Georges-Armand Ouégnin (EDS): «La Côte d’Ivoire peut vaincre le signe indien des violences postélectorales meurtrières»
CONFERENCE DE PRESSE COMMUNE DE ENSEMBLE POUR LA DEMOCRATIE ET LA SOUVERAINETE (EDS) ET LE PARTI DEMOCRATIQUE DE COTE D’IVOIRE (PDCI-RDA)
Abidjan le 09 janvier 2020
DECLARATION LIMINAIRE
Mesdames et messieurs les journalistes,
Mesdames et messieurs les professionnels de la communication et des medias en ligne,
Merci d’avoir accepté de répondre à notre invitation.
Ceci est une conférence de presse conjointe de la plateforme politique Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté(EDS) dont le référent politique est le président Laurent Gbagbo, président du Front Populaire Ivoirien (FPI) et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) présidé par le président Henri Konan Bédié.
Je voudrais vous adresser nos vœux de bonne année au nom des présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo et au nom de nos deux entités respectives.
La présente conférence de presse a pour objet de partager avec vous notre réaction au sortir de la séance de travail que nous avons eue, hier, jeudi 08 janvier 2020, avec le gouvernement Ivoirien, dans le cadre de la reprise du dialogue politique.
Mesdames et messieurs,
La question de la réforme du cadre institutionnel et juridique qui régit les élections en Côte d’Ivoire nous préoccupe fortement.
En effet, depuis le 18 novembre 2016,sur plainte de l’ONG Action pour la Protection des Droits Humains (APDH),la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples(CADHP) a rendu un arrêt dans lequel elle ordonne à l’Etat de Côte d’Ivoire de modifier la loi de 2014 portant organisation, composition, attributions et fonctionnement de la Commission Electorale Indépendante(CEI),pour la rendre conforme aux instruments internationaux auxquels il est partie.
Compte tenu du contexte politique marqué par le manque de confiance entre les différents acteurs, l’opposition politique et des organisations de la société civile appellent, depuis des années, à un large débat national, le plus ouvert et le plus inclusif possible, en vue de doter notre pays d’un organe électoral consensuel, réellement indépendant et impartial, capable d’organiser des élections véritablement démocratiques.
Ainsi le 21 janvier 2020, sous la pression combinée des partis de l’opposition, de la société civile et de la communauté internationale, le Gouvernement Ivoirien va enfin consentir à ouvrir les discussions sur la réforme de la CEI.
Toutefois, pendant que nous nous sommes employés à démontrer l’intérêt pour notre pays, d’une concertation, la plus inclusive possible sur la question de la réforme de la CEI et du cadre juridique et institutionnel des élections, le Gouvernement, indiquant avoir déjà créé un cadre restreint de concertation avec la société civile, a proposé un cadre similaire, mais de haut niveau avec les partis politiques. Par la suite, suivrait la concertation tripartite, pouvoir, partis politiques et organisations de la société civile.
Dans un souci de donner plus de chance au dialogue, nous avons marqué notre accord pour le principe d’un cadre restreint de concertation, qui constituait une solution médiane.
Aussi dans le souci de créer un cadre de discussions sereines et constructives, nous avons demandé que nous soit préalablement transmis un document de Termes de référence(TDR) du cadre restreint de concertation. Cette proposition avait pour but de nous permettre de mieux préparer les rencontres car nous saurions, à l’avance, les sujets de discussions, la méthodologie de travail, la liste des participants et les résultats attendus. Le Gouvernement s’est engagé à nous faire parvenir ce document avant les prochaines rencontres.
Malheureusement, ce document ne nous a jamais été transmis, et à notre grande surprise, comme si de rien n’était, le ministère de l’Intérieur nous invitait à la deuxième rencontre du cadre restreint.
Nous notons aussi que le Gouvernement, faisant fi de nos interpellations, nous excluant d’office des discussions, a fait voter et promulguer la loi sur la composition de la CEI.
En insistant sur la tenue d’une large concertation inclusive, nous avons à cœur de doter la Côte d’Ivoire d’un organe électoral consensuel qui s’appuie sur un cadre juridique et institutionnel tout aussi consensuel afin de sortir définitivement du cycle infernal d’élections tumultueuses.
Nous étions toujours en train d’interpeller le gouvernement sur les dangers qu’il faisait courir à la Côte d’Ivoire en ne respectant pas les injonctions de la CADHP et en ne tenant pas compte des remarques, interpellations et suggestions de l’opposition significative que nous incarnons, de la société civile et de la population, lorsqu’à l’issue du conseil des ministres du 25 septembre 2019,à Dimbokro, le Gouvernement Ivoirien a rendu publique la composition de la CEI.
L ‘analyse de cette composition nous donne de constater que sur 15 membres, le pouvoir RHDP s’arroge pratiquement 11 membres.
Et comble d’ironie, l’actuel président de cette CEI confligène, fraichement démissionnaire du secrétariat général du Conseil constitutionnel, est tout simplement le « bras droit » du président du Conseil constitutionnel qui est lui-même un ami intime du chef de l’Etat.
Quel crédit pouvons-nous donc accorder à un tel organe qui est complètement inféodé au pouvoir ?
Et ce, d’autant plus que même ceux des partis politiques et des organisations de la société civile qui avaient participé à la mise en place de cet organe électoral, la dénoncent aujourd’hui comme étant à la solde du pouvoir et constituant une véritable succursale de ce pouvoir, voire une structure spécialisée du RHDP.
Mesdames et messieurs,
EDS et le PDCI-RDA dénoncent et condamnent, à l’unisson, l’obstination du Gouvernement à vouloir se tailler un organe électoral sur mesure en vue des élections de 2020.
C’est dans ce contexte et cette atmosphère délétère que le 8 janvier 2020, nous avons été appelés par la Direction Générale de l’Administration du Territoire pour nous demander d’aller retirer dans leurs locaux nos courriers. Nous nous sommes exécutés parce que respectueux de l’Administration étatique, mais la lecture des courriers nous a fait comprendre que nous étions conviés à une rencontre à la primature portant sur la reprise du dialogue politique le 9 janvier 2020 à 14h30mn.
Nous continuons de nous poser la question de savoir à quel jeu veut jouer le Gouvernement en nous conviant aux rencontres de cette importance de façon si précipitée et surtout sans prendre la peine de nous faire parvenir nos courriers dans nos différents états-majors respectifs ?
Cependant, soucieux du devenir de nos populations, nous avons fait abstraction de toutes ces entraves et nous nous sommes présentés à la table de discussions avec le Gouvernement.
Il ressort de nos entretiens que le Gouvernement veut ouvrir des discussions sur tous les sujets relatifs à l’organisation des élections. Nous en prenons acte et notre réaction est la suivante :
EDS et le PDCI-RDA récusent avec force et conviction la CEI actuelle qui n’est ni consensuelle ni impartiale ni indépendante.
Un tel organe ne saurait raisonnablement nous conduire à des élections démocratiques, libres, régulières, transparentes et apaisées que l’immense majorité des Ivoiriens appelle de tous ses vœux.
Le PDCI-RDA et EDS réitèrent leur appel à un dialogue politique national inclusif sur la question du cadre général devant régir les élections dans notre pays.
Sur l’ensemble de toutes ces questions liées au processus électoral (CEI, code électoral, découpage électoral, liste électorale, sécurisation du scrutin…), EDS et le PDCI-RDA ont des propositions concrètes à partager avec les autres acteurs du processus électoral, dans la recherche du consensus national sur chacun de ces sujets.
Cette réouverture du dialogue politique est pour nous une grande opportunité pour engager des discussions responsables, franches, sans a priori ni faux fuyants dans l’intérêt supérieur de la nation.
Mesdames et messieurs,
Convaincus que la Côte d’Ivoire peut vaincre le signe indien des violences post-électorales meurtrières, et étant profondément attachés à la démocratie, socle de la stabilité et du développement des Etats modernes, EDS et le PDCI-RDA prennent l’opinion nationale et internationale à témoin quant aux risques que fait peser sur la Côte d’ivoire, la propension au passage en force du Gouvernement qui, chaque jour, semble vouloir enfoncer un peu plus notre pays dans la crise.
C’est pourquoi, nous voulons faire l’économie d’une nouvelle crise post-électorale en souhaitant que les échanges auxquels nous entendons prendre une part active soient réels et que le nouveau code électoral soit véritablement le fruit des propositions de tous les acteurs du processus électoral Ivoirien.
Je vous remercie
Propos lus par Georges-Armand Ouégnin, président EDS