Pêche en zone interdite : Le chalutier ivoirien «Bonheur» interpellé au Libéria… Une amende de plus de 22 millions de Francs Cfa

Pêche en zone interdite : Le chalutier ivoirien «Bonheur» interpellé au Libéria… Une amende de plus de 22 millions de Francs Cfa

Le bateau du plus gros armement à la petite pêche (chalutiers et sardiniers) de Côte d’Ivoire a vu l’un de ses bâtiments arrêtés par les autorités libériennes en novembre dernier.
Le navire « Bonheur » de l’armement à capitaux chinois Fada, battant pavillon ivoirien, a connu une mésaventure dans les eaux libériennes le 7 novembre dernier. Une nouvelle qui est parvenue jusqu’aux grandes oreilles de L’Éléphant. Lors d’une patrouille des garde-côtes libériens près de la frontière ivoirienne, ces derniers se sont rendu compte que le navire de Fada pêchait dans la zone des six mille interdite à la pêche industrielle dans le pays.
Selon la version de Sea Shepherd, l’Ong américaine qui fournit aux autorités libériennes un navire de surveillance, le « Sam Simon », et un équipage pour le manœuvrer, le chalutier aurait tenté de fuir et de cacher son identité en couvrant son nom, à l’aide de filets, sur le flanc de sa coque. Ainsi les pêcheurs artisanaux, dont c’est la zone de pêche, ne pouvaient le signaler aux autorités.
L’Ong est en partenariat avec le ministère de la Défense libérien pour une opération intitulé Sola Stella III. Le chalutier a été interpellé lors de celle-ci. Dans un communiqué faisant état de l’arrestation, Sea Shepherd rappelle que la zone des 6 milles sert à protéger le mode de vie des pêcheurs artisanaux et que 33 000 Libériens ont leurs revenus qui dépendent de l’activité. Sa création « a permis une augmentation sensible des populations de poissons au large des côtes », assure le même communiqué.

Une amende de plus de 22 millions de Francs Cfa
L’opération s’est déroulée aux alentours de trois heures du matin, à l’aide de vedettes et du navire de patrouille le « Sam Simon ».
Au vu des éléments auxquels le pachyderme a pu avoir accès, seuls les membres chinois aux postes les plus importants sur navire seraient au courant de la position du navire à tout moment dans l’océan, en particulier le capitaine. Ces derniers auraient prétexté un accident pour se retrouver dans la zone interdite. Un appât auquel n’ont pas mordu les autorités libériennes.
Selon plusieurs sources au port de pêche, la pratique de cet armement serait courante. D’autres navires de Fada étaient dans la même zone et auraient fui pour éviter un abordage.
Plus largement, selon Peter Hammarsted, directeur des campagnes de Sea Shepherd dans le communiqué de l’ONG : « Certains navires de pêche industrielle étrangers considèrent ces zones côtières comme des tirelires qu’ils peuvent fracasser avec leur matériel industriel ».
La cargaison de poisson a été confisquée et les membres d’équipages ont été cantonnés sur le bateau, à Monrovia, « au nuage », c’est-à-dire à l’entrée du port.
Au bout de 25 jours passés sur le chalutier, l’armement a dû « s’acquitter d’une amende de 40 000 dollars américains » explique Peter Hammarstedt, soit environ 22 millions de Francs Cfa.
Interrogé sur cet épisode, un représentant rencontré au siège social de Fada à Attécoubé, quartier Mossikro, a une réponse pour le moins étonnante : « Le bateau « Bonheur » n’appartient pas à notre armement. Il appartient à Chinica fish import ». À la question de savoir où se trouve le siège de cet armement, le représentant répond : « Je ne sais pas ».
Et pour cause, malgré ses nombreuses recherches, le pachyderme, que le nom de la société de pêche avait fait tiquer, n’a trouvé aucune trace de l’existence de celui-ci. L’Eléphant a également pu vérifier que le bateau « Bonheur » appartient bien à l’armement Fada. En flagrant délit de mensonge.

DORIAN CABROL

Note : L’armement Fada, plus gros opérateur à la petite pêche, possède 10 navires de pêche battant pavillon ivoirien, 7 chalutiers et trois sardiniers. Trois bateaux supplémentaires devraient bientôt opérer sur le littoral ivoirien.

Source: L’ELEPHANT DECHAINE 630

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