CEI/Pr Maurice Kakou Guikahué (Pdci) dénonce un délit d’initié et affirme: «Pourquoi Coulibaly Kuibiert est disqualifié. On ne peut pas organiser un dialogue politique sans le Pdci»… les raisons

CEI/Pr Maurice Kakou Guikahué (Pdci) dénonce un délit d’initié et affirme: «Pourquoi Coulibaly Kuibiert est disqualifié. On ne peut pas organiser un dialogue politique sans le Pdci»… les raisons

CEI. Délit d’initié entre Koné Mamadou, président du Conseil constitutionnel qui valide les élections et Coulibaly Kuibiert Ibrahime, président de la CEI qui organise ces élections. La question de la mise en place d’une Commission électorale indépendante (Cei), impartiale et équilibrée reste entière et toujours d’actualité. Vendredi 29 novembre, Pr Maurice Kakou Guikahué, Secrétaire exécutif en chef du Pdci et Secrétaire permanent de la Cdrp, a expliqué à la presse la démarche de son parti quant au dialogue politique, au dialogue pour la réforme de la CEI et a révélé les raisons profondes pour lesquelles le Pdci-Rda récuse l’actuel président de la CEI, Coulibaly Kuibiert Ibrahime.

Monsieur le Secrétaire exécutif, nous avons lu dans la presse, que des voix s’élèvent pour affirmer que le président de la Cei, Coulibaly Kuibiert Ibrahime est disqualifié pour occuper ce poste. Une position que votre parti, le Pdci-Rda soutient. Qu’est ce qui justifie ce jugement ?
La raison fondamentale, c’est le non-respect de l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples qui a demandé la modification de la loi et le gouvernement s’est contenté de parler de la recomposition. Une recomposition faite de la plus mauvaise manière parce qu’elle est déséquilibrée. D’abord, parce qu’il y a le représentant du président de la République qui est en même temps président du Rhdp, le représentant du ministre de l’Intérieur qui est en même temps membre du comité politique du Rhdp, madame Lagou Henriette qui est Rhdp, on l’a fait passer pour une militante de l’opposition, alors qu’elle a dit au monde entier qu’elle était Rhdp. Ensuite au niveau local, il n’y a pas de présence de la société civile. Donc, voilà ce qui nous permet de récuser la Cei déjà. Elle n’est pas bonne, elle n’est pas indépendante, elle n’est pas impartiale, elle n’est pas neutre, elle ne peut pas organiser des élections justes, transparentes et crédibles en 2020. Mais en plus de cela, c’est aggravé par le choix du président actuel de la Cei qui est complètement disqualifié. C’est un délit d’initié et je vais vous démontrer pourquoi.
Quand la loi a été votée à la majorité des députés du Rhdp, nous, nous avions voté contre avec 84 voix. Quand la loi est passée aussi au Senat, il fallait la promulguer et avant sa promulgation, nous avons fait un recours en annulation au Conseil constitutionnel, comme cela est de mise. Et le Conseil constitutionnel a reçu notre dossier. Notre dossier a été reçu par le secrétaire général du Conseil constitutionnel, ensuite le conseil s’est réuni et a fait une expédition d’abord. L’expédition : décision no CI 2019-005/ Dcce/05-08/ cc/ sg, (ça veut dire secrétaire général) du 05 aout 2019 relative à la requête de monsieur Konan Koffi Marius, député à l’Assemblée nationale. Il agissait en notre nom à tous. Et cette expédition a rejeté notre requête. Nous avons été déboutés et voici le signataire : il s’appelle Coulibaly Kuibiert Ibrahime, secrétaire général du Conseil constitutionnel. Ensuite, il nous avait reproché un certain nombre de choses, nous avons réintroduit une requête le lendemain. Ils ont pris une deuxième expédition : no CI 2019-006/ Ddc/ 13-08/ CCC : SG (c’est-à-dire secrétaire général) du 13 Aout 2019 (Ndlr, il présente le document aux journalistes) relative à la requête de monsieur Konan Koffi Marius, député à l’Assemblée nationale et 65 autres députés, signé encore, monsieur Coulibaly Kuibiert Ibrahime. Ça veut dire quoi? Il est le juge et partie des élections. Il est le secrétaire général du Conseil constitutionnel. Mais pour la petite histoire, quand le président actuel du Conseil constitutionnel a été nommé ministre de la justice, il l’a appelé comme son directeur de cabinet. Quand il est devenu président de la Cour suprême, il est parti avec M Kuibiert comme secrétaire général de la Cour suprême. Quand il a été nommé président du Conseil constitutionnel, il est parti avec M Kuibiert comme secrétaire général du Conseil constitutionnel. Jusqu’à ce qu’il y ait le différend sur la Cei. En tant que secrétaire général, c’est lui qui authentifiait les actes. Donc, il a signé les deux actes que je viens de vous présenter. Un mois plus tard, il se retrouve président de la Cei. Donc, c’est juge et partie. Je vous remets ce document pour informer le monde entier qu’il y a délit d’initié. Que va-t-il se passer ? Lui Kuibiert, il va proclamer les résultats et Coulibaly Mamadou qui est président du Conseil constitutionnel va valider les résultats. Il y a délit d’initiés. Donc M Coulibaly Kuibiert Ibrahime est disqualifié pour être président de la Commission électorale indépendante et cela ajoute encore au fait que le pouvoir actuel prend des dispositions pour une fraude massive et ils sont en plein dans la tricherie. Là, il y a un délit d’initié. (Cliquez sur le lien suivant pour voir le document Conseil constitutionnel contre Konan Marius)

CONSEIL CONSTITUTIONNNEL CONTRE KONAN MARIUS

Vous avez plus ou moins boycotté les discussions sur la Cei avant que M Kuibiert soit élu président par les autres. Est-ce qu’on peut savoir pourquoi et quelle était votre démarche ?
Le Premier ministre nous a appelés. Nous avons discuté et à la deuxième réunion, nous avons dit qu’il faut un cadre de discussions pour voir les thèmes qu’on discute et ensuite comment on valide nos décisions. Parce qu’on peut discuter et chacun à la sortie peut dire ce qu’il pense. Donc, il faut un cadre de validation. La preuve, ceux qui ont continué après nous sont en train de crier sur tous les toits qu’on les a trompés et que ce n’est pas ce qu’ils ont discuté qui se retrouve dans la loi. Donc, on n’a pas eu tort. Mais ce que je voulais dire, c’est qu’en démocratie, la valeur des partis politiques est mesurée par le nombre d’élus. Et c’est la raison pour laquelle, le Rhdp s’échine aujourd’hui à dépenser plein d’argent pour acheter des élus. Ils nous ont racheté 20 députés, mais pour quelle raison ? Pour montrer qu’ils sont majoritaires parce qu’ils ont le maximum d’élus. Donc on voit le poids d’un parti politique par ses élus. Et la démocratie, c’est une épreuve de forces en présence. Et en Côte d’Ivoire, vous ne pouvez pas faire un dialogue politique sans le Pdci-Rda. Aujourd’hui, le Pdci-Rda est dans l’opposition, c’est le leader de l’opposition et le leader de l’opposition s’appelle Henri Konan Bédié. Parce que le Pdci-Rda, après le rachat de beaucoup de ses élus qui n’ont pas pu être solides, a aujourd’hui 67 députés sur 252, le Pdci-Rda a 50 maires malgré les 15 qui ont été rachetés ou bien qui ont été braqués, le Pdci a 6 régions et 18 sénateurs. C’est la première force politique. Donc dans un pays que vous dirigez, s’il n’y a pas un parti d’une telle envergure à votre réunion, c’est que la réunion est nulle. Je respecte tous les partis politiques, mais je parle du dialogue politique. Ceux avec qui le Rhdp a discuté, c’est nul, ça n’a aucune valeur parce qu’ils ne sont même pas représentés à l’Assemblée nationale à part Affi N’guessan qui a trois députés. Mais le Pdci absent des discussions sur la Cei, c’est que les discussions n’ont pas eues lieu.

Etes-vous optimiste que les choses peuvent avancer ?
Ce n’est pas une affaire d’optimisme.

La Cei fonctionne ?
Non, la Cei ne fonctionne pas. Depuis, la Cei est incapable de mettre en place les commissions locales, parce que le Pdci n’y est pas. On a dit qu’il y a 3 de l’opposition, 3 du Rhdp. Quand Affi N’guessan va nommer un, il reste deux places. Même si on les donne à Lagou Henriette, elle n’est pas capable de nommer des gens sur toute l’étendue du territoire national. Donc, il restera 2 places vacantes. Il n’y a que le Fpi de Gbagbo et le Pdci-Rda qui peuvent avoir autant de monde que de Cei sur le terrain. Donc, actuellement, la Cei est bloquée, ils ne peuvent pas nommer les commissions locales. Voici la réalité du terrain. Ils peuvent prendre peut-être des gens du Rhdp pour les transformer en militants de l’opposition, mais ça encore c’est la malhonnêteté, c’est la tricherie, c’est la fraude. Les choses ne peuvent pas avancer.

Les choses vont donc évoluer dans le sens que vous souhaitez ?
Je ne sais pas mais, c’est la réalité et c’est la logique si on veut une Cei consensuelle avec une participation de tous, il faut qu’on revienne à la table de négociation et qu’on discute, mais avec la présence du Pdci, quoiqu’on dise, qui est un poids et le président Bédié, président de la Cdrp disait : «le pouvoir doit se résoudre à reconnaitre la réalité qu’en face, il y a une force».

Avez-vous des nouvelles en provenance de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples où le Pdci a déposé un recours jugé recevable ?
Très bientôt vous aurez des nouvelles.

Voulez-vous que le processus soit repris à zéro ?
Non, il faut ouvrir le dialogue pour avancer sinon la Cei est bloquée, contrairement à ce que les gens vous disent. La Cei est bloquée d’autant plus que sur le terrain, il n’y a pas le personnel. Ils peuvent mettre qui ils veulent, mais c’est en trichant. Il n’y aura pas les gens de l’opposition. On démontre que c’est un délit d’initié. Le monde entier doit savoir que le président de la Cei, n’est pas crédible, il n’est pas indépendant. Voilà, c’est ce que nous on veut démontrer et qu’il est l’obligé du président du Conseil constitutionnel qui lui-même très proche du président de la République.

Quelles propositions faites-vous pour que la situation s’arrange ?
Quand la discussion s’ouvrira, on fera nos propositions.
Propos recueillis par GT, PK et DS.

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