Côte d’Ivoire-Le ministère de l’Enseignement supérieur dans la tourmente, les agents sur le pied de guerre: Mabri Toikeusse à l’épreuve de la parole donnée
26 novembre 2018, coup de tonnerre au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ! Et pour cause, conviés par leur Ministre de tutelle à un atelier d’optimisation des ressources financières en vue d’instaurer des primes trimestrielles d’activités au profit des agents, les Directeurs Généraux et Centraux ont eu l’outrecuidance de briller par leur absence. Une inacceptable insubordination qui a mis Mabri Toikeusse dans tous ses états ! Au cours d’une réunion de crise, le Ministre n’a pas hésité à taper du poing sur la table pour dénoncer l’attitude irrévérencieuse de ses collaborateurs qui tentent de s’accrocher désespérément aux ressources financières générées au sein de leurs Directions respectives.
26 décembre 2018, soit un mois jour pour jour après le boycott actif et passif des Directeurs, l’atelier d’optimisation des ressources financières s’est finalement tenu, grâce à la pression du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ; il entendait ainsi affirmer son autorité et laver son honneur bafoué par des subalternes imbus de leur personne, développant manifestement un complexe de supériorité. Le jour J, tout le monde n’avait d’autre choix que de répondre à l’appel de Mabri. Même les plus réfractaires à la vision du Ministre d’améliorer les conditions de vie et de travail des agents étaient présents, certainement à contre-cœur. Dans son discours d’ouverture de l’atelier, le premier responsable du département de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a donné des orientations fermes afin que la question de l’instauration des primes trimestrielles d’activités en faveur des agents soit définitivement réglée. Il ne pouvait en être autrement quand on sait que cette affaire de primes n’a cessé d’empoisonner l’atmosphère au sein de ce Ministère au point où elle a fini par emporter Bakayoko Ly Ramata. Depuis la tenue de l’atelier d’optimisation des ressources financières au pôle scientifique de Bingerville, marqué par l’engagement du Ministre Mabri Toikeusse à signer enfin l’arrêté portant primes trimestrielles au profit des agents, selon un chronogramme bien précis, la machine semble s’être à nouveau enrayée. De sources concordantes, certains individus tapis dans l’ombre seraient à la manœuvre en vue de faire échouer le projet, rien que pour préserver leurs intérêts égoïstes. Face à cette machination qui risque de lui péter à la figure, que dit Mabri Toikeusse ? Est-il oui ou non le capitaine du bateau ? N’est-ce pas lui qui porte la culotte dans ce Ministère ? Sinon, comment comprendre que ses décisions soient à chaque fois contestées, boycottées, voire sabotées par des collaborateurs déloyaux sans que ces derniers ne subissent les foudres du Ministre ? Un Ministre, ça se fait respecter tout de même ! A moins que ce soit une stratégie savamment orchestrée par Mabri en vue de faire porter le chapeau aux autres. Dans un cas comme dans l’autre, l’homme politique qu’il est risque de se tirer une balle dans le pied s’il ne prend pas ses responsabilités. Loin d’être un novice, il est à son sixième Ministère qu’il dirige ; ce qui devrait l’amener à veiller au respect des instructions données, en dépit de toutes formes d’opposition et de résistance rencontrées. Car, un chef, c’est pas un chiffon !
Pour leur part, les agents s’expliquent difficilement tous ces atermoiements de l’autorité de tutelle en qui ils avaient placé tant d’espoir. En effet, huit mois durant, le Syndicat des agents de l’administration centrale (SYAAC) dirigé par Modeste Zoulou s’était abstenu de toute action sur le terrain dans l’optique de permettre au Ministre Mabri Toikeusse de démontrer sa bonne foi, en signant l’arrêté portant primes trimestrielles d’activités. Le personnel administratif et technique se demande si l’atelier du 26 décembre 2018 n’est en fin de compte pas un atelier de plus visant à jeter de la poudre aux yeux des uns et des autres. Comment un Ministère qui dispose d’autant de ressources financières puisse prendre plaisir à laisser ses agents souffrir cruellement de la misère ? Face à cette situation intenable, ils sont sur le pied de guerre et se disent prêts à en découdre. Chaque jour qui passe, leur colère ne fait que s’enflammer. C’est la raison pour laquelle les agents ont décidé d’aller en Assemblée Générale Extraordinaire le mercredi 13 février 2019 en vue d’adopter la conduite à tenir. Selon des indiscrétions, tout porte à croire qu’une grève illimitée sera déclenchée.
Les vieux démons sont-ils de retour au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ? Ne va-t-on pas assister à un retour à la case départ ? Si Mabri Toikeusse est incapable de résoudre pour de bon la question des primes trimestrielles, à quoi donc aura servi le débarquement de Bakayoko Ly Ramata ? Pourquoi ce Ministère qui est l’un des plus riches du Gouvernement n’arrive jusque-là pas à satisfaire seulement 400 agents ? Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique fonctionne-t-il vraiment comme une secte avec des gourous qui tirent les ficelles ? Le Ministre n’est-il pas en fin de compte dépassé par les événements ? N’est-il pas guetté par le syndrome Ly Ramata ? A-t-il conscience de la situation explosive qui prévaut actuellement dans son Ministère, lui qui est absorbé par ses nombreuses activités politiques ? La rupture de confiance entre Mabri Toikeusse et ses agents va-t-elle être consommée ? Va-t-il reprendre les choses en mains en signant enfin ce fameux arrêté ou va-t-il laisser pourrir la situation ? Les soutenances du BTS ne sont-elles pas menacées par l’imminent mouvement d’humeur des agents ? Et les inscriptions aux examens du BTS, ne vont-elles pas connaître elles aussi de graves perturbations ? Les agents ne se font-ils pas du mauvais sang pour rien ? Et si Mabri travaillait dans le secret en vue de faire une surprise agréable au personnel administratif et technique ? En somme, si le Ministre souhaite vraiment la paix définitive dans son département, tout dépend de lui ; ça y est dans sa main, comme dirait l’autre. Que l’homme d’Etat qu’il est sache que l’enjeu est de taille pour lui au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Car, s’il est incapable de régler le problème de seulement 400 personnes, ce ne sont pas les problèmes nationaux de 25 millions d’habitants qu’il pourra résoudre, lui qui aspire à diriger un jour ce pays.
Mariam Bié