VIOLENCES FAITES AUX FEMMES DANS LE DISTRICT D’ABIDJAN

L’Organisation des Citoyennes pour la Promotion, la Défense des Droits des Enfants, Femmes et Minorités (CPDEFM), en collaboration avec la Fondation de l’Innovation pour la Démocratie, a mené en 2024 une enquête approfondie sur les violences faites aux femmes dans le District d’Abidjan. Réalisée auprès de 2 912 personnes (1 758 femmes et 1 154 hommes) dans les 13 communes du district, cette étude met en lumière des réalités préoccupantes.

L’enquête révèle que la majorité des femmes et des filles perçoivent les espaces publics comme dangereux. Les lieux les plus à risque sont les marchés (70 %), les rues (56 %) et les écoles (25 %).

Les résultats montrent une forte prévalence des violences, avec une fréquence plus élevée chez les femmes :

  • Harcèlement sexuel : 43,13 % des femmes déclarent en avoir été victimes, contre 29,59 % des hommes.
  • Violences physiques : 60,43 % des femmes ont subi des agressions physiques, contre 38,63 % des hommes. La fréquence de ces violences est particulièrement alarmante chez les femmes, atteignant 81,94 %.
  • Cyberviolences : 60,34 % des femmes ont été exposées à la divulgation de photos intimes sur les réseaux sociaux.
  • Exclusion des espaces publics : 42,80 % des femmes se sont vu interdire l’accès à certains lieux.

L’étude révèle que 70,43 % des violences sont perpétrées par des hommes. Par ailleurs, les normes socioculturelles influencent la perception et la dénonciation des violences : les femmes chrétiennes expriment plus facilement les abus subis que celles d’autres confessions.

L’étude met en évidence des résistances à la participation des femmes à la vie politique et aux postes de responsabilité :

  • 79,92 % des hommes estiment que les postes de pouvoir leur sont réservés.
  • 66,67 % pensent que la politique n’est pas faite pour les femmes.
  • 42,86 % des femmes elles-mêmes considèrent que leurs congénères abusent du pouvoir lorsqu’elles occupent des postes à responsabilité.

L’étude souligne la faiblesse des dispositifs étatiques de prise en charge des victimes, ainsi qu’un manque de connaissance des outils juridiques existants au sein de la population.

Face à ces constats, l’étude recommande des actions urgentes à l’attention des pouvoirs publics, des ONG et des partenaires techniques et financiers pour lutter efficacement contre ces violences. Il s’agit notamment de :

  • Renforcer la sécurité dans les espaces publics.
  • Sensibiliser et former la population sur les droits des femmes et les recours juridiques existants.
  • Encourager l’implication des forces de sécurité et de la société civile dans la lutte contre les violences.
  • Améliorer la représentativité des femmes dans les instances de décision.

Ces conclusions, issues du Programme Gender and GBV Studies Laboratory (GSL), mettent en évidence l’urgence d’une action concertée pour garantir aux femmes et aux filles un environnement plus sûr et équitable à Abidjan.

Valerie BOUASSAT