l’automne 1894, Antoine Lumière, industriel franc-comtois spécialisé dans la fabrication de matériel photographique, passionné par le progrès des inventions dans le domaine des images, encourage ses deux fils Louis (1864-1948) et Auguste (1862-1954) à porter les découvertes de leurs prédécesseurs à leur point de perfection par l’invention d’une machine qui permette à la fois la prise de vue, l’enregistrement et la projection d’images en mouvement.
En effet, si dans les années 1890 le cinéma projeté sur grand écran n’existe pas encore, le principe de l’enregistrement photographique du mouvement, l’illusion de sa reproduction, tout comme la projection sur un écran d’images animées ont déjà été pressentis et réalisés, notamment par Thomas Edison.
Arrêter l’image pour la faire bouger
Le principe d’invention du « cinématographe » alors mis au point par les frères Lumière – une simple caméra capable de prendre la vie sur le vif et de la projeter à son tour – est décrit dans le brevet qu’ils déposent le 13 février 1895. Arrêter l’image pour la faire bouger, tel est paradoxalement le « caractère essentiel » du mécanisme de cet appareil : « agir par intermittence sur un ruban régulièrement perforé de manière à lui imprimer des déplacements successifs séparés par des temps de repos pendant lesquels s’opère soit l’impression, soit la vision des épreuves ».
Le 22 mars 1895, a lieu la première démonstration du cinématographe Lumière, devant un cercle restreint de professionnels, à la Société nationale d’encouragement pour l’industrie nationale, à Paris. Projetée sur un grand écran devant un public de photographes et de journalistes, la première « vue » (ainsi sont appelés les premiers films) est un film d’une minute, Sortie d’usine. Pour la première fois, toute une assemblée peut partager le même film.
Trente-trois spectateurs pour la première séance de cinéma
Les frères Lumière ne s’arrêtent pas à cette prouesse technique. Le 28 décembre 1895, au Salon indien du Grand café de Paris du boulevard des Capucines, a lieu la première séance publique et payante du cinématographe Lumière. Dix « vues » sont alors projetées pendant cette soirée emblématique du commencement de l’ère du cinéma : La Sortie de l’Usine Lumière à Lyon, La Voltige, La Pêche aux poissons rouges, Le Débarquement du Congrès de Photographie à Lyon, Les Forgerons, Le Jardinier (l’arroseur arrosé), Le Repas (de bébé), Le Saut à la couverture, La Place des Cordeliers à Lyon, La Mer (Baignade en mer).
Cette première projection publique et payante ne compte d’abord que 33 spectateurs. Mais les séances d’une vingtaine de minutes chacune se multiplient. Quelques semaines plus tard, le Salon indien accueille jusqu’à 2 500 spectateurs par jour.
Sélection de PRISS H.