Côte d’Ivoire: La ‘’guerre’’ des USA contre la Chine et la Russie en terre ivoirienne…524 millions $ pour Patrick Achi et une base pour les drones américains

Côte d’Ivoire: La ‘’guerre’’ des USA contre la Chine et la Russie en terre ivoirienne…524 millions $ pour Patrick Achi et une base pour les drones américains

Alors que le ministre de la défense Hamed Bakayoko est l’invité d’honneur du Forum de la paix et de la sécurité Chine-Afrique et que le président Alassane Ouattara prépare un voyage à Moscou à l’invitation de Vladimir Poutine ( LC 804), l’administration Trump effectue un retour en force à Abidjan. Pour ne pas perdre ses positions en Côte d’Ivoire, la Maison blanche utilise ses habituels leviers d’influence en Afrique : la coopération militaire bilatérale et les crédits à l’investissement.
Une base pour les drones américains. Pendant que l’US Navy mène, à bord du catamaran à grande vitesse Carson City, un plan de formation accéléré de la marine ivoirienne au large d’Abidjan, d’autres programmes militaires, plus substantiels, sont en négociations à la présidence ivoirienne.
Le commandement militaire américain en Afrique (Africom) souhaite implanter en Côte d’Ivoire une base aérienne capable d’accueillir des drones de surveillance et aussi des drones armés. L’Africom s’apprête à inaugurer, avec trois ans de retard sur le calendrier initial, sa principale base aérienne ouest-africaine à Agadez ( LC n°802) et souhaite rayonner dans la sous-région, à mesure que la menace djihadiste se déplace vers le sud ( LC n°802). Coïncidence, le futur ambassadeur américain en Côte d’Ivoire, qui devrait être confirmé par le Sénat cet été, est un spécialiste des questions sécuritaires. Richard K. Bell a été, pendant trois ans, le conseiller « affaires étrangères » de l’Africom. Auparavant, il a piloté la reconstruction dans la province irakienne de Salahaddin après l’intervention américaine de 2003. Richard K. Bell sera le premier ambassadeur américain depuis six ans : depuis 2013, l’ambassade des Etats-Unis à Abidjan n’est gérée que par des chargés d’affaires.
524 millions $ pour Patrick Achi. Le 5 août, après trois années de négociations serrées, la Côte d’Ivoire recevra un don substantiel du Millennium Challenge Corp (MCC). Cette agence de développement, mise en place sous George W. Bush, a la particularité de confier la gestion de ses contributions aux pays bénéficiaires eux-mêmes. A ce titre, la Côte d’Ivoire va hériter d’une enveloppe de 524,7 millions $ qui sera gérée localement par un organisme créé pour la circonstance. Les négociations ont été menées par le secrétaire général et homme de confiance d’Alassane Ouattara, Patrick Achi.
L’entrée de la Côte d’ivoire dans le MCC a été validée en novembre 2017 au terme de pourparlers conduits par l’ex-secrétaire général adjoint de la présidence, Thierry Tanoh, lui-même issu de la Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale. A la présidence, Tanoh a longtemps géré la relation avec les Etats-Unis et les institutions financières internationales dont il est issu, avant de quitter le gouvernement en décembre 2018. Il a rejoint son parrain, Henri Konan Bédié, et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).
Diplomatie privée. Pour être élue par le MCC, la présidence ivoirienne a également mobilisé son inamovible lobbyiste américain, le cabinet Jefferson Waterman ( LC 765). Payé 1,4 million $ pour la seule année 2018 (482 000 $ le 28 septembre et 985 000 $ le 7 juillet), le cabinet a d’abord été le lobbyiste personnel d’Alassane Ouattara auprès de la Maison blanche. Lorsque celui-ci a été intronisé président en 2011, Jefferson Waterman est devenu le relais officiel du pays aux Etats-Unis. La firme, qui emploie pas moins de deux anciens ambassadeurs à Abidjan – Lannon Walker et Philip Carter III – est également le lobbyiste du Ghana, avec lequel la Côte d’Ivoire tente de mettre en place un cartel du cacao. Jefferson Waterman intervient également pour le compte de l’Union des forces démocratiques de Guinée, le parti de Cellou Dalein Diallo qui a les discrètes faveurs de l’administration Ouattara, qu’une sourde rivalité oppose au président guinéen Alpha Condé.
LA LETTRE DU CONTINENT N°805 DU MERCREDI 24 JUILLET 2019

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