Incarcération des pro-Soro : «Des personnes proches des mis en cause ont été arrêtées et conduites vers des destinations inconnues» (Avocats)
DECLARATION DU COLLECTIF DES AVOCATS DE MONSIEUR SORO KIGBAFORI GUILLAUME ET AUTRES
Le collectif des avocats de Monsieur SORO Kigbafori Guillaume, président du mouvement citoyen Générations et Peuples Solidaires (GPS) et des 16 autres personnes actuellement détenues préventivement dans le cadre de l’information judiciaire ouverte contre eux, informe l’opinion publique nationale et internationale que dans la nuit du 7 au 8 janvier 2020, des éléments encagoulés se réclamant de la Force de Recherche et d’Action de la Police (FRAP) ont fait irruption à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) en vue d’extraire Messieurs Alain Ahiman Lobognon, député et ancien Ministre, KAMARATE Souleymane, diplomate et TRAORE Babou, administrateur des services financiers.
Face au refus du régisseur de la MACA de leur remettre les personnes susvisées en l’absence d’un ordre écrit l’y autorisant, les éléments de la FRAP ont finalement quitté les lieux vers 03 heures le mercredi 08 janvier 2020.
Dans la soirée du même jour, le directeur de l’administration pénitentiaire s’est rendu à la Maca muni cette fois de trois autorisations de transfèrement administratif émanant du Garde des sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’homme daté du même jour concernant les inculpés KAMARATE Souleymane, TRAORE Babou et Alain LOBOGNON qui ont été transféré nuitamment à Toumodi pour les deux premiers et à Grand-Bassam pour le troisième.
Le jeudi 09 janvier 2020, le directeur de l’administration pénitentiaire s’est, de nouveau, présenté à la MACA muni d’autorisations de transfèrement administratifs de Messieurs CAMARA Loukimane, KONE Théfour, KANDO Soumahoro et YAO Soumahila qui ont été conduits nuitamment à Tiassalé pour les deux premiers et à Dabou pour les deux autres.
Le vendredi 10 janvier 2020, le directeur de l’administration pénitentiaire s’est encore rendu à la MACA pour faire transférer Messieurs SORO Yedjossigué Simon Adzopé, Sékongo Félicien à Divo, toujours en exécution d’autorisations de transfèrement émanant du garde des sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’Homme.
Toutes ces décisions de transfèrement, selon le ministre ont été prises pour des raisons de surpeuplement de la MACA et de sérieuses menaces sécuritaires que feraient peser la détention de ces inculpés sur ledit établissement.
Le collectif des avocats note que ces motifs ne sont nullement fondés.
En effet, le surpeuplement de la MACA n’est pas un fait nouveau et aurait pu trouver une solution logique dans le déplacement de personnes définitivement condamnées. De plus, la MACA est de loin l’établissement pénitentiaire le plus sécurisé de la Côte d’Ivoire en raison d’une forte présence des forces de défense et de sécurité à Abidjan.
En réalité, les transfèrements opérés sont totalement arbitraires et ne visent qu’à saper le moral des détenus. Ces transfèrements entraineront surtout un alourdissement inutile de la procédure d’instruction judiciaire ouverte à leur encontre à Abidjan et retarderont l’éclatement de la vérité.
Par ailleurs, le collectif des avocats constate qu’à l’occasion de cette affaire, des personnes proches des mis en cause ont été arrêtées et conduites vers des destinations inconnues.
Il s’agit de Dr KONE Dahafolo qui, pour avoir assisté à la perquisition effectuée au domicile de Maître Affoussiata Bamba-Lamine, le vendredi 27 décembre 2019, en qualité de fondé de pouvoir désigné par celle-ci, a été interpellé le même jour, aux environs de 23 heures par les éléments de la Gendarmerie nationale ayant procédé à la perquisition. A ce jour, les avocats et les membres de sa famille sont sans nouvelles de l’intéressé.
Ce fut également le cas de Monsieur SORO Porlo Rigobert, commissaire de police, frère cadet de Monsieur SORO Kigbafori Guillaume, qui a été porté disparu depuis le 30 décembre 2019 jusqu’à sa réapparition ce vendredi 10 janvier 2020 lorsqu’il a été présenté au procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan.
Le collectif des avocats rappelle que toute personne interpellée en Cote d’ivoire doit être déferrée au parquet dans un délai de 48 heures si elle n’a pas été relâchée dans l’intervalle et doit bénéficier de l’assistance de son avocat.
Or cela fait aujourd’hui 15 jours que Dr KONE Dahafolo est détenu au secret.
Il en a été de même de Monsieur SORO Porlo Rigobert qui a été détenu au secret pendant plus de 10 jours.
En outre, le collectif des avocats constate qu’en violation de la loi des perquisitions sont effectuées aux domiciles des inculpés sans que ceux-ci n’en soient informés et que des arrestations arbitraires continuent de se faire nuitamment par des individus encagoulés comme ce fut le cas de Monsieur NDRIN Stéphane, parent de Monsieur Alain Ahiman LOBOGNON qui de retour de la MACA ou il avait assisté au transfert administratif de son frère, a été poursuivi et violement arrêté vers minuit le 8 janvier 2020 par des éléments encagoulés. Il a été encagoulé lui-même puis enchainé toute la nuit avant d’être déposé le lendemain à 09 heures à la préfecture de Police d’Abidjan.
Le collectif des avocats élève la plus vive protestation contre ces détentions extra-judiciaires et condamne les violations intolérables des droits élémentaires des personnes poursuivies qui bénéficient de la présomption d’innocence.
Fait à Abidjan, le 10 janvier 2020
Pour le collectif des avocats :
Me DIALLO Souleymane
Me DIARRASSOUBA Mamadou Lamine
Me DAGBO Pierre
Me SUY BI Gooré Emile
Me Drissa TRAORE
Me SORO Brahima
Me GOHI BI Raoul
Me CALIXTE Esmel
Me BOHOUSSOU Stéphane