’est vraiment avoir une vision erronée des choses.

Avez-vous des échos favorables quant à votre requête d’avoir des discussions avec le chef de l’Etat ?

Nous avons lancé cette demande et nous allons nous donner les moyens officiels pour faire savoir au président de la République que le dialogue s’est enlisé et que nous n’avons pas conclu. Donc, on ne peut pas utiliser un élément des discussions. Il y a eu des discussions, mais, il n’y a pas eu de conclusion.

 

Est-ce qu’il y a encore espoir que ce dialogue-là puisse reprendre ses droits ?

Mais, nous sommes dans un pays de dialogue et puis, nous pensons honnêtement que si le président a eu le souci d’ouvrir une discussion, c’est parce qu’il trouve qu’elle est nécessaire. Donc, cette discussion va aboutir. Maintenant, s’il ne nous revient pas, ça veut dire que c’était de la propagande et qu’il n’y croyait pas du tout.

 

Cependant, l’on apprend qu’un texte sur le code électoral sera transmis à l’Assemblée nationale. Avez-vous été saisi et quelle est votre réaction ?

Non, nous n’avons pas été saisi, mais je ne sais pas quel texte ira à l’Assemblée nationale puisque… Bon, le gouvernement peut envoyer son texte, sinon s’il envoie un texte, ce ne sera pas ce que nous, nous avons discuté. Ce que nous, nous avons discuté, il n’y a pas eu de conclusion.

 

Allez-vous participer aux débats à l’Assemblée nationale si c’est le cas ?

On n’est pas encore à ce stade. Nous sommes au stade de discussions. Je reprends pour dire que si le président de la République, honnêtement, voulait discuter avec l’opposition pour trouver un terrain d’entente, la discussion doit continuer. Les acteurs, peut-être, peuvent être changés, parce que nous, nous avons récusé le Premier ministre qui a jeté l’éponge. Mais si le président s’arrête là et qu’il ne continue pas, ça voudra dire qu’il n’était pas pour le dialogue mais que c’était pour se donner bonne conscience. Maintenant, nous allons aviser pour voir ce qu’il en est. 

 

Il y a aussi la question de l’établissement de la carte nationale d’identité. Quel est votre avis sur cette opération ?

Nous avons fait un travail de terrain et très bientôt, le Pdci va donner sa position sur la carte nationale d’identité. Nous avons dit qu’il fallait quitter l’émotion pour la réalité, en tant que parti responsable, quand nous déclarons des choses, elles doivent être vraies. Donc, très bientôt, vous allez entendre le Pdci.

Vous êtes le coordonnateur de la convention du Pdci qui se prépare, êtes-vous satisfait de l’évolution des travaux des commissions ?

Oui, nous sommes satisfaits de l’évolution des choses puisque quand le comité a été mis en place, nous avons reçu toutes les structures et nous leur avons donné un mois. Jusqu’au 15 février pour nous donner les premières propositions et nous avons rencontré tous les présidents des commissions. Les présidents des cellules. Ils nous ont donné leurs propositions, nous avons fait la matrice des grandes propositions arrêtées et puis, nous avons rencontré les vice-coordonnateurs et nous avons échangé. Lundi prochain, il y a la réunion de la coordination qui va statuer sur toutes les propositions que nous allons faire avant de les soumettre au président du parti. Une fois que ces propositions auront été arrêtées, nous allons mettre encore toutes les commissions au travail pour un mois et vers la fin du mois de mars, nous allons faire encore le point. Donc, ce sont des réunions mensuelles que nous faisons. Donc, nous sommes très avancés. Parce que nous avons déjà fait des propositions. S’il y a l’hébergement, qui on loge, au niveau de la restauration, qui mange, au niveau du transport, qui on transporte. Pour toutes ces choses, nous avons déjà le grand canevas. Donc, dès que c’est validé à partir de lundi, les uns et les autres vont se mettre à la tâche. Nous sommes nettement en avance, très en avance sur les préparatifs.

 

Cette semaine, l’on a assisté à deux importantes rencontres. Mme Simone Gbagbo rendre visite à Mme Henriette Bédié. Le lendemain, ce sont les parents du président Gbagbo de rendre visite au couple Bédié. Il y a eu des messages forts. Quel sens revêtent toutes ces rencontres ?

Je pense que les uns et les autres ont commencé à comprendre que les actes posés par le président Bédié n’étaient pas des actes politiques-politiciens. C’était des actes de générosité. Ça a été perçu par les paysans. Vous me donnez l’occasion de revenir là-dessus. Personne n’a sollicité ces paysans. Ce sont eux-mêmes. Et si vous avez vu, à part ma personne, il n’y avait pas d’autres responsables politiques de Gagnoa. Parce que nous avons voulu que ce soit vraiment naturel. Et ce sont les chefs de terre qui sont arrivés. La tribu de Gbagbo, c’est 7 villages. Les chefs de terre sont venus. Ils ont demandé aux chefs de villages de ne pas se mêler de ça parce qu’ils pourraient être menacés. Mais eux, ce sont des chefs de terre. Chez les Bété, ce sont les chefs de terre qui commandent les villages. Ils sont venus et c’est de bon augure, ça veut dire que les uns et les autres ont compris la portée de l’acte posé par le président Bédié.

 

Qu’est-ce que cela augure ?

Les populations sont formelles. D’ailleurs, le président m’a ramené vers eux. Donc, dans les jours qui viennent, j’irai à Mama pour rencontrer la population. Parce qu’ils ont invité Mme Bédié à aller parrainer une coupe et ils ont sollicité le président Bédié pour d’autres choses. Donc, c’est tout à fait normal que tout cela se prépare. Je vais profiter de votre micro pour dire que personnellement, je suis très ému. Parce que nous sommes des hommes politiques. Parfois, les gens convoitent les gens. Vous savez comment ça se passe. Mais si vous avez vu dans le cas d’espèce, ce n’est pas le nombre qui primait. Ils sont venus accompagnés par le président des jeunes de Ouragahio, une présidente des femmes et chacun avec un accompagnateur, puisqu’un chef ne marche jamais seul. Ils étaient au total, 30 personnes. Ils ne sont pas venus remplir la maison du président Bédié pour faire effet de masse. Ils ont tenu à venir eux-mêmes. Maintenant, le jour où ils recevront le président, ils peuvent élargir le groupe. C’était une visite symbolique. Le chef de terre de Mama, le chef de terre d’Ouragahio étaient là. Et ça, c’est très important.

 

Interview réalisée par Paul Koffi et Diarrassouba Sory

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