Un parent d’élève à Kandia Camara: « Vous êtes l’unique responsable de cet échec dramatique et vous devriez présenter votre démission… »
Lettre Ouverte à madame Kandia Camara, Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle,
Madame la Ministre,
Depuis le 5 décembre 2019, l’école ivoirienne est secouée par des actes d’extrême violence qui ont entraîné la mort de trois de nos enfants.
A Anyama, un élève de 3e a été éventré. A Daloa, un élève de terminale a été égorgé par d’autres élèves pour avoir voulu s’interposer dans une altercation. A Dimbokro lors d’un affrontement entre élèves et corps habillés, une élève de seconde a été tuée par balle.
Tout ça pour obtenir un départ anticipé en vacances de Noel.
Je viens de vous écouter sur les antennes de la RTI au sujet de l’assassinat de ces trois élèves. J’ai été complètement ahuri, comme dirait l’un de vos collègues du ministère de l’agriculture pour ne pas le nommer.
Vous nous dites et je cite :
« La Côte d’Ivoire est le seul pays où les élèves décident d’anticiper les congés. Nous allons radier tous les élèves à l’origine de ces troubles de tous les établissements scolaires publics et privés. Nous sommes venus prendre l’avis des parents. En fonction de cela, le gouvernement prendra des mesures ».
Madame la Ministre,
Les parents que nous sommes, vous disons que vous avez échoué dans votre mission de gestion de notre éducation nationale. Et pour vous paraphraser, je vous dirai que la Côte d’Ivoire est le seul pays au monde où une ministre de l’éducation nationale, faisant étalage de tant de carences, de tant d’amateurisme et de tant de légèreté à régler des problèmes aussi graves que ceux de l’éducation de nos enfants, est encore en poste et n’a toujours pas présenté sa demission ni été démise de ses fonctions.
La solution à ce grave malaise dans l’éducation nationale n’est pas la radiation de nos enfants.
Celui qui ferme une porte d’école, ouvre une prison, pour paraphraser Victor Hugo dans le sens inverse de sa citation.
La solution n’est pas la fermeté ou la chicotte. La solution n’est pas la gendarmerie ou la police.
Notre école doit être placée sous le sceau de l’excellence. Elle doit donner envie. On ne devrait pas contraindre un enfant à aller à l’école. Il faut appliquer une meilleure politique afin d’amener l’élève à aimer l’école. Il faut le sensibiliser sans relâche afin de l’amener à respecter son calendrier scolaire. Il faudrait reparler, dès les petites classes, d’éducation civique, d’honnêteté, de mérite, de courage, d’amour du prochain et de refus de la violence.
Il faut tenir l’armée loin des établissements scolaire. Notre système éducatif est dirigé par des gens qui n’ont jamais goûté à nos réalités socioculturelles, alors pourquoi sommes nous surpris ?
Nous devons sensibiliser, accompagner psychologiquement nos enfants et surtout être patients car les dégâts étant profonds, la remise en l’état prendra du temps.
Dans le programme de gouvernement du parti dont je suis issu, le PDCI-RDA, nous indiquerons aux ivoiriens comment gérer l’école, madame la Ministre.
Madame la Ministre,
Nous sommes obligés de faire l’amère constat que vous avez été incapable d’anticiper un fléau qui se répète chaque année et qui a, par votre défaillance, causé la mort de 3 adolescents. Cela aurait pu, ou cela aurait du être évité si vous aviez fait preuve d’ingéniosité et de méthode.
Vous êtes l’unique responsable de cet échec dramatique et vous devriez présenter votre démission…
Les juges doivent faire leur travail sans émotion en prenant soin d’identifier la responsabilité pénale de chacun des élèves qui seront traduits devant eux.
Nul n’est besoin de masquer vos multiples défaillances par des condamnations généralisées et arbitraires prononcées dans l’émotion à travers des déclarations tape-à-l’œil.
Esperant que cette lettre vous parviendra et qu’elle vous fera prendre conscience de la gravité de la situation pour qu’enfin vous puissiez prendre les décisions idoines face à ce grave problème,
Je vous prie d’agréer, madame la Ministre, l’expression de mes salutations distinguées.
Jean-Yves ESSO ESSIS
Parent d’élève.
Militant du PDCI
Cadre Dynamique du PDCI-RDA